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AVO — AUP

est appelé, Par la grâce de Dieu & de l’Empereur, Avoué.

Spelman, savant Anglois, du dernier siècle, distingue deux sortes d’Avoués des Eglises. Les uns qu’il appelle Avoués des causes, ou des procès, Advocati causarum ; & les autres qu’il nomme Avoués du territoire, Advocati Soli. Ceux-ci étoient héréditaires, les autres se donnoient. Ceux-ci se donnoient par le Prince pour soutenir en Justice les droits des Eglises, comme il paroit par le Canon 99 du Concile de Carthage & par les Capitulaires de Charlemagne, Liv. V, ch. 31. Les autres étoient les fondateurs des Eglises, ou leurs héritiers, que nous appelons aujourd’hui Patrons. En ce sens les femmes étoient aussi Avouées, Advocatæ, ou Advocatissæ ; & l’on en trouve en effet dans le droit Canon qui ont ces titres, & elles avoient droit de présenter dans les Eglises dont elles étoient Avouées. On trouve dans la Chronique de Sens, Liv. II, ch. 17, des Avoués libres, Advocati liberi. Les Avoués matriculaires, Advocati matriculares, dont parle une vieille Charte rapportée par Vigul. Hondius dans la Métropole de Saltsbourg, Tom. II, pag. 254, étoient les Avoués de l’Eglise Cathédrale, appelée Eglise Matrice.

AVOUER. v. a. Reconnoître, confesser la vérité d’une chose qu’on a eu envie de cacher. Fateri, confiteri. Avouer le fait. Avouer ingénument son crime. Il faut avouer que la Providence divine est merveilleuse. Ce criminel a tout avoué à la question. La malignité des hommes a de la peine à convenir de nos bonnes qualités. Ils les avouent plutôt qu’ils ne les souhaitent. La Plac.

☞ La question fait avouer le crime, la repentance le fait confesser. C’est manquer d’esprit que d’avouer sa faute, sans être assuré que l’aveu en sera la satisfaction. C’est une sottise d’en faire la confession, sans espérance de pardon. Voyez Confession.

Avouer, signifie aussi, reconnoître quelqu’un pour son Seigneur : Clientem se profiteri erga, &c. Il s’est avoué vassal d’un tel Prince. Il a avoué tenir de lui un tel fief, tels héritages.

Avouer, signifie aussi, approuver ce qu’on a donné charge de faire. Approbare. Cet Ambassadeur a plein pouvoir, il sera bien avoué de tout ce qu’il fera. Il y a ici des personnes qui m’avoueront de tout ce que j’écrirai. Voit. Quelque chose qu’il fasse, il en fera avoué. Je n’en ai pas charge spéciale ; mais je m’en ferai bien avouer. Mez.

Avouer, signifie aussi, reconnoître pour sien, protéger. Suum agnoscere, tueri. Ce pere avoue cet enfant, s’en reconnoît le pere. Cet auteur a avoué un tel Ouvrage, s’en est reconnu l’auteur. Il est avoué de ce Prince pour son domestique, pour son vassal.

S’avouer de quelqu’un ; c’est se réclamer, s’autoriser de quelqu’un. Inclamare. Quand je serai là, je m’avouerai de vous.

S’avouer d’une telle Religion ; c’est confesser que l’on professe cette Religion. Profiteri. Il s’avoua franchement de la Religion chrétienne.

On dit proverbialement, avouer la dette ; pour dire, reconnoître qu’on a tort.

AVOUÉ, ÉE. part. Il a la signification de son verbe. Confessus.

AVOUÉRIE. s. f. La qualité, & la charge d’Avoué. Advocatia, en termes de la basse latinité, ou Advocatio. Il signifie, 1°.Protection. Dans la Chronique de Cambrai, L. I, ch. 10, implorer l’avouerie d’un Abbé, c’est implorer sa protection. 2°. La charge d’Avoué, qui n’étoit autre que le soin de protéger, comme il paroît par les lettres de Nicolas II à S. Edouard, où Advocatio & tuitio ; sont synonymes. 3°. Le droit de présenter à un Bénéfice, ou de Patronage. 4°. L’action de donner un Champion, ou Chevalier qui se batte en champ clos pour la défense de quelqu’un. 5°. Avouerie, advocaria, ou advocatia, est la pension qu’on faisoit à l’Avoué pour la protection qu’il donnoit. L’avouerie d’une Eglise se conféroit autrefois à celui qui l’avoit bâtie & fondée, après la consécration de cette Eglise, en mettant sur lui un morceau de drap, panno imposito. Chorier, dans son Histoire de Dauphiné, L. VIII. T. I, p. 522, se sert du terme d’Advocation, au lieu de celui d’Avouerie, mais mal. On a dit autrefois Avoueson pour Avouerie.

