Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
CAN

fer arrondi qui entre dans la bouche du cheval, & qui la tient sujette. On les fait de plusieurs figures. Elle est ordinairement de deux pièces, & quelquefois d’une seule, comme le canon à trompe. C’est un terme d’éperonier.

Canon, en termes du Musique, est un nom qu’on donne à une espèce de fugue, qu’on appelle fugue perpétuelle, dans laquelle les parties commençant l’une après l’autre, répètent sans cesse le même chant. Voyez Fugue. On appelle aussi canon musical, le sommier soutenant les conduits qui portent le vent d’un tuyau à l’autre, en un jeu d’orgues. Canon musicus. Ce mot vieillit en ce sens, & il a été employé par Vitruve & ses Traducteurs.

☞ Dans l’ancienne musique, ce mot désignoit la méthode de déterminer les intervalles des notes.

Canon, dans l’histoire des Modes, signifie un demi-bas, qui s’étend depuis la moitié des cuisses jusqu’à la moitié des jambes. Tibialia longiora quæ femoribus astringuntur. On en portoit autrefois avec des bottes. Canons de soie. Canons de laine. Les tailleurs appellent aussi canon, les deux tuyaux des chausses, où l’on met les cuisses, & le haut des bas de laine, ou de soie, qui s’élargit en sorte qu’on y peut mettre les cuisses. Ainsi on dit, des bas à canon, des canons qu’on attache au bas du haut-de-chausse.

Canon, est aussi un ornement de toile, rond, fort large, & souvent orné de dentelle, qu’on attachoit au-dessous du genou, qui pendoit jusqu’à la moitié de la jambe pour la couvrir, ce qui étoit, il y a quelque temps, fort à la mode. Linea tibiata parmarum in morem aptata. C’est dont Molière se raille.

De ces larges canons, où comme en des entraves,
On met tous les matins ses deux jambes esclaves.

CANONADE ou CANONNADE. s. f. Un coup de canon. Tormenti emissio. Cet Officier a bien essuyé des canonades en sa vie.

Canonade, se dit aussi de la batterie continuelle d’une place. Ce pan de bastion a souffert une canonade de trois jours avant que d’être ruiné. ☞ Il paroît que le mot de canonade ne peut se dire que de plusieurs coups de canon tirés à la fois, ou de suite, & non d’un coup de canon seul. Essuyer une canonade, c’est essuyer plusieurs coups de canon.

CANONAGE. s. m. Science du canon. Le canonage a ses difficultés, comme les autres sciences. Hanzelet a fait un traité de toutes les proportions des canons, pour les longueurs, les embouchures, les charges, les métaux & alliages, les élévations, &c. Toute la science du canonage est expliquée fort au long dans les Mémoires d’Artillerie de Surirey de S. Remy. Voyez Canonier.

CANONARQUE. s. m. Officier de l’Eglise de Constantinople. Canonarcha. Codin en parle. De Offic. Const. L.I, 6, n. 2, & c.7, n. 24, 25. Il paroît, par ce qu’il en dit, que c’étoit un bas Officier, qui étoit au-dessous des Lecteurs.

Canonarque, étoit aussi un Officier dans les anciens Monastères. Canonarchus. C’étoit celui qui sonnoit aux heures de la collecte ou des assemblées, pour faire lever les Moines & les assembler. C’est de Jean Moschus. Vitæ Patrum, L. X ; c. 11. & 50, que nous l’apprenons. Voyez Rosweid Onomast.

CANONER ou CANONNER. v. a. Battre à coups de canon. Glandes ferreas tormentis emittere, jaculari. Ces deux Amiraux se sont seulement canonés & n’ont rien fait. On a canoné cette place trois jours durant.

Canoné, ée, part.

CANONERIE. s. f. canonade. Rabelais.

CANONIAL, ALE, adj. Qui appartient au Chanoine, qui regarde le Chanoine. Canonicus. C’est une maison canoniale qui est vacante. ☞ Maison canoniale, qui est affectée à une place de Chanoine. Office canonial, office que les Chanoines chantent dans l’Eglise.

