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BOU

ordinairement 15 ou 20 livres. Ils la mettent dans des calebasses, bien bouchées avec de la cire, de crainte qu’elle ne soit mouillée. Oexm.

☞ BOUCARO. s. m. Espèce de terre sigillée, rougeâtre, qui vient d’Espagne, où elle s’appelle Boucaros. On en fait différens vases, tels que des pots, des théières, &c. Acad. Fr.

BOUCASSIN. s. m. Etoffe de coton, ou de lin, qui est entre le treillis & le bougran, qui sert aux doublures, qui est mise en œuvre comme la laine. Linteum textum, à sullone subactum ac tinctum.

BOUCASSINÉ, ÉE. adj. Fait à la manière du boucassin. Il n’est en usage qu’avec le mot de toile. De la toile boucassinée. Acad. Fr.

BOUCAUT. s. m. Mot dont on se sert en quelques endroits, & qui signifie un moyen tonneau ou vaisseau de bois servant à renfermer diverses sortes de marchandises, sèches & liquides. On le dit aussi de la chose qui y est contenue. Boucaut de vin, de girofle, de cannelle. On a dit aussi bouchel pour dire, un barril à vin. Voyez Boucal.

Boucaut, est aussi le nom que l’on donne à l’embouchure de quelque rivière comme celle des Basques & des Landes.

☞ BOUCHAGE, s. m. C’est dans les grosses forges, une certaine quantité de terre détrempée & pétrie, dont on se sert pour fermer la coulée. Voyez Coulée.

BOUCHAIN. Ville des Pays-Bas, dans le Hainaut, sur l’Escaut. Bocanium. Bouchain fut bâtie par Pépin, en mémoire de la victoire qu’il remporta en ce lieu sur Théodoric, Roi des Goths. Phil. Petit, Dominicain, a fait l’histoire de Bouchain, imprimée à Douay, en 1659, in-8°.

☞ BOUCHARA. Voyez Bokharah.

BOUCHARDE. s. f. Outil de Sculteur en marbre, qui est une espèce de ciseau taillé en plusieurs pointes de diamant fort acérées. Scalprum cuspidatim sectum. On se sert de cet outil, quand on veut faire dans le marbre un trou d’égale largeur, à quoi les outils tranchans ne seroient pas propres. On frappe sur la boucharde avec la masse, & les pointes mettent le marbre en poudre, en le meurtrissant. Cette poudre sort par le moyen de l’eau qu’on verse de temps en temps dans le trou, à mesure qu’on le creuse ; ce qui empêche le fer de s’échauffer, & l’outil de perdre la trempe. Ceux qui travaillent avec la boucharde, la passent dans un morceau de cuir percé, afin que l’eau ne leur rejaillisse pas au visage.

☞ BOUCHARIE. Voyez Buccarie.

☞ BOUCHAUD. Abbaye de France, dans le Périgord, ordre de Cîteaux.

BOUCHE, s. f. ☞ Partie du visage de l’homme par où sort la voix, & par où se reçoivent les alimens. Elle est composée des lèvres, des gencives, & des dents, du dedans des joues, & du palais. Os. Toutes ces parties, excepté les dents, sont tapissées d’une tunique glanduleuse où sont les conduits excrétoires de la salive, qui entretient dans la bouche & dans toutes ses parties l’humidité & la souplesse. Voyez Salive.

☞ La bouche de presque tous les animaux s’appelle gueule.

Les morceaux trop hâtés se pressent dans la bouche. Boil. On dit, dire de bouche de vive voix, parler bouche à bouche ; pour dire, parler à la personne même à qui on veut faire savoir quelque chose. Il est plus expédient de consulter de bouche que par écrit. Ablanc. Lorsque nous sommes ensemble, & que nous nous disons tout ce qui nous vient à la bouche, pour dire, lorsque nous nous parlons sans contrainte. Vous me l’avez arraché de la bouche, malgré la résistance de ma raison, (S. Evr.) pour dire, vous m’avez forcé de parler, & de vous dire ce que je devois taire. Il m’a mis dans la bouche un nouveau cantique. Port-R. Je n’ai point eu la bouche fermée, quand il a fallu parler de vos merveilles. Id.

