Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
BUB — BUC

BUABIN. s. m. Idole des peuples du Tunquin. Ce dieu préside aux maisons dans l’idée des Tunquinois, & ils l’invoquent, quand ils en veulent bâtir quelqu’une. Ils font dresser un autel, & appellent des Bonzes pour sacrifier à ce dieu. Après le sacrifice on prépare un festin de viandes qui ont été sacrifiées, puis on présente au dieu plusieurs papiers dorés, où l’on a écrit quelques paroles magiques ; ensuite on les brûle avec des parfums devant l’Idole pour l’engager par cette cérémonie à empêcher qu’il arrive jamais aucun malheur dans la maison qu’on va bâtir. Tav. Voyage des Indes, cité par Mar.

☞ BUADE. s. f. Terme de Manège. Bride à longues branches droites & non coudées.

BUANDERIE. s. f. Espèce de salle au rez de chaussée, où il y a un fourneau & des cuviers pour faire la lessive. Officina lavandis, purgandis linteis comparata. Il s’en trouve dans toutes les Communautés, & dans la plûpart des maisons de campagne.

BUANDIER. s. m. BUANDIÈRE. s. f. Celui ou celle qui fait le premier blanchiment des toiles neuves. Blanchisseur est celui qui les blanchit, à mesure qu’on s’en sert. On le dit encore dans quelques provinces en Bretagne & dans les provinces voisines, pour Blanchisseur & Blanchisseuse faisant la lessive que l’on appelle buée. Lixiviæ administer, vel administra. ☞ L’observation critique des vocabulistes qui relèvent ceci comme une erreur capitale, n’est que risible.

☞ BUARCOS, ville de Portugal, dans la province de Beira, à l’embouchure de la rivière de Mondego.

BUB.

BUBALE. s. m. Animal qui tient un peu du cerf & de la vache. Aristote, en parlant du Bubale, dit qu’il ressemble au cerf. Pline dit qu’il ressemble à un cerf & à un veau. Oppien dit qu’il a des cornes recourbées en arrière. Toutes ces particularités se trouvent dans l’animal que nous appelons aujourd’hui vache de Barbarie : ce qui a donné occasion à Aldrowandus de dire que c’est le Bubale des Anciens.

BUBASTE. Ancienne ville d’Egypte, capitale d’une province ou canton qu’ils appeloient Nonius, Bubastus. Le P. Kirker, Œd. Æg. Tom. I, pag. 31, dit que Βούβαστος signifie, le pas d’un bœuf. Il faut en ce sens qu’il vienne de βοὺς, bœuf, & βαίνω, je vais, je marche. Il ajoute que d’autres le dérivent de βούς, bœuf, & ἄστυ, ville ; la ville du bœuf, en Cophre Baub ast, signifie deux bœufs, parce que c’est là que les deux fameux bœufs de l’Egypte, l’un appelé Apis par les habitans de Memphis, & l’autre Mnevis par ceux d’Héliopolis, apparurent d’abord, & qu’ils apprirent aux hommes l’agriculture. On honoroit Diane à Bubaste. D’où lui vient le nom de Diane bubaste, qui signifie Diane la chate, parce qu’elle se transforma en chate, lorsque les dieux se réfugièrent en Egypte.

BUBE. s. f. Petite élevure ou bouton qui se forme sur la peau. Tumor, pustula. Il vient des bubes sur les lèvres, quand on boit dans un verre qui n’est pas net.

Ce mot, aussi-bien que celui de Bubon, vient du grec βουβὼν, espèce de tumeur.

BUBERON. s. m. Le peuple dit buberon, pour biberon.

BUBON. Terme de Médecine & de Chirurgie. C’est une tumeur qui vient aux glandes des aînes & des aisselles, avec inflammation & douleur. Il provient d’un sang épanché dans les glandes joint à quelque humeur dépravée. Bubo. Il y a deux sortes de bubons. On appelle les uns benins ; & les autres malins. Les malins se divisent en pestilentiels, & vénériens. Les pestilentiels surviennent dans les fièvres & maladies pestilentielles : les vénériens sont une suite d’un commerce impur, & bien souvent des avant-coureurs de la vérole. On appelle ordinairement ces derniers, poulains. Quand un bubon est entouré d’un cercle de différentes couleurs, comme l’arc-en-ciel, c’est une marque qu’il est pestilentiel, & le plus souvent mortel.

