Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 1.djvu/448

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avec soin, la chambre aussi confortable qu’elle pouvait l’être. De la viande dans une assiette, de la bière dans un pot, tout cela placé en ordre sur la table ; le soin et les attentions de Newman Noggs se montraient partout, mais Newman n’y était pas en personne.

« Savez-vous à quelle heure il sera chez lui ? demanda Nicolas en frappant à la porte du voisin de Newman sur le devant.

— Ah ! monsieur Johnson, dit Crowl venant le recevoir, je vous souhaite le bonjour ; comme vous avez bonne mine ! je n’aurais jamais cru…

— Pardon, dit Nicolas l’interrompant, je vous avais fait une question… je suis extrêmement impatient d’en savoir la réponse.

— Mais, répliqua Crowl, il a une affaire qui va le retenir dehors, à son grand regret, au moins jusqu’à minuit ; je peux vous assurer qu’il était bien ennuyé de sortir ; mais il n’y avait pas moyen de faire autrement : en attendant, il m’a chargé de vous dire de ne pas vous gêner ici, de faire comme chez vous et de prendre patience en causant avec moi. Me voici à votre disposition. »

Et dans son extrême empressement à faire tout ce qui était en son pouvoir pour mieux prouver son désir de faire prendre patience aux autres, M. Crowl, en disant cela, approcha sa chaise de la table, et se servant une bonne assiette de bœuf froid, invita Nicolas et Smike à suivre son exemple.

Nicolas était trop contrarié et trop inquiet pour songer à rien prendre. Quand il eut vu Smike installé à table comme il faut, il sortit, malgré les bons conseils que M. Crowl lui prodigua, la bouche pleine, recommandant à son compagnon de retenir Newman dans le cas où il viendrait à rentrer avant lui.

Miss la Creevy ne s’était pas trompée dans ses conjectures : c’est chez elle que Nicolas se rendit tout droit. L’ayant trouvée sortie, il se mit à délibérer un moment avec lui-même s’il irait chez sa mère, au risque de la compromettre avec Ralph Nickleby. Enfin, pleinement convaincu que Newman n’aurait pas tant pressé son retour s’il n’y avait pas des raisons majeures qui réclamassent sa présence à la maison, il se détermina à y aller voir, et se dirigea en toute hâte vers la demeure de sa mère.

Mme Nickleby ne devait pas revenir chez elle, dit la bonne, avant minuit au plus tôt. Pour ce qui est de miss Nickleby, elle croyait qu’elle se portait bien, mais cette demoiselle ne demeurait plus à la maison et n’y venait que très rarement. Elle ne