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qu’elle se fait le huitième jour dans le logis, & par un prêtre : ce qui a bien plus l’air d’une cérémonie de Religion, que d’une simple opération de Chirurgie.

Leur canon des saintes Ecritures est tout semblable au nôtre, & l’on y voit Tobie, Judith, Esther, le Livre de la Sagesse, l’Ecclésiastique, Baruch, & les deux Livres des Macchabées. Ils honorent & prient les Saints ; ils prient pour les morts. Ludolf lui-même l’a remarqué, Liv. III. Ch. 6. Ils croient la présence réelle, &c.

Les Ethiopiens ont une langue particulière, qu’ils nomment Chaldéenne, parce qu’ils croient qu’elle tire son origine de la Chaldée. Quoiqu’elle soit différente du Chaldéen ordinaire, elle a cependant beaucoup de rapport à cette Langue, aussi-bien qu’à la Langue Arabique, & il semble qu’elle en soit formée. On l’appelle Langue Ethiopienne ; mais elle n’est pas la même que l’Ethiopien d’aujourd’hui. Leurs Liturgies & leurs autres Offices divins sont écrits en cet ancien Ethiopien, que le peuple n’entend plus. Cette Langue a des caractères particuliers, & elle n’a pas de points voyelles séparés des consonnes, comme il y en a dans l’Hébreu & dans les autres Langues orientales ; mais elles sont attachées aux consonnes mêmes, en-sorte que dans l’Ethiopien il n’y a point de consonne qui ne porte avec elle sa voyelle, & ne fasse une syllabe. Voyez de Moni, Histoire de la Créance & des coutumes des nations du Levant, chap. IX. On peut voir aussi l’Histoire Ethiopienne faite en Latin par M. Job Ludolf, dont nous avons aussi la Grammaire, le Dictionnaire & le pseautier Ethiopique. Jamais Européen n’a si bien entendu cette langue que lui, & n’a eu plus de zèle pour la faire connoître en Europe.

Les Abyssins servent toujours parmi leurs mets trois plats, dans l’un desquels il y a des poires coupées en forme de croix, dans l’autre des cendres, & dans le troisième du feu. Ce sont des mets pour l’esprit, & destinés à les faire souvenir de la Passion du Sauveur, de la mort, & de l’enfer. Leurs prêtres portent toujours une croix à la main. Maty. Les Abissins ne fortifient point de place. Ils ne mettent, disent-ils, la force d’un pays que dans les bras & les armes des combattans, & non pas dans des pierres & des murailles. Voyez Ablancourt, traduction de Marmol, L. i. de l’Afrique, C. 20 & L. x. C. 23. Les Abyssins ne mangent point de cochon, ni de sang, ni d’animaux suffoqués, ni le nerf du jarret, que les Juifs appellent le nerf défendu. Ludolf, L. iii, C. i.

ABYSSIN, INE. adj. Abyssinus. L’Eglise Romaine, la Grecque, ou l’Abyssine. Peliss.

ABYSSINIE, ou ABISSINIE. s. f. Abassia, Abyssinia, Æthiopia superior, ou interior. Grand pays dans la partie méridionale de l’Afrique, au-dessous de l’Egypte, connu des Anciens sous le nom d’Ethiopie ; & dans des siècles plus voisins du nôtre, sous le nom d’Inde moyenne. On le renferme aujourd’hui entre le 62e degré 50 minutes, & le 73e d. 40 min. de longitude, & entre le 7e & 16e degré 9 min. de latitude septentrionale. On comptoit autrefois dans l’Empire d’Abyssinie 36 Royaumes & 14 provinces principales. Mais en 1537 les Galles, peuple situé au midi de l’Abyssinie, en conquirent plusieurs provinces. Ce pays est arrosé de trois grandes rivières principales ; le Nil, qui y prend sa source, le Tagaze, ou Thékaze, & le Maleg. Ces fleuves le rendent très-fertile dans les endroits où ils coulent : ailleurs ce ne sont souvent que des rochers & des cavernes affreuses. Il y paroît souvent des sauterelles en si grand nombre, qu’elles obscurcissent l’air, & ravagent toutes les campagnes où elles s’arrêtent. Il n’y a point de villes considérables dans l’Abyssinie ; mais les provinces fertiles sont remplies de villages fort près les uns des autres. Voyez Ablancourt, traduction de Marmol, L. i. C. 20.

ACA.

