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ANO

Laubrussel s’est servi de ce mot pour signifier l’action d’anéantir, de réduire à rien. ☞ Personne ne l’a dit après lui. Ce seroit tout au plus un terme barbare de pratique.

ANNULLER. v. a. Terme de Palais. Casser un acte, un jugement, une procédure. Abrogare, Rescindere, Refigere. Les Requêtes du Palais cassent & annullent comme attentat, toutes les procédures qui ont été faites au préjudice du renvoi. Le Conseil annulle tout ce qui a été fait au préjudice de l’instance de réglement de Juges ou de l’évocation. On annulle les mariages, les contrats, les testamens qui ne sont pas valables par les Loix. Ménage dérive ce mot de annulare, qui vient de nullus, nul. Rendre nul.

☞ Dans le commerce, annuler un billet, une lettre de change, une obligation, irritum facere, c’est rendre nul, de nul effet, de nulle valeur.

Annullé, ée. part. Abrogatus, Refixus, Rescissus.

ANNUS. s. f. Racine du Pérou, longue & grosse comme le pouce. Elle est d’un goût amer, & les Indiens la mangent cuite. Ils croient qu’elle ôte la puissance d’engendrer.

ANO.

ANOBLIR. v. a. Rendre noble. ☞ Tirer quelqu’un de l’état de Roturier, pour le faire jouir, lui & sa postérité, des droits & prérogatives accordés aux Nobles. In Nobilium ordinem aliquem cooptare, adscribere. Il n’y a que le Roi qui puisse anoblir. Il a donné des priviléges d’anoblir à certaines charges, comme à celles de Secrétaires du Roi. Les Conseillers du Parlement de Paris, de Grenoble, de Besançon & de Douai, jouissent du privilége de la Noblesse au premier degré, qui a été aussi accordé au Parlement de Dombes. Dans les autres Parlemens, il faut que le pere & l’aïeul aient été Conseillers, pour transmettre la Noblesse à leur postérité. Il y a des Echevinages en France qui anoblissent, comme à Paris, à Lyon. En Allemagne, l’Empereur seul peut anoblir, à l’exclusion des Electeurs & des autres Princes.

☞ En parlant des pays où la Noblesse se prend du côté de la femme, & où il suffit d’être né d’une mere Noble pour être réputé Noble ; on dit qu’en ce pays là le ventre anoblit.

☞ En parlant du style, d’une langue, &c. On ne dit point anoblir, mais ennoblir. Voyez ce mot.

Anobli, ie. part. In Nobilium ordinem cooptatus, adscriptus. ☞ Il est aussi substantif, & signifie qui a été fait noble depuis peu de temps. De temps en temps on fait des recherches des nouveaux anoblis.

ANOBLISSEMENT. s. m. Changement qui se fait de la condition de roturier en celle de noble. ☞ Grâce & concession du Prince, par laquelle on est anobli, on jouit du titre de noble. Hominis ignobilis in Nobiles cooptatio. Les anoblissemens se font en plusieurs manières, par lettres, par priviléges, en donnant un Ordre de Chevalerie, &c. Avoir des lettres d’anoblissement pour soi, & pour ses enfans nés & à naître. Voyez Tiraqueau sur la Noblesse, ch. 6. Baquet, du droit d’anoblissement.

☞ ANOCHE. s. f. Plante potagère, qu’on appelle aussi Bonne-dame. Sa feuille donne au bouillon une couleur dorée. C’est un article du grand Vocabulaire, copié du Dict. de l’Acad. Fr. La plante dont on parle ici, s’appelle Arroche, Bonne-dame. Atriplex, & non pas atriplea : mais jamais cette plante, ni aucune autre n’a porté le nom d’anoche. Nous aurons souvent occasion de relever de pareilles méprises. Au reste nous n’y perdons rien ; & la même plante reparoît sous son vrai nom au mot Arroche.

ANODIN, ou ANODYN, YNE. adj. Terme de Médecine, qui se dit des remèdes, qui par leur chaleur douce, & par leur humidité tempérée, calment & appaisent les douleurs. On les appelle aussi Parégoriques. Anodynus, Leniens. Il y en a d’autres à qui on donne ce nom, mais improprement : ce sont ceux qui assoupissent & qui font dormir. Les vrais anodyns s’appliquent extérieurement sur la partie qui souffre. Tels sont l’oignon, les lys, la racine de guimauve, les feuilles de mauve, de violette, de sureau, &c. Les anodyns renferment donc trois classes, les Parégoriques, les Hypnotiques, & les Narcotiques. Ce mot est composé de la particule privative α & ὀδύνη, douleur ; c’est pourquoi il faudroit écrire Anodyns. Cependant Anodin est plus usité.

