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manche creux fait le canon du pistolet, & à l’épée, ou au plan de la lame, est appliqué le canon ou pistolet vers la garde.

Armes courtoises. Les armes dont on se servait autrefois dans les tournois. C’étaient ordinairement des lances sans fer, des épées sans taillant ni pointe ; souvent des épées de bois, quelquefois des cannes. Le Gendre. Sur la fin du tournoi se faisoient les joutes sans annonce, sans prix, sans défi, & avec des armes courtoises, c’est-à-dire, qui ne blessoient point. Le Gendre.

Armes à outrance. C’étoit un duel, comme les joutes ; mais un duel de six contre six, quelquefois de plus ou de moins, presque jamais de seul à seul. Duel fait sans permission, avec des armes offensives entre gens de parti contraire, ou de différente nation, sans querelle qui eut précédé, mais seulement pour faire parade de ses forces & de son adresse. Un héraut d’armes en alloit porter le cartel, dans lequel était marqué le jour & le lieu du rendez-vous, combien de coups on devoit donner, & de quelles armes on se devoit servir. Le défi accepté, les parties convenoient des juges. On ne pouvoit remporter la victoire qu’en frappant son antagoniste dans le ventre, ou dans la poitrine. Qui frappoit aux bras & aux cuisses, perdoit ses armes, & son cheval, & étoit blâmé par les Juges. Le prix de la victoire étoit la lance, la cotte d’armes, l’épée, ou le casque du vaincu. Ce duel se faisoit en guerre & en paix. A la guerre, avant une action, c’en étoit comme le prélude. On en voit quantité d’exemples, tant dans l’Histoire de S. Louis, que dans celle de ses successeurs, jusqu’au règne de Henri II. Le Gendre.

Le Pas d’Armes. Autre combat qui se faisoit avec plus de cérémonie que celui des armes à outrance. Un Roi d’armes & ses hérauts alloient en faire les annonces à la Cour, dans les grandes villes, & dans les pays étrangers, longtemps avant qu’il fût ouvert. Ce Pas étoit un passage, d’ordinaire en rase campagne ; quelquefois un Chevalier seul, souvent deux ou trois ensemble, entreprenoient par vanité de le défendre contre tous venans. Le Pas étoit formé par une barricade. A la tête de ces barricades étoit l’Ecu des Tenans, & à côté six autres Ecus de couleurs toutes différentes, qui marquoient les divers combats à la lance, à l’épée, au poignard, à la demi pique, à pied, ou à cheval, qu’on étoit prêt de soutenir. Le Gendre. Le Pas de l’arc triomphal fut entrepris ainsi à Paris dans la rue S. Antoine en 1514, aux secondes noces de Louis XII. Id.

Armes. On appelle aussi armes, les défenses naturelles des animaux, les griffes, les dents, les aiguillons, les cornes, les défenses des éléphans, le bec des oiseaux.

Armes. Selon leur signification, en droit, s’entend de tout ce qu’un homme en colère prend dans sa main, pour jeter à quelqu’un, ou pour le frapper. Bâton, pierre, &c.

Armes, signifie aussi la profession, le métier d’un homme de guerre. Militia. C’est le devoir d’un gentil’homme de suivre, de porter les armes.’Veut on qu’un homme né parmi les armes n’ait rien de soldat que quand il voit les ennemis ? Le Ch. de M. Cet homme est né pour les armes. Faire ses premières armes, c’est faire sa première campagne. ☞ Brantôme est le premier Ecrivain qui ait fait usage de cette expression. Après bien des contradictions elle a passé en usage.

Il faut cependant observer que faire ses premières armes, ne se dit que dans un style un peu élevé ; & qu’en parlant de quelqu’un dans un discours familier on devroit plutôt dire, il fit ses premières campagnes dous M. de Turenne. Bouhours.

Armes, se prend encore pour les exploits de guerre, pour les actions éclatantes que l’on fait par le moyen des armes. Facta bellica. C’est uniquement à ses armes qu’il est redevable de sa fortune, & de son élévation.

Achille au sang d’Hector doit l’éclat de ses armes,
Et vous n’êtes tous deux connus que par mes larmes.