ACA. Habitation d’Afrique, sur les confins de la Lybie & des Sénéques. Elle consiste en trois ou quatre villes assez proches l’une de l’autre. Ce sont des Hidétes, race d’Arabes, qui s’y sont établis, & dont plusieurs se sont alliés avec les naturels du pays. Aca. Voyez Marmol.

ACABIT. s. m. Bonne ou mauvaise qualité d’une chose. Natura, genus. Les rôtisseurs s’en servent en parlant de leurs viandes. On ne le dit guère que des fruits & des légumes. Des poires d’un bon acabit. Quelques-uns le disent aussi des viandes & des étoffes. Ménage dit que le peuple a dit, d’un bon acabit ; pour dire, d’un bon achat. Boursaut a dit acabie. On le dit quelquefois des personnes par métaphore. Au reste ce terme n’est que du style familier.

On s’en promet en vain quelque chose de mieux,
Il est d’un acabit malfaisant, vicieux :
Sur ce noir sauvageon c’est en vain que l’on greffe, &c.


ACABLEMENT, ACABLER. Voyez Accablement, Accabler.

ACACALIS. s. m. C’est le fruit d’un arbrisseau qui croît en Egypte. Les Auteurs en ont parlé trop vaguement pour qu’on puisse regarder son sort comme bien décidé.

ACACALLIS. s. f. Nom d’une Nymphe dont parle Pausanias, qui fut aimée d’Apollon, & dont il eut deux fils dans l’ile de Crète, nommés Philachis & Philandre, qui furent allaités par une chèvre.

ACACE. s. m. Acacius. Nom d’homme qui est originairement Grec, & vient de l’α privatif, & de ϰαϰια, malice, comme qui diroit sans malice. Plusieurs personnages fameux ont porté ce nom, parmi lesquels il en est qui ont bien fait du mal à l’Eglise. Acace de Césarée, surnommé le Borgne, disciple & successeur d’Eusèbe, se rendit fameux au IVe siècle par ses inconstances en fait de doctrine. Acace, Patriarche de Constantinople, & successeur de S. Gennade, est le premier qui ait voulu l’emporter sur les Patriarches d’Alexandrie, d’Antioche & de Jérusalem. Acace de Béroé en Palestine, Evêque savant, vertueux, zèlé, & qui n’abandonna jamais dans l’épiscopat les pratiques de la vie Monastique dans laquelle il avoit été élevé dès l’enfance, fut cependant un des plus grands persecuteurs de S. Jean Chrysostôme. Acace, Evêque d’Amide en Mésopotamie au Ve siècle, homme d’une pitié rare, & d’une charité extraordinaire, vendit les vases sacrés pour nourrir les esclaves Persans que Théodose le jeune fit dans la guerre contre Varanes. Le Patriarche d’Antioche, successeur de Basile en 458, est le moins recommandable des Acaces. Acace Alexandrin, Capitaine dans les troupes de l’Empereur Adrien, fut pendu pour la Foi. Nous avons quelques ouvrages d’Acace de Mélitène. Quand on parle de tous ces Acaces, il ne faut point dire Acacius. Au contraire, quand on parle du Rhéteur Acacius, fameux sous l’Empire de Julien, on ne dit point Acace. Ce sont nos Livres sur la Religion & nos Auteurs de l’Histoire Ecclésiastique qui ont fait donner une forme Françoise à ce nom, dans le premier cas, au lieu que dans l’autre il est resté Latin, parce qu’on parle peu de ce Rhéteur.

ACACIA. s. m. Terme de Botanique. Nom qu’on donne à divers arbres, quoique fort différens entr’eux. Acacia. Il y a un acacia, qu’on appelle aussi Cassie, ou, selon M. d’Herbelor, Gagie, en Latin Spina Ægyptia, qui croît en Egypte, & qui est un grand arbre épineux, dont la fleur est jaune en quelques-uns, & blanche en d’autres : son fruit, qui est contenu dans des gousses, est semblable au lupin. Cet arbre nous fournit la gomme Arabique, & un suc qu’on appelle, le vrai acacia. Les Arabes appellent cet acacia d’Egypte Om Gailan, la mere des Satyres, ou des Démons des forêts. D’Herb. Il y a une sorte d’arbre qui croît à Malabar, & à Cranganor, qu’on appelle aussi acacia. En Mésopotamie près du Tygre, & dans les déserts d’Arabie près de l’Euphrate, on donne ce même nom à d’autres arbres, qui sont pourtant différens. Il y a encore un acacia du Brésil, & un de Virginie. Il y en a un autre différent des précédens, qu’on appelle Acacia de l’Amérique, ou Acacia Americana Robini. Cet arbre étranger n’est