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ARA

des vers de terre, quand on leur en donne par morceaux : elles aiment fort la substance molle & tendre, qui remplit les plumes des jeunes oiseaux, avant qu’elles soient parvenues à leur partait accroissement ; les jeunes araignées qui ne font que d’abandonner leurs coques, la préférent à toute autre nourriture ; mais ni les grandes, ni les petites ne mangent point de chair. Voyez l’Hist. de l’Acad. des Sciences, 1710, où il y a une dissertation de M. de Réaumur, principalement sur les araignées qui donnent de la soie.

Edouard II, Roi d’Angleterre, avoit pour dévise une araignée faisant sa toile, malgré un grand vent qui l’agitoit, avec ce mot, Ardentiùs ibo. Des araignées qui s’attachoient à un étendart, passoient chez les Romains pour un mauvais augure. Bulenger en rapporte des exemples. De Prodig. ch. 33.

On appelle la Vive, Dragon ou Araignée de mer. Vitruve, Liv. IX, dit qu’Eudoxe Astrologue inventa un cadran sur la figure d’une toile d’araignée : & en effet le cadran équinoxial se peut faire en forme d’une toile d’araignée, dont on voit des exemples dans la Gnomonique de Clavius.

Araignée se dit aussi de la simple toile, & des fils que font les araignées. Araneæ tela. Les maisons des pauvres sont pleines d’araignées. Ainsi Maynard a dit dans une épigramme aux Muses,

Et c’est pour vous avoir peignées
En Demoiselles du Marais,
Que mon coffre est plein d’araignées.

Maynard a pris cette pensée & cette expression de Catulle ;

… Nam tui Catulli
Plenus sacculus est aranearum,

pour dire, qu’il est pauvre, qu’il n’y a point d’argent dans sa bourse, dans son coffre.

On dit d’une toile fort fine, qu’elle est claire comme une toile d’araignée. On dit aussi des doigts d’araignée, pour dire, des doigts longs & maigres. Un Ancien disoit, que les lois étoient des toiles d’araignées : elles arrêtent les mouches, & les frelons les rompent. ☞ M. Bon, dont on a parlé au commencement de cet article, a tiré des araignées une soie, dont il est parvenu à faire des bas & autres ouvrages aussi forts, & presque aussi beaux que les ouvrages faits avec la soie ordinaire. Voyez au mot Soie.

Araignée, en terme de guerre, se dit du travail d’un Ingénieur, lorsqu’ayant dessein de faire une mine, & que rencontrant quelque obstacle qui l’empêche de la faire dans le lieu destiné, il est contraint de s’écarter par plusieurs rameaux, branches ou canaux, qui finissent tous par de petits fourneaux. On fait jouer tous ces fourneaux à la fois, par le moyen des traînées de poudre qui y portent le feu.

Araignée, en terme d’Astronomie, est le nom qu’on donne à la dernière platine de l’Astrolabe, qui est percée à jour, où sont marquées les étoiles fixes, & qu’on pose sur toutes les autres, quand on veut faire quelque opération.

Araignées, en terme de Marine, sont des poulies particulières par où viennent passer des cordages appelés marticles, qui ont plusieurs branches & filets représentant une toile d’araignée. ☞ Elles se réunissent en même tems sur l’étai. Il y a à l’avant de chaque hune, une araignée qui empêche la voile de frotter contre la hune.

Araignée, sorte de filet qu’on tend pour prendre les oiseaux de proie, avec le duc.

Araignée se dit encore d’un crochet de fer à plusieurs branches qu’on attache à une corde, pour tirer d’un puits des sceaux qui se sont détachés de la chaîne. On ne dit plus en Anjou, comme du tems de Ménage, Irentaigne ; mais Iraigne.

Araignée. Terme de Conchyliologie. Nom d’un coquillage de mer de la famille des Univalves. Araneus concha, Aranea. Il y a l’araignée mâle, & l’araignée femelle. Une petite araignée mâle. Gersaint.