BUBONE. s. f. Nom d’une fausse divinité. Bubona. S. Augustin, Liv. IV, de la Cité de Dieu, ch. 34, dit que Bubone étoit chez les Romains une Déesse que l’on croyoit être chargée du soin des bœufs. Les Juifs, leur dit-il, en se moquant de tant de divinités, ont eu des blés sans la Déesse Ségétie, des bœufs sans bubone, du miel sans Mellone, & des fruits sans Pomone. Quelques éditions disent Bobona.

BUBONOCÈLE. s. m. Terme de Chirurgie. Tumeur qui arrive à l’aîne, & qui est causée par la chute de l’épiploon ou de l’intestin. Bubonocele. C’est une espèce d’hernie, qu’on appelle incomplette. Les femmes sont moins sujettes au bubonocèle, que les hommes.

BUC.

BUCCAL, ALE. adj. Qui appartient à la bouche. Buccalis, e. En Anatomie les glandes buccales sont des glandes qui parsement toute la face interne des joues du côté de la bouche. Ce sont des grains glanduleux, qui s’ouvrent par de petits trous ou orifices à travers la membrane interne de la bouche & qui séparent du sang, la salive qui sert à la mastication & à la digestion. Winslow.

☞ Il y a aussi un nerf buccal interne & un externe : & une artère buccale, qui se distribue au muscle buccinateur.

☞ BUCCANE, ou BOUCHARIE, grand pays d’Asie dans la Tartarie, qu’on divise en grande & en petite Boucharie, ou Buccarie. La grande comprend précisément la Sogdiane & la Bactriane des anciens avec leurs dépendances. Elle se divise en trois autres provinces, le Maouvenner, qui a pour capitale Samarkand. La grande Boucharie proprement dite, qui a pour capitale Bouchara, (Bochar) & celle de Balck, qui a pour capitale, une ville de même nom.

La petite Boucharie, est le même pays que le royaume de Gaschgar. Voyez ce mot.

☞ Les sujets du grand Mogol & les Persans, appellent communément Usbecks, les Tartares qui habitent ce pays.

BUCCELLAIRE. Nom d’une espèce de Soldats que les Empereurs Grecs entretenoient dans les provinces & dans les campagnes. Buccellarii, Βουϰελλάριοι. Le nom de Buccellaire vient de bucca, bouche, & buccella, bouchée, d’où l’on a fait Buccellarius à Rome, & Βουϰελλάριος à Constantinople. Les Buccellaires furent ainsi appelés parce qu’ils étoient entretenus par l’Empereur : C’étoit l’Empereur qui faisoit leur dépense de bouche : ils étoient dans les provinces ce que sont à la Cour ceux qui ont bouche à la Cour, qui sont commensaux. Les Buccellaires, dans la marche d’une armée où étoit l’Empereur, marchoient devant & après l’Empereur pour le garder. Voyez Maurice, Cujas, Tournebœuf. Il y avoit encore une autre sorte de Buccellaires sous les Empereurs Grecs ; c’étoient des Grecs de Galatie, Ἑλληνο γαλάται qui fournissoient du pain aux soldats. Voyez Constantin Porphyr. Les Buccellaires pris dans le premier sens étoient, selon quelques-uns, des gens dont l’Empereur se servoit pour faire mourir en secret certaines personnes.

Les Glossæ Nomicæ l’interprètent, Envoyé, qui porte quelque chose ; & encore, Soldat stationnaire, ou qui demeure chez quelqu’un, & qui est à son service. La même explication se trouve au Livre 60 des Basiliques, où il est dit que ce mot vient de βούϰα ; c’est-à-dire, bucca, qui, dit-on, signifie pain, ἄρτος ; & les Buccellaires, continue-t-on, étoient ainsi appelés, parce qu’ils mangeoient le pain d’une personne, à la charge de demeurer chez lui.

Chez les Visigoths on appeloit Buccellaire en