Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/191

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tres de paroisse, avec signatures authentiques ; la première lettre de la femme avait bien l’air d’avoir été écrite et conservée depuis plusieurs années ; elle concordait exactement, pour l’écriture, avec la seconde, en tenant compte pour celle-ci de ce qu’elle avait été écrite par une personne in extremis ; enfin, il y avait plusieurs autres chiffons de papier d’enregistrement et des notes qui paraissaient également à l’abri de tout soupçon.

« Cher Nicolas, lui dit Catherine à l’oreille, après avoir suivi avec inquiétude la lecture de ces pièces par-dessus son épaule, est-ce donc bien vrai ? faut-il les croire ?

— J’en ai peur, dit Nicolas ; et vous, John, qu’en dites-vous ? »

John se gratta la tête, la secoua, mais ne dit rien du tout.

« Vous remarquerez, madame, dit Ralph en s’adressant à Mme Nickleby, que ce jeune garçon étant encore mineur et d’une intelligence bornée, nous aurions pu venir ici, armés de tous les pouvoirs de la loi, et soutenus d’une troupe de satellites de la justice : et je n’y aurais pas manqué, madame, si je n’avais voulu ménager votre sensibilité et celle de votre fille.

— Vous avez déjà bien montré ce que vous savez faire pour ménager sa sensibilité, dit Nicolas serrant sa sœur contre lui.

— Merci, répliqua Ralph ; je suis on ne peut plus sensible à vos éloges.

— Eh bien ! dit Squeers, à présent, qu’est-ce que nous faisons là ? Les chevaux de fiacre vont attraper un rhume, si nous les laissons là sans bouger. Il y en a déjà un qui éternue d’une force ! Il vient d’en ouvrir la porte toute grande. Quel est l’ordre et la marche ?… Hein ! n’emmenons-nous pas avec nous le jeune Snawley ?

— Non, non ! répliqua Smike en reculant, et se cramponnant après Nicolas ; non, je vous en prie, non ! Je ne veux pas vous quitter pour aller avec lui, non, non !

— Voilà qui est bien cruel ! dit Snawley regardant ses amis, comme pour implorer leur appui. Je vous demande si c’est pour ça que les parents mettent des enfants au monde ?

— Je vous demande si c’est pour ça (montrant du doigt M. Squeers) que les parents mettent des enfants au monde, dit John Browdie tout crûment.

— Ne faites pas attention, repartit M. Squeers en se tapant le bout du nez pour se moquer de John.

— Ne faites pas attention, dit John ; non, c’est vrai, ni moi ni d’autres, vous voudriez bien qu’on ne fît pas attention à vous,