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CEL

ou les Seigneurs Hauts-Justiciers ont droit de faire peindre dedans & dehors les Eglises, & de la charger du blason de leurs Armes pour honorer la mémoire des Fondateurs dont ils sont descendus, ou dont ils ont les droits. Tænia funebris, C’est un droit honorifique.

On dit proverbialement, qu’une personne est toujours pendue, toujours attachée à la ceinture d’une autre ; pour dire, qu’elle est toujours avec elle. On dit aussi, que bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée ; pour dire que l’estime qu’un homme s’est acquise dans le monde vaut mieux que les marques extérieures qu’il affecteroit pour faire paroître son mérite. Cela vient de ce qu’autrefois il n’étoit permis qu’aux honnêtes femmes de porter des ceintures dorées. Par Arrêt du Parlement de Paris rendu en 1446, il fut défendu à toute femme de mauvaise vie de porter la ceinture dorée. D’autres disent que ce proverbe signifie, qu’il vaut mieux acquérir de la réputation dans les actions militaires, que de vivre dans la paix & dans la robe, à cause que les gens de robe portoient des habits longs, & étoient obligés d’avoir des ceintures ; au lieu que les gens de guerre portoient des cottes d’armes qui n’étoient pas ceintes, parce qu’elles étoient légères & volantes.

CEINTURÉ, ÉE. adj. Qui porte une ceinture ou une écharpe. Le Comte de Guiche étoit ceinturé. Madame De Sévigné. Ce mot est nouveau, & n’a pas fait fortune.

CEINTURETTE. s. f. Terme de Chasse. Ce mot n’est en usage que pour signifier une petite bande de cuir qui entoure le cor de chasse. La ceinturette est large d’un doigt, & ordinairement rouge.

CEINTURIER, IÈRE, s. m. & f. Celui qui fait & qui vend des ceintures & des baudriers. On appelle à Paris ce corps d’artisans, Ceinturiers-Baudroyers.

☞ On les appeloit autrefois Maîtres-Courroyeurs, du mot Courroie, parce qu’ordinairement les ceintures étoient de cuir.

CEINTURON. s. m. Ceinture de cuir, de soie, ou d’autre matière, à laquelle on attache des pendans pour passer une épée. singulum militare, balteus. Ceinturon de soie, de maroquin.

CEL.

CEL. pronom masculin. On le disoit autrefois pour ce. Hic.

Cel Chevalier dessus cel charme. Percev.

CELA. Pronom démonstratif & indéclinable, qui se dit d’une chose qu’on montre, ou qu’on présente, & qui n’a point de pluriel. Hæc res, ea res.

Cela est bien ; cela me fait plaisir ; ne me parlez point de cela.

☞ On remarquera que quand ce pronom va seul, & sans opposition à ceci, il a la même signification, c’est-à-dire, qu’il désigne une chose qu’on tient ou qu’on montre. Que penseriez-vous de cela ? Cela est fort beau.

☞ C’est tout le contraire quand on l’emploie par opposition à ceci, & il désigne alors une chose plus éloignée. Cela est plus solide, ceci est plus élégant ; je ne veux point de ceci, donnez-moi de cela.

☞ On dit ironiquement, en parlant d’une action que l’on condamne ; cela est bon ; & familièrement en parlant de quelqu’un qu’on a vu enfant ; je vous ai vu que vous n’étiez pas plus grand que cela, parce qu’alors la main de celui qui parle, montre la petite taille qu’il veut désigner.

Cela se dit quelquefois pour signifier, cet homme, mais dans le style simple & familier. Is, iste. Cela ne fait que jouer. Cela ne fait que jurer. Vaug. Bouh.

CÉLADON. s. m. Couleur verte, mêlée de blanc, ou qui tire sur le blanc. Color thalassinus ex viridi albicans. La peluche de cette anémone est celadon. Le céladon est un bleu verdâtre, ou vert bleuâtre. Ce mot est un véritable adjectif pris substantivement.

Céladon, est aussi un nom propre de Berger. On trouve souvent ce mot dans les Eclogues, & les Idylles des Poëtes.

☞ On dit d’un homme à beaux sentimens, en matière de galanterie, que c’est un Céladon.

☞ CELAMA. Ville des Indes dans l’Ile de Banda, l’une des Moluques.

☞ CELANO. Celanum. Petite ville avec titre de Comté dans l’Abruzze ultérieure, au Royaume de Naples, sur le lac du même nom, ou pour parler plus exactement, près de la source d’une petite rivière qui tombe dans ce lac, à deux milles & demi du lac.

CELANTES. Mot technique ou artificiel, que l’on donne en Logique au second mode indirect de la première figure des syllogismes. Celantes. Les syllogismes en celantes ne diffèrent des syllogismes en celarent qu’en ce que dans ceux-là la conclusion est renversée, & que l’attribut en est le véritable sujet.

Tous les maux passagers ne sont point à craindre.
Tous les maux de la vie présente sont passagers ;
Donc nul des maux qui sont à craindre, n’est un mal de cette vie.

CELARENT. Terme artificiel que l’on donne en Logique au second mode direct de la première figure. Celarent. Un argument en celarent a la majeure universelle négative, la mineure universelle affirmative, & la conclusion comme la majeure, & dont le moyen terme est le sujet dans la majeure, & l’attribut dans la mineure.

Nul pêcheur impénitent ne doit s’attendre d’être sauvé.
Tous ceux qui meurent après s’être enrichis des biens de l’Eglise, sans les avoir restitués, sont des voleurs impénitens.
Donc nul d’eux ne doit s’attendre d’être sauvé.

CELATE. Vieux mot, qui veut dire salade, heaume, Casque. Galea. Borel croit que les casques ont été appelés celates à cælatura, à cause des figures d’animaux & d’autres choses qu’on mettoit sur les casques.

☞ CELEBES. (Ile de) île de la mer des Indes, sous l’équateur, qui la coupe en deux parties inégales, entre les Philippines au nord, les Moluques au Levant & au midi & l’Ile de Bornéo au couchant. On lui donne 100 lieues de longueur & 68 de largeur. Il y avoit autrefois six Royaumes dans cette Ile : elle n’en contient plus que deux, celui de Celebes vers le septentrion, & celui de Macassar vers le midi.

☞ Les habitans étoient autrefois antropophages & idolâtres. Quand quelque habitant des Moluques étoit condamné à mort, le Roi de Ternate l’envoyoit dans l’Ile des Celebes, afin que ces Sauvages le tuassent & le mangeassent. Ils ont embrassé le Musulmanisme.

CÉLÉBRANT. s. m. Prêtre, ou Prélat, qui dit la Messe, qui officie. Rei sacræ minister.

CÉLÉBRATION. s. f. Action de célébrer. Celebratio. Il faut se tenir dans le respect pendant la célébration de la Messe. On délivre des certificats des célébrations des mariages. On dit aussi, la célébration d’un Concile. La célébration d’une fête, de l’Office divin.

Célébration se dit aussi des jeux & des combats athlétiques des Anciens. Les chaleurs qu’il faloit essuyer dans la célébration des jeux mettoient la patience des athlètes à une rude épreuve. Acad. des B. L. T. I, Mém. p. 225.

CÉLÈBRE. adj. m.f. Qui est en réputation. Celeber, celebris. Un Avocat, un Prédicateur célèbre. Une histoire célèbre. Une Foire célèbre, bien fréquentée.

☞ Rien n’est plus ordinaire que d’employer indifféremment les mots célèbre, illustre, fameux, renommé ; & tous nos Dictionnaires nous les donnent comme synonymes. Cependant, quoique tous ces termes marquent l’opinion que les hommes ont