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COA — COB

Bartoli, Jésuite, a fait, en italien, un Traité de la glace & de la coagulation.

☞ Il y a coagulation entre deux liqueurs mêlées ensemble, lorsque leurs molécules s’embarrassant & s’accrochant mutuellement, le mêlange acquiert une consistance que ses parties n’auroient pas, si elles étoient prises séparément. Il suffira de faire remarquer qu’il n’y a coagulation entre deux liqueurs, que lorsque l’une se mêle avec l’autre, à peu près comme un acide se joint à son alcali, & lorsque le tout a des molécules trop massives pour recevoir de la part de la matière ignée un mouvement en tout sens.

☞ Le mot de coagulation signifie également l’état d’une chose coagulée, & l’action par laquelle elle se coagule.

COAGULER. v. a. Réduire une chose liquide en substance solide, lui donner de la consistance. Coagulare. C’est arrêter & fixer le mouvement des parties insensibles d’un corps liquide, comme lorsqu’on mêle le lait, ou le sang avec des acides. Les venins froids coagulent le sang, l’empêchent de circuler. La présure coagule le lait, & le réduit en fromage.

Il est aussi récip. Le sang extravasé se coagule. Il ne se dit guère que dans le dogmatique.

Coagulé, ée, part. Coagulatus.

☞ COAGULUM, s. m. terme de Chimie & de Physique, emprunté du latin pour exprimer une matière coagulée, une concrétion formée par le mêlange de deux liqueurs. Coagulum. On admet d’autant plus volontiers ces sortes de mots, qu’ils servent à distinguer nos idées, à la exprimer plus précisément, & à ôter les équivoques. L’eau de Bourbonne, mêlée avec le sel de tartre, fait un coagulum. Acad. 1700, Hist. p. 69. Le sel marin avec l’huile de vitriol, fermente avec bruit, & élève beaucoup de fumée ; la liqueur devient épaisse, & forme une espèce de coagulum ou gelée claire. Geoffroy, Acad. des Sc. 1700, Mem. p. 113. Cette agitation, quelque violente qu’elle paroisse, n’est pas assez considérable pour rompre entièrement le coagulum, qui se forme dans la liqueur. Id. p. 118. Dans le mêlange des autres sels avec des acides plus foibles, le coagulum ne s’y rend presque pas sensible. Id. L’eau est très-propre à dissoudre ce coagulum. Id. p. 121. Coagulum signifie en général tout épaississement qui s’est formé dans quelque liqueur, & en particulier une concrétion de lait ou de liqueur laiteuse dans l’estomac des animaux qui têtent, comme dans celui du veau, du poulain, du lièvre, &c. On l’appelle aussi caillé : il est de quelque usage en Médecine. Col. de Villars.

☞ Le sang sortant des vaisseaux, reçu dans une palette, se refroidit, se coagule, & se partage en deux parties, dont l’une est un coagulum, qu’on appelle la partie rouge du sang. L’autre fluide & blanche se nomme la partie limphatique.

☞ COALEMUS ou COALÈME, s. m. terme de Mythologie. Dieu tutélaire de l’imprudence.

COAILLE. s. f. Ce mot autrefois se disoit, pour grosse laine. Lana crassior. Borel croit que coaille vient de queue, qu’on écrivoit quoue ; la plus mauvaise laine des animaux étant à la queue, on l’appelle quoaille ou coaille.

COAILLER, terme de Chasse, qui se dit quand les chiens quêtent la queue haute sur de vieilles ou nouvelles voies.

☞ COALITION, s. f. terme dogmatique. Réunion des parties qui avoient été séparées, du verbe coalere, se réunir. Ce mot est très-énergique & on ne peut lui substituer que des périphrases. Malgré cela il est peu usité.

☞ COANNE. s. f. Nom que l’on donne à l’espèce de tortues de mer qui sont les plus grandes. L’écaille & la chair n’en sont pas bonnes.

☞ COARCTER, v. a. terme de Jurisprudence. Ordonnons que la partie de N. répondra précisément & distinctement aux faits coarctés par la partie de N. lui donnons acte de sa plainte des trois faits articulés dans la requête présentée au Commissaire départi dans la Généralité de Limoges & coarctés dans la requête du 21 Fév. 1750. Arrêt du Grand Conseil.

