Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome1.djvu/467

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bes un petit trémoussement de satisfaction. C’est le hêtre qu’il y a dans la chanson. L’orme, hé ? Oui, c’est sûr. Ah ! ah ! ah ! sur mon âme, c’est une des plus jolies choses que j’ai entendues. »

Il était si charmé de cette plaisanterie, qu’il ne pouvait l’oublier et la répéta plus de vingt fois.

« L’orme, hé ? Oui, c’est sûr. Naturellement, c’est l’orme. Ah ! ah ! ah ! Parole d’honneur, il serait bon d’envoyer le mot à quelqu’un qui pût en faire son profit. C’est une des choses les plus spirituelles qu’on ait jamais dites. L’orme creux, hé ? Naturellement oui. Très-creux même. Ah ! ah ! ah ! »

Ici l’on frappa à la porte de la chambre.

« Je gagerais que c’est Tacker ; je le reconnais au sifflement de ses poumons, dit M. Mould. Qui croirait aujourd’hui, en l’entendant souffler comme ça, que cet homme-là, dans son temps, a eu une respiration aussi robuste que personne ?

— Je vous demande pardon, madame, dit Tacker, entrebâillant la porte. Je pensais que notre bourgeois était céans.

— Il y est aussi ! cria Mould.

— Oh ! je ne vous voyais pas, pour sûr, dit Tacker, avançant un peu la tête. Vous ne seriez pas disposé, j’imagine, à faire un cercueil à bras en bois blanc avec une plaque en tôle ?

— Certes non, dit M. Mould ; fi donc, c’est trop commun. Il n’y a pas autre chose à répondre.

— Je leur disais bien que c’était trop peu de chose.

— Dites-leur d’aller ailleurs. Nous ne tenons pas de ça. J’admire leur impudence. Qui donc ça ?

— C’est, dit Tacker, le beau-frère du bedeau.

— Le beau-frère du bedeau !… Eh bien, je l’enterrerai si le bedeau veut bien suivre avec son chapeau à cornes, mais pas autrement. Cela aura un air officiel, et nous nous en tirerons comme ça ; ce sera déjà bien assez mesquin. Son chapeau à cornes, entendez-vous ?

— Oh ! c’est entendu, monsieur. À propos, mistress Gamp est en bas ; elle demande à vous parler.

— Dites à mistress Gamp de monter… Bonjour, mistress Gamp ; quoi de neuf ? »

Déjà la dame en question était à l’entrée de la chambre et saluait Mme Mould. Au même instant l’air fut imprégné d’une senteur particulière, comme si quelque fée en passant avait eu le hoquet après avoir commencé par visiter la cave.

Mme Gamp ne répondit pas à M. Mould ; mais elle salua de