Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 1.djvu/216

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rectifier la lecture que M. Pugstyles allait faire des questions convenues. Cela fait, M. Pugstyles entra en matière.

« Question 1re : On demande si vous n’avez pas, monsieur, pris, avant votre élection, l’engagement volontaire que, dans le cas où vous seriez envoyé à la Chambre, vous aboliriez immédiatement l’habitude de tousser et de grogner dans les séances des Communes, et si, au contraire, vous n’avez pas souffert que l’on toussât et que l’on grognât contre votre premier discours, dès le début même de la session, et s’il est vrai que, depuis lors, vous n’avez pas fait le moindre effort pour obtenir une réforme à ce sujet ; si vous ne vous étiez pas aussi engagé à frapper le gouvernement de stupeur et à le mettre dans ses petits souliers. On demande si vous l’avez frappé de stupeur et si vous l’avez mis dans ses petits souliers, oui ou non ?

— Voulez-vous passer à la seconde, mon cher Pugstyles ? dit M. Gregsbury.

— Avez-vous, monsieur, quelque explication à donner sur ce point ? demanda M. Pugstyles.

— Certainement non, » répondit M. Gregsbury.

Les membres de la députation se regardèrent les uns les autres, puis regardèrent M. Gregsbury avec des yeux pleins de courroux. Le cher Pugstyles, après avoir lui-même longtemps fixé les siens sur M. Gregsbury par-dessus ses lunettes, reprit la liste de questions.

« Question 2e : Si vous n’avez pas aussi, monsieur, pris également un engagement volontaire de soutenir votre collègue en toute occasion, et si vous ne l’avez pas, au contraire, avant-hier soir, abandonné, pour voter contre lui, parce que la femme de l’un des chefs du parti contraire avait invité Mme Gregsbury à ses soirées ?

— Continuez, dit M. Gregsbury.

— Vous n’avez rien non plus à répondre à cela, monsieur ? demanda l’orateur.

— Pas la moindre chose, » répondit M. Gregsbury.

La députation, qui ne l’avait jamais vu que dans les assemblées préparatoires ou le jour de l’élection, fut stupéfiée de sa froideur. Elle ne le reconnaissait plus. Quoi ! c’était cet homme tout sucre et tout miel dans les élections, qu’elle voyait aujourd’hui tout fiel et tout vinaigre. Ah ! comme les temps changent les hommes !

« Question 3e et dernière, dit M. Pugstyles, en appuyant sur ces mots : Si vous n’avez pas déclaré, monsieur, sur les Hustings, votre ferme et inflexible résolution de vous opposer à tout