COARS, adj. vieux mot. Timide, craintif. Gloss. des Poës. du Roi de Nav.

COASSEMENT, s. m. cri des grenouilles. Ranarum clamor, coaxatio.

COASSER, v. n. mot fait pour exprimer le cri des grenouilles. Coaxare. Les grenouilles sont importunes en été, quand elles coassent. On dit que si on met de la lumière dans les fossés d’un Chateau, cela empêche les grenouilles de coasser.

COATI. s. m. C’est un animal du Brésil diversement décrit par les Naturalistes, qui a un museau long d’un pié, rond comme un baton, à peu près comme la trompe d’un éléphant, comme disent De Leri & Marcgravius. Cependant il n’en a rien que la mobilité ; car il ressemble davantage à un groin de pourceau. De Laer en fait deux espèces ; l’un qui a le poil roux par tout le corps, est appelé simplement coati, & c’est la femelle : l’autre, qui n’a que le ventre & la gorge de cette couleur, qu’on appelle coati mundi. On en a disséqué un de cette espèce à l’Académie des Sciences, qui avoit six pouces depuis le bout du museau jusqu’à l’occiput, qui en avoit 16 jusqu’à la queue, laquelle en avoit 13 de long. Il étoit haut de six pouces. Ses pattes avoient cinq doigts, & les ongles crochus, noirs & creux, comme le castor. Son poil est court, rude & bouchonné, noir sur le dos & aux extrémités des pattes & du museau, au reste du corps mêlé de noir & de roux. Il avoit des yeux de cochon, des oreilles de rat, des dents triangulaires & pointues, la gueule grande & bien fendue, & la machoire d’en bas beaucoup plus courte que celle d’en haut. Cet animal a coutume de ronger sa queue. Quelques-uns l’ont voulu faire passer pour le sagouin, qui est une espèce de guenon : car sa queue approche de la longueur de celle des singes qu’on nomme cercopitheci.

☞ COATIAS, s. m. nom qu’on donne au Brésil à un animal qui ressemble à nos lièvres par sa taille, par sa figure, & par le goût de sa chair.

COATLI, s. m. nom que les Mexicains donnent à un grand arbrisseau de la nouvelle Espagne, dont le bois est appelé bois néphrétique, qui est en usage dans la Médecine. Voyez Néphrétique.

COB.

COBALE. s. m. Cobalus. Le Scholiaste d’Aristophane sur le Plutus, v. 279, dit que les Cobales étoient des génies malins & trompeurs, de la suite de Bacchus. Ce mot est grec, & signifioit chez les Grecs à peu près ce que signifie chez nous un Escamoteur, un filou, un Bohémien. Κόϐαλος (Kobalos), dit le même Scholiaste, sur le v. 1047 de la Comédie des grenouilles, est la même chose que πανοῦριος (panourios), c’est-à-dire, un rusé, & sur le v. 270 de la Comédie intitulée Les Cavaliers, il dit, qu’il signifie trompeur, filou : Hésychius l’interprète encore un jaseur, un causeur, un hableur ; & d’autres, selon lui, l’expliquent par ματαίος (mataios), un diseur de fadaises, ou de bagatelles ; & d’autres, un débauché, un rieur, un railleur, un bouffon. On les appeloit aussi, selon le Scholiaste cité, Κορυνοφόρος (Korunophoros), Corynephore ; c’est-à-dire, qui porte une massue, un Garde. Les Cobales étoient donc des gens de la suite de Bacchus, & comme ses Gardes : mais qui étoient en même temps ses bouffons, qui par leurs bons mots, leur babil, leurs tours de passe-passe, leurs ruses, escamotoient tout ce qu’ils pouvoient, & filoutoient les gens. On prétend que ce sont ces esprits folets que l’on dit que l’on voit encore quelquefois, dont il y a, dit-on, grand nombre en Sarmatie, que les Sarmates appelles Drulles ; les Russiens Ko-