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chitecture de ce Palais est ornée par-tout de cornes d’abondance. A l’égard des Médailles, on observe qu’elle se donne à toutes les Divinités, aux Génies, aux Héros, pour marquer les richesses & l’abondance, procurées par la bonté des Dieux, & par la valeur des Héros. Quelquefois l’on en met deux, pour marquer une abondance extraordinaire.

L’abondance est quelquefois représentée sur les Médailles, sous la forme d’une Divinité. Elle tient à la main des épis, & elle a à ses pieds un pavot entre des épis sortant d’un boisseau.

On dit proverbialement, de l’abondance du cœur la bouche parle ; pour dire, qu’on ne peut retenir certaines choses, & qu’on est pressé de s’en expliquer. Ce proverbe, si c’en est un, ou plutôt cette phrase est prise de l’Evangile, Matth. XII. 34, Luc, VI, 45, où Jesus-Christ dit : C’est de l’abondance du cœur que la bouche parle, pour marquer que quand on est plein de quelque chose, quand on l’affectionne beaucoup, on en parle souvent. Le Roi parloit de la sorte, & il étoit aisé de juger par la véhémence de son action, qu’il parloit de l’abondance du cœur. Bouh. Xav. L. V.

Le P. Bourdaloue, Exhort. t. i, p. 249, a dit : Si l’abondance du propre sens, ou l’ennui de la dépendance l’avoit porté à quelques sentimens contre l’obéissance & son aveugle simplicité, vous allez tout régler & tout réformer. On dit, Abonder en son propre sens. Voyez Abonder. Mais je n’ai point vû ailleurs l’abondance du propre sens.

Ce mot se dit dans les Colléges, du vin mêlé de beaucoup d’eau, que l’on sert à table aux pensionnaires ; & on l’appelle ainsi, ou parce qu’on en donne abondamment, & tant que l’on veut, ou parce qu’il y a abondance d’eau. Vinum aquâ temperatum.

Abondance. s. m. Nom d’homme. Abundantius. Il y a plusieurs Saints de ce nom.

Abondance. Petite ville de Savoie, dans le Duché de Chablais, au pied d’une chaîne de montagnes, à trois milles géométriques du lac de Genève.

Dans le voisinage de cette ville, il y a une Abbaye appelée Notre-Dame de l’Abondance, qui est aujourd’hui de la Congrégation des Feuillans.

ABONDANT, ANTE. adj. Abundans, affluens, circumfluens, qui abonde, qui procure l’abondance. Un jardin abondant en fruits. La langue Grecque est fort abondante en mots. Cette maison est abondante en biens. Ce Prédicateur est abondant en paroles & en comparaisons. La Perse étoit alors paisible & abondante en toutes choses. Vaug.

Abondant, signifie encore, Grand & ample. Une pluie abondante. Une abondante nourriture. La profusion des louanges est aujourd’hui si abondante, qu’il est surprenant que tant de gens en soient si avides. Port-Royal. Un nombre abondant, en terme d’Arithmétique, est celui dont les parties jointes ensemble par addition, font un autre nombre plus grand que celui dont elles font parties. Ainsi 12, est un nombre abondant, parce que ses parties qui sont 1, 2, 3, 4, & 6, font seize. Harris. Mais 10 n’est pas un nombre abondant, parce que 1, 2 & 5, qui sont ses parties, ne font que 8.

d’Abondant. adv. Insuper, prætereà. Il lui a dit cela d’abondant. Ce mot vieillit, & ne se dit guère qu’au Palais pour marquer la surabondance de droit. A toutes ces raisons, j’ajouterai d’abondant.

ABONDE. s. m. Nom d’homme. Abundius.

ABONDER. v. n. Avoir beaucoup de quelque chose, avoir une grande quantité, & par extension, être en grande quantité. Abundare, affluere, circumfluere. Ce pays abonde en froment, en vin, en fourrages. Cet homme abonde en richesses, en esprit. Toutes sortes de délices abondent en ce lieu. Voit. Cette famille abonde en honnêtes gens. Toutes choses abondent dans cette maison. Tout abonde chez un financier.

On dit figurément, qu’un homme abonde en son sens ; pour dire, qu’il est attaché avec opiniâtreté à ses sentimens, & qu’il ne veut jamais s’en rapporter au sentiment des autres. Pertinax. Cette expression est prise de l’Epître aux Romains, XIV, 5. Il y a pourtant cette remarque à faire, que saint Paul l’a dit en bonne part, au lieu que dans notre langue l’usage est de la dire en mauvaise part. On parleroit mal en disant, Abonder en son sentiment, quoique sens & sentiment soient ici la même chose. Vaug.