ANOIAU. s. m. Vieux mot, qui vouloit dire Anneau, Annulus. Borel.

ANOLET. Voyez Tnnolel.

ANOLIS. s. m. Espèce de lézard. Il a la tête plus longue & le ventre plus jaunâtre que le lézard. Il a le dos vert, avec des raies grises & bleues, depuis la tête jusqu’à la queue. Il est long d’un pied & demi, & assez gros. Il jette la nuit des cris aigus. Voyez l’Histoire naturelle des Antilles, par Lonvillers de Poincy, chap. 13, article 3 & celle du P. du Tertre, Tr. IV, chap. 2, §. 2. Ces animaux se trouvent dans toutes les Antilles ; à la Guadeloupe on n’en voit que dans le Grand Cul-de-sac. Ils sont toujours dans la terre, & n’en sortent que pendant la plus grande chaleur, qu’ils viennent ronger les os & les aretes des poissons que l’on jette. Ils paissent quelquefois l’herbe, principalement dans les potagers ; si on en tue quelques uns, les autres les mettent en pièces & les mangent. P. du Tertre.

ANOMAL, ALE. adj. Terme de Grammaire. Il se dit des verbes, qui dans leur conjugaison ne suivent pas la règle des autres. Verbum anomale, inæquale. Il y a dans toutes les langues des verbes anomaux, des inflexions de mots anomales & irrégulières. Ce mot est formé de l’α privatif, & de ὁμαλής, planus, æqualis ; uni, égal ; ainsi anomal veut dire, qui n’est pas égal, qui ne suit pas la règle des autres. ☞ Les verbes aller, voir, être, &c. sont des verbes anomaux, dont les inflexions sont anomales.

Anomal, en Botanique. Anomalus. Fleur anomale, celle qui est d’une forme bizarre. Il y en a de monopétales & de polipétales.

ANOMALIE. s. f. Se dit en Grammaire de l’irrégularité dans la conjugaison des verbes, ou dans la déclinaison des cas. Anomalia.

Anomalie, en termes d’Astronomie, signifie, une irrégularité apparente dans le mouvement des planètes. C’est proprement la distance du lieu vrai ou moyen d’une planète à l’aphélie ou à l’apogée. Kepler parle de trois sortes d’anomalies. La première, qu’il appelle de l’excentique, est celle qui regarde l’espace que la planète a à parcourir : la seconde, l’anomalie moyenne, qui est le temps qu’elle emploie à cette course : la troisième, l’anomalie égalée, qui regarde la grandeur apparente de l’arc qu’elle parcourt. Sur quoi il faut voir la Théorie des planètes. L’Anomalie moyenne aussi-bien que l’anomalie vraie de la planète, se comptent l’une & l’autre depuis l’aphélie : mais si l’on veut compter depuis le commencement du signe du bélier, alors ce nom d’anomalie se change en celui de mouvement de la planète en longitude, Voyez ce mot.

Ces mots ne viennent point de l’α privatif, & de νόμος, loi, comme quelques-uns l’ont dit, trompés par quelque ressemblance du mot. Car d’où viendroit la dernière syllabe al, suivant cette étymologie ? Mais ils viennent du grec ἀνόμαλος, qui signifie, ce qui n’est pas plan, raboteux, inégal, irrégulier, & qui est formé de l’α privatif, & de ὁμαλής, planus, æqualis, c’est-à-dire, plan, égal.

☞ ANOMALISTIQUE (année.) ou périodique, est l’intervalle de temps que la terre emploie à parcourir son orbite, à revenir d’un point de son orbite, au même point : on l’appelle aussi année sidéreale.

ANOMÉEN, ou ANOMŒEN, ÉENNE. s. m. & f. Anomœus. Ce mot est grec, composé de l’α privatif & du nom ὁμοῖος semblable ; & signifie, différent, dissemblable. Ce nom fut donné dans le quatrième siècle aux Purs-Ariens, parce qu’ils nioient non-seulement la consubstantialité du Verbe ; mais même qu’il fût d’une nature semblable à celle du Pere : & on leur donna par opposition aux Demi-Ariens, qui nioient à la vérité la consubstantialité du Verbe ; mais qui avouoient qu’il étoit semblable au Pere. Les Demi-