On appelle Heures Canoniales les petites heures du Bréviaire, qui sont Prime, Tierce, Sexte & None. Preces Canonicæ, preces statis horis pro officio Sacerdotibus recitandæ. Ce qui vient de ce qu’on a appelé autrefois canon l’Office Ecclésiastique. Un Chanoine de S. Quentin a fait un traité des Heures Canoniales.

CANONICAT. s. m. Prébende, titre d’un bénéfice de Chanoine. Canonici munus. Il a obtenu de l’Evêque un tel canonicat en vertu des lettres du Roi pour son joyeux avènement à la couronne. C’est un droit qui appartient au Roi, de nommer aux premiers canonicats vacans par la mort dans les Eglises Cathédrales &c Collégiales.

☞ Quoique les Canonistes confondent souvent les noms de canonicat & de prébende, il faut pourtant remarquer qu’ils ne sont pas absolument sinonymes. Le mot canonicat ne signifiant que le titre ou la qualité spirituelle, indépendante du revenu temporel : au lieu que le mot de prébende est le revenu temporel même. Avant le Concile de Trente, il y avoit des canonicats sans prébende, avec l’expectative de la première qui viendroit à vaquer. Encore aujourd’hui le Pape crée quelquefois un Chanoine sans prébende. Quand il veut conférer une dignité dans une église, pour l’obtention de laquelle il faut être Chanoine. Ces canonicats s’appellent canonicats ad effectum, titre stérile, jus ventosum. Voyez Chanoinie, Chanoine, Prébende.

CANONICITÉ. s. f. La qualité de la doctrine d’une personne dont les sentimens sont conformes à l’esprit de l’Eglise, ou la qualité d’un Livre qui est authentique, & compris dans le Canon de l’Eglise, au nombre de ceux qui composent ce qu’on appelle l’Ecriture Sainte. Τὸ κανονικὸν, ou bien Canonicité ; est la qualité de ce qui est Canonique, ou, selon les Canons, conformité aux Canons, Canonicitas, Canonicum. Ils n’examineront point la canonicité de ces motifs d’union. Gueau. Les Protestans sont partagés sur la Canonicité de l’Epitre aux Hébreux, de celle de S. Jacques, de la seconde de Saint Pierre, de la seconde & troisième de S. Jean, de celle de saint Jude & de l’Apocalypse. Calmet, Dict. au mot Apocalypse. Bèze a fortement soutenu contre Luther l’authenticité & la canonicité de l’Apocalypse.

CANONIER, plus ordinairement Canonnier. s. m. Officier d’Artillerie qui a soin de pointer, de charger, de tirer le canon, qui doit savoir le calibre, & les charges de chaque pièce, avec la perfection des gabions, & des plates-formes de batteries. Tormentorum librator. Sainte Barbe est la patrone des Canoniers. La chambre des Canoniers est sur la poupe du vaisseau, & s’appelle Sainte Barbe.

☞ Il y a eu autrefois des compagnies particulières de Canoniers. Elles ont été incorporées dans Royal-Artillerie.

☞ Le Canonier doit connoître la force & l’effet de la poudre, les dimensions des pièces d’Artillerie, les proportions de la poudre & du boulet dont on les charge, la loi des projectiles, la manière de manier, charger, pointer, nettoyer & rafraîchir le Canon.

CANONIERE ou plutôt Canonnière. s. f. Se dit d’une sorte de tente de toile pour reposer les Canoniers. Tentorium libratoribus tormentorum assignatum. C’est encore une petite tente qui est faite en forme de toît, & qui n’a point de murailles, comme les autres tentes ordinaires. Elles servent pour les soldats & pour tous les Officiers de la maison du Roi. Il y a deux Officiers dans chaque canonière, ou sept soldats.

Canonière & mieux Canonnière. Petite embrasure, ouverture dans une muraille par laquelle on tire a couvert des coups de mousquet, d’arquebuse. Voyez Embrasure.

☞ Les enfans appellent aussi canonière un bâton de sureau dont on a ôté la moëlle, où ils mettent des tampons de filasse ou de papier mâché, qu’ils chassent avec bruit par ie moyen d’un bâton ou