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BAI — BAK

villon, quand un navire plus fort oblige un autre à le saluer. Baisser, suivre le fil de l’eau, obéir au reflux & aux courans.

☞ Dans le sens figuré, baisser la lance, baisser pavillon devant quelqu’un, c’est lui céder, lui déférer. Expression familière.

☞ On dit proverbialement, c’est un homme qui ne se hausse, ni se baisse ; pour dire, qu’il est toujours égal & qu’il ne s’émeut de rien. On dit de même baisser l’oreille, ou les oreilles ; pour dire, se décourager.

On dit aussi d’une chose qu’on croit aisée, qu’il n’y a qu’à se baisser & en prendre. On dit, qu’un homme donne tête baissée dans les ennemis, dans quelque affaire ; pour dire, qu’il y va hardiment avec résolution, sans examiner le péril. Irruere.

BAISSÉ, ÉE. part. Demissus, depressus. On blâmoit Lycurgue, ce grand Législateur, de ce qu’il marchoit la tête baissée. Mascur.

Nicot fait venir ce mot de βάσις, d’autres le tirent de βαθὺς, profond, creux.

BAISSIÈRE, BASSIÈRE. s. f. L’un & l’autre se dit ; mais bassière est plus doux & plus usité. Il signifie du vin qui est au bas. ☞ cette liqueur trouble & chargée qui couvre la lie, lorsque le tonneau tire à la fin. Vinum seculentum. On dit baissière de toute liqueur fermentée, vin, cidre, bierre. il faut écrire & prononcer baissière, & non pas bessière.

☞ BAISSOIRS. s. m. pl. C’est le nom qu’on donne dans les salines aux réservoirs ou magasins d’eau.

BAISURE. s. f. Endroit du pain qui est le moins cuit, & par où il en touche un autre qui est dans le four. A Paris on l’appelle biseau.

BAÏTOSITE. s. m. & f. Secte des Juifs, ainsi nommée de l’un de leurs Chefs, appelé Baïtons. Baïtosita. C’étoient les mêmes que les Sadducéens, dont les Chefs furent Sadoc & Baïtos.

☞ BAIVE. Faux dieu des Lapons idolâtres, qu’ils adorent comme sauteur de la lumière & de la chaleur. On dit communément que c’est le soleil ; d’autres croient que c’est le feu ; & quelques-uns rapportent qu’autrefois parmi ces peuples, le grand dieu Thor, étoit appelé Thermes, ou Ajike, quand ils l’invoquoient pour la conservation de leur vie, & pour être défendus contre les insultes des démons ; mais qu’il étoit Baive, lorsqu’ils lui demandoient de la lumière & de la chaleur. C’est pourquoi, disent ils, on lui sacrifioit sur une même table ou autel, & l’idole Thor servoit pour le dieu Baive. Encore à présent ces idolâtres n’ont aucune figure particulière de ce dieu, soit parce qu’il est visible de lui même, ou plutôt, parce que Thor & Baive ne sont qu’une divinité adorée sous deux rapports différens. Mor. qui cite Scheffer, Hist. de Laponie.

BAJULE. s. m. Nom d’un Officier de la Cour, dans l’Empire grec. Les bajules sont les précepteurs des Princes. Il y a le grand bajule, & les bajules : le grand bajule étoit comme le précepteur, & les bajules étoient comme les sous-précepteurs, Voyez Codinus, Boulenger, &c. On le trouve en ce sens dans le Scholiaste de Sophocle, dans Ballamon, Juris Græcor. p. 472, & dans Théophane, qui parle aussi de cet Antiochus, que Théodose fit son bajule. Un manuscrit de la bibliothèque du Roi écrit Βάγυλον, mais c’est la prononciation moderne des Grecs qui a causé cette erreur, car ils prononcent le Γ comme i ; il faut dire Βάουλος. Ce mot se trouve encore dans un Auteur anonyme des Annales de France, dans l’Hist. Miscelan, L. 23 ; dans la Chronique de Frédegaire, dans Aimoin, De Gest. Franc. Liv. IV, C. 38 ; & bajulatio, bajulationi committere, dans le même Auteur, Hist. L. V. C. 39. Le précepteur de l’Empereur s’appelle le grand bajule dans Cedinus, C. 11, n. 81.