Racin.

Armes, se dit aussi pour courage, valeur ; pour cette espèce de vertu qui n’est d’usage que dans la guerre. Il n’y a point de lieu où vous n’ayez signalé vos armes. Ablanc. C’est-à-dire, où vous n’ayez donné des marques éclatantes de bravoure.

☞ On appelle suspension d’armes, la cessation de toutes sortes d’actes d’hostilités entre deux partis opposés. Induci. Voyez Trêve.

On appeloit autrefois, hommes d’armes, des cavaliers nobles, dont on faisoit des compagnies d’ordonnance. Ils portoient des lances, & étoient pésamment armés : leurs chevaux l’étoient aussi.

Héraut d’armes, ou Roi d’armes, &c Poursuivant d’armes. Voyez Héraut, Roi, & Poursuivant, à leur ordre, où ces mots sont amplement expliqués.

Armes, en termes d’Escrime. Maître d’armes, ou Maître en fait d’armes ; celui qui montre à faire des armes, Maître d’Escrime. Lanista. Faire des armes, tirer des armes, s’exercer à l’Escrime. Gladiis præpilatis batuere. Gladiatoriam umbratilem exercere. Avoir les armes belles, faire des armes de bonne grâce.

☞ Le mot d’armes, se dit dans un sens figuré de tout ce qui sert à attaquer, à combattre, à détruire un parti, une opinion, une erreur, une passion. Voilà un habile homme, qui fournit des armes à son ennemi contre soi même. Ablanc. Vous vous servez des armes des hérétiques, que l’Eglise a brisées tant de fois. Nicol. Ces hérétiques ont tant d’erreurs, qu’ils fournissent eux-mêmes des armes pour les combattre. Les bons exemples sont les meilleures armes pour combattre les pécheurs. L’innocence de la vie, la constance dans les tourmens, étoient les seules armes que les martyrs opposoient aux tyrans. Contre un pareil malheur la constance est sans armes.

Armes, se dit dans le même sens de tout ce qui est capable de nous engager, de nous charmer, de nous séduire. Les caresses d’une jolie femme sont des armes bien puissantes.

Ce n’est que par des pleurs que vous me répondez
Vous fiez-vous encore à de si foibles armes ?

Racine.

☞ On dit en ce sens, faire tomber les armes des mains à quelqu’un, le fléchir, l’apaiser. Les soumissions qu’on lui a faites, lui ont fait tomber les armes des mains.

☞ On dit d’une femme extrêmement parée, qu’elle est sous les armes.

☞ On dit proverbialement, faire armes de tout, c’est-à-dire, se servir de toutes sortes de moyens pour réussir dans ses desseins. Les armes sont journalières ; peur dire, que tantôt on bat, & que tantôt on est battu : ce qui se dit aussi figurément de ceux qui ne font pas toujours heureux, ou qui ne réussissent pas toujours également bien. Mettre les armes entre les mains d’un furieux ; pour dire, lui donner quelque chose dont il abuse. C’est le sort des armes ; pour dire, c’est un malheur, un hasard de la guerre. On dit aussi populairement s’escrimer des armes de Samson, c’est-à-dire, jouer des mâchoires, parce que Samson défit les Philistins avec une mâchoire d’âne : on le dit aussi avec les armes de Caïn, par la même raison, à cause, que Caïn tua son frère, à ce que l’on prétend, avec une semblable mâchoire.

Armes. Terme de Blason qui n’a point de singulier. Ce sont des marques d’honneur qui se mettent sur les écus, & sur les enseignes, pour distinguer les états, & les familles nobles. Gentilitii scuti insignia, Gentis symholum, Gentis insigne, Gentis tessera, ou Gentile symbolum, &c. Gentilitia tessera, &c. Scutum tesserarium, hieroglyphicum, ou symbolicum Gentis parma symbolica, scutaria imago, icon, tessera. Scutarium insigne. Le blason est la science qui apprend à connoitre, & à bien parler des armes. Trois fleurs-de-lis d’or en champ d’azur, sont les armes de France. Les aigles sont les armes de l’Empire. Il a fait un tel son héritier, à la charge de porter son nom & ses