Ce mot vient du grec ἀράχνη, que quelques-uns font venir d’ἀραίος, qui signifie, rare, délié, subtil. Il n’y a rien de plus délicat que les toiles d’araignées. Il est bien plus vraisemblable que ce mot vient de l’hébreu ארג, arag ; non pas que ce mot signifie dans cette langue araignée, comme on l’a dit, & fait dire à Bochart très-mal à propos dans le Moréri, où l’on n’a pas entendu le Dictionnaire d’Hofman que l’on traduisoit ; mais parce que ce verbe signifie texere, faire un tissu, faire de la toile, qui se dit en Is. LIX. 5. de l’araignée, que David de Pomis définit un insecte qui fait de la toile, שאורג ארג, pour prendre des mouches aux fenêtres, se servant deux fois de ארג, & pour marquer l’action, & pour marquer l’ouvrage de cet animal, qu’un autre Rabin, appelé Menahhem, nomme ארוגח, aruga la toile de l’araignée. Ainsi il faut dire que le ג ou G hébreu s’est changé en grec en χ de même que souvent le χ grec se change en G latin, comme en χάλϐανη, Galbanum ; λείχω, linge ; ἄγχω, ango &c. qu’ensuite d’ἀράχνη on a fait en latin aranea, comme lana de λείχνη, en retranchant le χ, comme le prétendent plusieurs Grammairiens. C’est-là ce que dit Bochart, Hieroz, Liv. IV, ch. 23, p 608. Voyez aussi le P. Thomassin dans son Glossaire.

ARAINS. s. m. pl. Armoisins, ou taffetas rayés & à carreaux, qui viennent des Indes. Voyez Armoisin des Indes.

ARAIRES. adj. pris substantivement. Terme de Coutume. En Bresse on appelle araires les instrumens de l’agriculture. Agriculturæ instrumenta. Ce mot vient du mot latin arare, labourer, qui s’est formé d’ἀρόω, qui vient, selon Guichard, d’ἀρόσσω, qui s’étoit fait, à ce qu’il croit, de l’hébreu חרש, hharasch : d’arare s’est formé Ararium, & de-là Araires.

ARAISNIER. v. a. Vieux mot. Arrêter, toucher quelqu’un, lui parler. Poësies du Roi de Navarre.

ARAK ou ARACK. s. m. Espèce d’eau-de-vie que font les Tartares Tungutes, sujets du grand Duc de Moscovie. Cette eau-de-vie se fait avec du lait de cavalle qu’on laisse aigrir, & qu’ensuite on distile à deux ou trois reprises entre deux pots de terre bien bouchés, d’où la liqueur sort par un petit tuyau de bois. Cette eau-de-vie est très-forte & enivre plus que celle du vin. C’est la même liqueur que celle qu’on appelle tafia en Amérique.

ARALIA. s. f. Espèce d’Angélique. Ses fleurs ont plusieurs feuilles ; ses feuilles sont disposées en forme de roses. Elles sont nues, croissent à la sommité de l’ovaire ; quand la fleur est passée, le calice devient un fruit globuleux, doux, succulent & plein de semences oblongues. On compte quatre sortes d’Aralia.

ARALIASTRUM. s. m. C’est une espèce de plante dont la fleur est parfaite, régulière, à plusieurs feuilles, & hermaphrodite, posée sur l’ovaire qui est surmonté d’un calice découpé en plusieurs parties, qui se change en une loge, dans laquelle on trouve pour l’ordinaire deux semences plates & demi-circulaires, qui représentent une espèce de cœur. La tige qui est seule, se termine en une ombelle, dont chaque pointe ne porte qu’une fleur. Sur le milieu de la tige s’élèvent plusieurs pédicules, de l’extrémité desquelles sortent plusieurs feuilles semblables à des rayons, ou à une main ouverte.

ARAM. Pays que les Septante ont pris pour la Mésopotamie. Aram. Balec, Roi des Moabites, avoit fait venir Balaam d’Aram, pour faire des imprécations contre les Israëlites.

On prend aussi ce nom pour la Syrie, d’où vient que la langue syriaque s’appelle la langue aramique. ☞ Ce nom fut donné à la Syrie, à cause d’Aram, cinquième fils de Sem, dont les descendans peuplerent la Syrie, & furent nommés Araméens. Voyez Gen. ch. 10. v. 22.

Aram est encore le nom d’une ville de la demi tribu de Manassé, d’au delà du Jourdain. Aram.

ARAMA. C’est la ville appelée autrement Jérimoth. Voyez ce mot. C’est aussi le nom d’une ville forte de