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Orateurs, qui avoient souvent alors à parler dans des assemblées du peuple, en place publique, même en plein champ. Or ces Médecins comptoient tous que la voix étoit le son de l’âpre artère, car les plus anciens Médecins ne connoissoient point d’autre artère ; & c’est pour cela qu’ils appeloient ces remèdes artériaques. Dodart, Acad. des Sc. 1700. Mém. p. 269.

ARTÉRIEL, ELLE. adj. Qui appartient à l’artère. Sang artériel. Le canal artériel du fœtus sert à décharger les poumons. Duverney, Acad. 1699. Mém. pag. 254. Voyez Artérieux qui suit.

ARTÉRIEUX, EUSE. adj. Qui appartient à l’artère. Sanguis arterias permeans. Sang artérieux, qui est plein d’esprits. Il est mieux de dire sang artériel. Autrefois on disoit artérial, mais ce mot n’est plus en usage. Les Anciens appeloient le tuyau qui porte le sang du ventricule droit du cœur dans le poumon, veine artérieuse. On l’appelle à présent l’artère pulmonaire, parce que c’est une véritable artère, & qu’elle se distribue dans le poumon.

☞ ARTÉRIOGRAPHIE. Voyez Artériologie.

ARTÉRIOLE. s. f. Terme d’Anatomie. Petite artère, artère capillaire. Arteriola, Arteria capillaris. Lorsque l’air s’échappe de l’eau qu’un poisson a respirée, il va se joindre au sang dans toutes les petites artérioles des ouies. Acad. 1701. Hist. p. 48. Parce qu’il y a peu d’air dans beaucoup d’eau, le nombre des artérioles où il se subdivise, a dû être plus grand dans les ouies des poissons que dans les poumons vésiculaires des autres animaux. Ib. p. 49. Après que le sang des artérioles des ouies s’est chargé d’air, il passe par la loi de la circulation dans toutes les petites veines qui leur répondent. Ib. Un retardement de circulation dans les artères comme dans les artérioles. Ib.

☞ ARTÈRIOLOGIE. s. f. Partie de la Médecine & de l’Anatomie qui traite des artères. Arteriologia.

☞ ARTÉRIO-PITUITEUX. adj. Nom donné par Ruysch à certains vaisseaux, qui rampent suivant la longueur des narines, & font de longues aréoles réticulaires.

ARTÉRIOTOMIE. s. f. Terme de Chirurgie. C’est l’ouverture d’une artère qu’on fait avec la lancette. Venæ incisio. Cette opération ne se pratique qu’aux temples, & derrière les oreilles, où on peut aisément fermer les artères, à cause du crâne qui est par dessous, qui sert de point d’appui pour les comprimer ; ce qui seroit très-difficile ailleurs.

ARTÉSIEN, ENNE. s. m. & f. Atrebas, Atrebatensis. Peuple de l’Artois, habitans de l’Artois. Alexandre de Parme opposa à ces lettres de l’Archiduc Matthias, des lettres du Roi Philippe II aux Artésiens, qu’il leur envoya tout à propos. Du Ryer. Quand il s’agit des anciens Artésiens, on dit les Atrébates. Les Atrébates, ou ceux d’Arras, envoyèrent 15000 hommes contre Césat. Cordemoy.

☞ ARTEZ. Village de France, en Languedoc, sur le Tarn. Plusieurs en ont fait un Bourg.

ARTHENAY. Bourg de Beauce, province de France. Arthenæum. Il est à six lieues au nord d’Orléans.

ARTHÉTIQUE, ou ARTHRITIQUE. s. f. Plante médicinale pour les maux articulaires. Voyez Articulaire & Vette.

ARTHRITIQUE. adj. Articularis, e. On appelle Maladies arthritiques, celles qui attaquent les jointures, & qui tiennent de la goutte, en latin arthritis. Ses principales espèces sont la chiragre, qui attaque les mains ; la podagre, qui vient aux pieds ; la gonacre, qui se jette sur les genoux, la sciatique, Ischias, qui occupe la hanche. Arthritique est formé du grec ἀρθρῖτις, qui signifie, maladie des articles, & qui vient de ἄρθρον, jointure.

☞ On donne aussi le nom d’arthritiques aux médicamens qu’on emploie contre ces maladies. Eau arthritique. Pilules arthritiques.

☞ ARTHRODIE. Voyez Artrodie.

ARTHY. Bourg de la Lagénie, province d’Irlande. Arthia. Il est dans le compté de Kildare, entre la ville de ce nom & celle de Caterlagh.