Avouerie, signifie aussi certain droit que les Sujets doivent à leur Seigneur, par lequel ils l’avouent & le reconnoissent pour Seigneur. Dans les comptes du Domaine du comté de Boulogne, de l’an 1474, on lit ces paroles : les Avoueries d’Estaples & Rombly que doivent les habitans d’icelles villes à la Toussaint. Et dans les comptes du Comté de Ponthieu, de la même année 1474, fol. I, cens, rentes, recognoissances, & Avoueries deues au Roi à cause de sa Comté de Ponthieu.

AVOUTRE, ou AVOUESTRE. Vieux terme de Coutume, qui signifioit, bâtard, illégitime. Spurius. On le trouve dans Rabelais. Beaumanoir donne une idée juste de ce que l’on entend parle mot avoutre, c’est au ch. 18, où il dit : li avoutres sont chil, qui sont engendrez en femmes mariées, d’autrui que de leurs Seigneurs, ou houmes mariez.

Jean de Meun emploie le mot avoutre dans son testament manuscrit.

Luxure confond tout, là où elle s’encontre :
Car maints héritiers deshérite & oultre,
Et hérite à grand tort maint bastard, maint avoutre.

Ce mot vient du latin adulter, car on disoit aussi avoutrie, ou avouterie, pour signifier adultère. Les Florentins disent avolterio. Voyez Adultère.

AVOUTRIE. s. f. Vieux mot. Adultère.

AVOYE. s. f. Nom de femme. Voyez Hédwige.

AVOYÉ. s. m. Avoué. Magistrat de quelques villes. Ce mot est en usage pour signifier un Magistrat des villes Suisses. Advocatus. C’est originairement la même chose qu’Avoué ; car c’est une rêverie de dire avec Gollut qu’Avoyé, ou comme il écrit, Avoyer, vient d’Ant-Voigat, nom celtique d’un ancien Roi des Gaulois, que les Romains prononcèrent Ambigat, & qui signifioit Magistrat de très-grande puissance.

AVOYER. v. a. Vieux mot. Mettre en bonne voie, en bon chemin. Dirigere.

Et de tous ceux de la très-claire voie,
Où Jupiter les dévoyés avoie. Marot.

Avoyer. Terme de Marine. Quelques Navigateurs se servent de ce terme ; pour dire, commencer à souffler, ou souffler d’un autre rumb. Il n’y a rien de plus commun dans le Journal des Flibustiers de l’Amérique, que le mot envoyer, qu’ils prononcent ainsi, au lieu d’avoyer, & qu’ils écrivent comme ils le prononcent.

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AUPARAVANT. adv. Qui marque priorité de temps. Antè. Je l’avois averti longtemps auparavant Ne falloit-il pas auparavant parler avec moi de cette affaire ? Alexandre donna à Porus un Royaume plus grand que celui qu’il avoit auparavant. Vaug. Il y a des gens qui font suivre auparavant d’un que, & qui disent : il faut auparavant que de faire cela, auparavant que de dîner, bénir les viandes que l’on met sur la table : mais c’est fort mal parler. Ils confondent le mot auparavant, qui étant adverbe ne régit rien, avec celui d’avant. Voyez Avant. C’est encore blesser la pureté du langage, que d’en faire une préposition suivie d’un régime, & de dire, par exemple, il est arrivé auparavant moi. Il faut dire, avant moi. Restaut. Cet adverbe absolu n’admet aucune relation, aucun régime.

AU PIS ALLER. adv. Tout le pis qu’il puisse arriver. Ut res pessimè cedat, cadat. Au pis aller, il m’en reviendra un tel avantage.

AUPRÈS. Préposition qui marque un lieu proche, & qui régit le génitif. Propè, propter. Être auprès du feu. Il loge auprès du Pont-neuf. La boule est auprès du but. Elle sert quelquefois à marquer un attachement domestique. Il est auprès d’un grand Seigneur ; pour dire, il est attaché à son service. Elle sert encore à faire