Le premier Officier de cette espèce qui se trouve, est sous Théodose le jeune, qui, selon Cedrenus, établit un certain Antiochus Intendant, Patrice & son bajule, καὶ τὸν Βάουλον αὐτοῦ. Depuis, cet Officier eut le titre de grand bajule. C’est de-là que les Italiens appellent bajule du royaume, ce qu’en Angleterre on appelle protecteur, Ce n’est que dans les siècles postérieurs, à ce que croit Junius, que l’on a appelé bajules les gouverneurs, ou précepteurs de l’Empereur παιδοκόμους, comme celui qui avoit porté l’Empereur encore enfant entre ses bras, c’est-à-dire, qui avoit eu soin de son éducation.

L’Auteur de la vie de Louis le Débonnaire, dit que Charlemagne donna Arnoul pour bajule à ce Prince ; c’est-à-dire, pour Confeil, pour Ministre. Hincmar Ep. 2, C. 2, décrit au long les qualités que doivent avoir les bajules qu’on donne aux Princes ; ce qui fait voir que de Grèce ce mot est passé en France. Dadin de Hauteserre, a la fin de son Liv. De Ducib. & Comitib. Provincialib, C. 33, prétend que ce mot s’est dit aussi des précepteurs des enfans des particuliers, parce que Balsamon, Liv. VII. Médit. dans Leunclavius, du en général que l’on appelle les précepteurs des enfans, bajules. Voyez les notes du même Auteur sur Grég. de Tours, p. 208, & 390. Grégoire, dans les Vies des Peres, C. 6, parle des bajules de S. Gal qui n’étoit pas fils de Roi, quoiqu’il fût de grande noblesse.

En Italie en a donné le nom de bajule à plusieurs Officiers différens, comme celui de bailli en France : c’est ce qui fait que quelques Auteurs croient que c’est de bajulus que s’est fait notre mot bailli. Les Vénitiens ont eu un bajule auprès des Empereurs Grecs. Voyez Codinus Curopalates dans les Offices de la cour de Const. Flodoard, dans l’Hist. de l’Eglise de Reims, Liv. III, chap. 23. Spelman, dans son Gloss Archœl. Glossaire de Credenus, celui qu’a imprimé R. Medon, & celui de M. Du Cange.

Bajule. Terme de Liturgie, ou de Rubrique & de Cérémonies Ecclésiastiques. C’est ainsi qu’on a nommé ceux qui dans les processions portent les croix.5 & les chandeliers. Pierre Diacre les nomme en latin bajuli cereostatarii, stauroferi &c. En François on dit Porte-croix, porte-chandeliers, ou simplement, la croix, les chandeliers. Comme on dit, cornette, trompette & tambour, pour ceux qui portent la cornette, qui sonnent de la trompette, ou qui battent du tambour.

On trouve aussi des bajules d’Abbés & des bajules d’Evêques. C’étoient des Officiers domestiques des uns & des autres.

Bajule, a encore été le nom d’un Office conventuel dans les Monastères. C’étoit celui qui recevoit & distribuoit les legs & l’argent qui se donnoit pour le service divin & les obits. C’est pour cela qu’on les appeloit bajuli obituum novorum.

Bajules Capitulaires, Bajuli Capitulares, dans l’Ordre des Hospitaliers, ou de S. Jean de Jérusalem, aujourd’hui de Malte, sont ce que nous appelons baillis capitulaires, & les bajules conventuels sont les baillis conventuels. Voyez Bailli.

Dans les lois de Naples les bajuli dominorum sont ceux à qui les Maîtres ont donné charge, ou commission d’exécuter quelque chose ; & ils répondent aux Juges que nous appelons Baillis. Les bajules des Gabelles, bajuli Gabellati, sont les Officiers qui levent les Gabelles.

Bajule, dans Marcell. Liv. 24, s’est dit encore de ceux qui portent les morts en terre, Νεκροφόροι, Vespillones. Voyez la note de M. de Valois.

☞ BAIZE, ou BEZE. Gros bourg de France en Champagne, avec une Abbaye de Bénédictins unie à l’évêché de Dijon, à une lieue de Lux, & à cinq de Dijon.

Baize, ou Beze, Rivière qui prend sa source près du bourg de même nom, passe à Noiron, Mirebeau, Bezonotte, Charmes, Drambon, reçoit l’Albane, & se jette dans la Sône, au-dessus d’Auxonne.

BAK

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BAKAN. s. m. Grande & belle ville d’Asie dans les Indes, au royaume & sur la rivière d’Ava. Cette ville a 112°, 51′, 33″. de longitude, 21°, 0′, 0″. de latitude. P. Du Chatz.

☞ BAKAR. Voyez Bacar.

☞ BAKHZAR. Ville d’Asie, dans le Koraan. Ce mot en langage persien signifie l’Orient.