☞ ARTIBONITE, ou HATTIBONITE. La plus longue & la plus large rivière de l’île espagnole. Elle prend sa source dans les montagnes de Cibao, & se décharge à la côte occidentale de l’ile entre Saint Marc & les Gonaives.

ARTICHAUD, ou ARTICHAUT : on écrivoit autrefois Artichault. s. m. L’Académie a décidé pour artichaut, & au plur. artichauds. Carduus sativus, scolimus, cinara. Ce mot se prend tantôt pour le fruit d’une plante qui ressemble aux chardons, tantôt pour la plante même. Sa racine est un pivot long d’un pied environ, couvert d’une écorce noirâtre, & garni de quelques fibres chevelues. Son collet qui se divise quelquefois en plusieurs œilletons, jette des feuilles longues d’un pied ou deux, entières. Celles qui naissent ensuite sont plus longues, découpées en plusieurs segmens, qui sont encore recoupés en des lanières étroites, terminées dans quelques espèces par un aiguillon roide, fin, & très-piquant. Ses feuilles sont, pour l’ordinaire, couvertes d’un coton très-fin & blanchâtre. Là tige qui s’élève d’entre les feuilles est ordinairement haute de deux à trois pieds, branchue quelquefois, & terminée par une grosse tête en forme de pomme de pin, dont la baie est ordinairement large de trois pouces. Cette tête est composée de plusieurs écailles pointues appliquées les unes sur les autres, écailles à leur origine, charnues, & bonnes à manger. Le milieu de cette tête est rempli d’une infinité de fleurons bleus portés sur des embryons de graines, qui sont séparés les uns des autres par un poil court & blanchâtre, dont toute la couche du calice est hérissée. On distingue les artichauts en ceux qu’on cultive, & en sauvages. De ceux qu’on cultive, il y en a plusieurs variés par rapport aux têtes, qui sont plus ou moins épineuses, plus ou moins grosses, rouges ou verdâtres, & par rapport aux côtes des feuilles, qui sont plus ou moins tendres, & que l’on mange. On lie les feuilles d’artichauts, & on les environne de terre pour les faire blanchir, & les rendre tendres & propres à être apprêtées & mangées. On estime sur-tout l’espèce qui nous vient d’Espagne, qu’on appelle communément Cardon d’Espagne, cinara spinosa cujus pediculi esitantur : les autres espèces de cardes d’artichauts ne sont pas si tendres. On mange, sur-tout en hiver, ces sortes de cardes, qu’on fait cuire dans de l’eau, & qu’on assaisonne ensuite avec du jus, de la graisse, et du beurre, du poivre, du sel, & un peu de vinaigre. Pour les têtes d’artichauts, on les mange crues, avec du poivre & du sel. En Languedoc & en Italie, on les fait cuire sur les charbons, & on y met un peu d’huile, du poivre & du sel, après les avoir nettoyés de cette bourre qui occupe le milieu de ces têtes. Ordinairement on les fait cuire à l’eau, & on les mange à la sausse blanche. L’artichaut demande à être bien fumé ; on croit même que son nom latin vient de ce qu’on met quelquefois des cendres parmi le fumier dont on veut garnir ses pieds pour en augmenter la fécondité. On seme l’artichaut. On voit dans presque toutes les saisons à Paris des têtes d’artichaut. Lorsque leurs fleurs commencent à paroître, elles ne sont plus si bonnes à manger, & leur chair est remplie de plusieurs fibres très-dures. Ce qu’on nomme en Languedoc la cardonnette, est une espèce d’artichaut qui croît le long des chemins. Ses feuilles sont plus petites, plus découpées & plus piquantes que celles de l’artichaut cultivé. On ramasse les fleurs de la cardonnette, & on les fait sécher à l’ombre, pour s’en servir à cailler le lait à la place de présure. On appelle improprement dans quelques endroits du royaume artichaut sauvage, la grande joubarbe.

Les artichauts se multiplient par le moyen des œilletons que chaque pied pousse d’ordinaire tous les ans au printemps autour de la vieille racine, & qu’il faut ôter dès qu’ils sont assez forts, en sorte qu’on n’en laisse à chaque pied que les trois meilleurs & les plus éloignés. Pour les planter on fait communément de petites fosses creuses d’un demi-pied, éloignées de trois pieds l’une de l’autre, & remplies de terreau. On fait deux rangs dressés au cordeau dans chaque planche, qui doit être large de quatre bons pieds, & sé-

parée