On dit au Palais, ce qui abonde ne vicie pas ; pour dire qu’une raison, qu’un moyen de plus ne peut nuire dans une affaire.

ABONNEMENT, ou ABOURNEMENT, ABONNAGE, ou ABOURNAGE. s. m. Traité ou convention, par lequel on abonne, c’est-à-dire, on vend ou on rachete à un prix certain une redevance incertaine. Clientelaris juris venditio, vel redemptio. Ce mot vient de ce qu’on met de certaines bornes & limites aux droits incertains qu’on pourroit prétendre. Paq. On disoit même autrefois bonnes pour bornes, ou limites. C’est pourquoi on disoit, Abonner un héritage ; pour dire, y mettre des bornes. Ménag. Il est abonné à tant par an pour tous droits Seigneuriaux. Ce Marchand est abonné à cent écus par an avec le Douanier, pour les droits d’entrée de toutes ses marchandises. Il se dit avec le pronom personnel : Je m’abonnai, je suis abonné. Dans plusieurs Coutumes, les roussins de service sont abonnés à un écu. Les abonnemens avec les Sous-Fermiers des Aides sont obligatoires, pourvû qu’ils soient rédigés par écrit, & il est défendu d’en recevoir la preuve par témoins. Ordonn. de 1680 sur le fait des Aides.

ABONNER, ou ABOURNER. v. a. Terme de Palais. Estimer & réduire à une certaine somme d’argent un droit qu’on recevoit ou qu’on payoit en espèces, & dont le prix étoit incertain. Clientelaria jura vendere, vel redimere. Dans l’usage ordinaire on dit abonner, & non pas abourner. On a abonné cette Province à telle somme.

Abonner, est aussi quelquefois neutre passif, & l’on dit : Je suis abonné à tant avec le Fermier des Aides ; c’est-à-dire, je suis convenu avec lui qu’au lieu de lui payer à chaque tonneau de vin que je ferai entrer, ou que je vendrai, la somme qui lui revient, je lui donnerai par an ou par mois, une telle somme pour tous ceux que je pourrai faire entrer, ou vendre. En cette forme on le joint quelquefois au pronom personnel. Je me suis abonné. Il s’étoit abonné. Vous vous seriez abonné.

Abonner, signifie aussi, Aliéner, changer : c’est quand un vassal aliène ses rentes, ou change son hommage en quelque autre devoir. Abalienare, commutare. Voyez les Coutumes d’Anjou & du Maine. L’ancienne Coûtume de Tours portoit aliéner, au lieu d’abonner, qui est en la nouvelle.

ABONNÉ, ÉE. part. Venditus, vel redemptus. Champart abonné ou abourné. Les Coutumes font aussi souvent mention d’hommes & de femmes serfs abonnés, de quête abonnée, d’aides abonnées ; c’est-à-dire, fixées.

On dit aussi, Des Meûniers abonnés au Seigneur, pour avoir permission de chasser, & de chercher les mounées dans sa Seigneurie.

On dit aussi, Taille abonnée en la Coutume de Nevers, & abournée en la Coutume de Troyes.

ABONNI, IE. part. Melior redditus, effectus. En salant les viandes, elles en sont abonnies. La Quint. Ce mot se dit peu.

ABONNIR. v. a. & pron. Rendre meilleur, ou devenir meilleur. Rem meliorem facere, meliorem fieri. Les Cabaretiers trouvent moyen d’Abonnir leur vin par des drogues qu’ils y mêlent. On le dit aussi avec le pronom personnel. Cet homme s’abonnit tous les jours depuis qu’il hante les gens de bien. Les fruits s’abonnissent en mûrissant. Ce mot se tire du Latin bonus, bon. Il n’est en usage que dans la conversation.

Abonnir est aussi neutre, & signifie Devenir meilleur. C’est un vieux pécheur, il n’abonnit point en vieillissant. Il est familier. Acad. Fr.

Abonnir. Terme de Potier, qui signifie Faire sécher le carreau, & le mettre en état de rebattre. Siccare, durare.

☞ ABONOÉ. Petit pays d’Afrique, au dedans de celui des Nègres, confinant à l’occident à Aguemboe, au