☞ On dit qu’une nouvelle va de bouche en bouche, per manus, de manu in manum, pour dire, qu’elle devient publique.

Oui, malgré les obscurités
Qui nous cachent des vérités,
Mon cœur n’en doute point, ma bouche les confesse. L’Abbé Tétu.

Fuyez donc ces amis dont la bouche timide
N’a pour tous les absens qu’un silence perfide. Vill.

Mais un cœur pour parler n’a-t-il qu’un interprète ?
Ne dit-on rien des yeux, quand la bouche est muette ? Racine.

Un Auteur ne fait pas de faciles conquêtes,
Il trouve à le siffler des bouches toujours prêtes.

Boileau


☞ On appelle poëtiquement la Renommée, la Déesse aux cent bouches.

On dit d’une grande bouche, qu’elle est fendue jusques aux oreilles. Rictum habere diductum vastius. On dit, faire la petite bouche ; pour dire, affecter de faire paroître qu’on a la bouche petite, Elegantiorem oris parvi compositionem affectare. On le dit aussi pour faire paroître qu’on est petit mangeur, qu’on est délicat au choix des viandes. Inter vescendum delicias facere, præferre exigui cibi laudem & gloriam. On le dit figurément d’un homme qui ne veut pas s’expliquer clairement, qui ne veut pas dire tout ce qu’il fait d’une affaire ; & au contraire, on dit qu’il n’en fait pas la petite bouche ; pour dire, qu’il déclare franchement tout ce qui en est. Mais tout cela est du style familier. L’Abbé de Choisi, dans sa Relation du Voyage de Siam, dit que la Reine de Siam fait coudre la bouche aux Dames de sa Cour, quand elles parlent trop en sa présence ; & qu’elle la leur fait fendre jusqu’aux oreilles, quand elles ne parlent pas assez. Quand on voit un morceau délicat, l’eau en vient à la bouche. La raison est, que comme les esprits qui sont dans les nerfs du nez & des yeux, ne sauroient être considérablement ébranlés par l’odeur de quelque morceau délicat qui les frappe, ou par les espèces de quelque chose qui a flatté notre goût, sans que cet ébranlement passe bientôt à la bouche, il arrive que les conduits salivaires, qui sont alors pressés par la contraction des anneaux nerveux qui les environnent, font couler la salive, qui est rendue plus liquide par les esprits qui s’y mêlent alors, & qui la font quelquefois pétiller. On dit proverbialement d’une chose qui se mange, & dont on a envie, que l’eau en vient à la bouche, pour marquer l’envie qu’on en a.

☞ On le dit figurément de ce qui est agréable, & qui donne quelque idée de plaisir.

Bouche, le dit aussi des personnes qu’il faut nourrir. Il a tous les jours cent bouches à nourrir. Centena ad mensam capita. On a chassé de la ville les bouches inutiles, c’est-à-dire, ceux qui étoient incapables de défenses. Il y a plus de cent mille bouches à l’armée.

En ce sens on appelle dépense de bouche, celle qu’on fait seulement pour la nourriture de soi & de sa famille. Nous avons pris sur notre bouche la dépense de ses funérailles. (Patru.) pour dire, nous avons pris sur la dépense de bouche, pour fournir aux frais de ses funérailles.

On dit aussi populairement, qu’un homme est sujet à la bouche, qu’il est sur la bouche ; pour dire, qu’il est gourmand. Gulæ deditus, vorax, gulæ parens. On dit qu’un homme s’est ôté le morceau de la bouche, pour dire qu’il s’est privé du nécessaire. On dit qu’une chose fait bonne bouche, quand elle laisse un bon goût dans la bouche. Edulium palato blandiens, ou grati odoris. On dit aussi, garder une chose pour la bonne bouche, pour dire, garder la meilleure chose pour la servir la dernière, On dit figurément, qu’on laisse les gens sur la bonne bouche, quand on interrompt le discours à l’endroit qui est le meilleur, &