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BAL

éperon, les deux latérales tombent en devant en manière de tabac, garnies chacune d’une oreillette. Lorsque les fleurs sont à xis pétales, la pétales inférieure qui est creuse, n’a point d’éperon sensible, & il y a quelque changement dans la disposition des autres pétales. Quand la fleur est passée, le pistil devient un fruit fait en poire, composé de pièces assemblées, comme les douves d’un tonneau, & qui en se recourbant par une manière de ressort, découvrent & jettent avec impétuosité ses semences, qui sont rondes, & roussâtres. On croit que son nom vient du mot latin Balsamum, à cause qu’on se servoit du fruit d’une autre plante qui portoit autrefois ce même nom en latin, & qu’on a changé en celui de momordica, en françois, pomme de merveille. La Balsamine qu’on seme dans les jardins, est à fleur purpurine, à fleur mêlée de rouge & de pourpre, à grande fleur, ou à fleur blanche. Elle fleurit en Juillet. Il y en a de simples & de doubles.

BALSAMIQUE. adj. Terme de Médecine. Prononcez balzamique. Il se dit des choses qui ont une propriété, une qualité semblable à celle du baume. On appelle balsamique ce qui est doux, ce qui est médiocrement atténué, qui n’a rien d’acre, ni de trop fort, & de trop violent, qui est lié, coulant dans une juste température par un mélange convenable des principes. Pour qu’une chose soit balsamique, il ne fait pas qu’elle ait trop de flegme, ni des parties trop visqueuse, ni trop d’acides ni des esprits trop violens. On dit, un sang velouté & balsamique. Le ris nourrit beaucoup par ses parties huileuses balsamiques & embarrassantes. Les artichauds contiennent beaucoup de partie huileuses & balsamiques. Lemery.

☞ Il est aussi employé substantivement, faire usage des balsamiques.

☞ BALSAMITE. Voyez Tgnaisie.

BALSARA, BALSERA, ou plus communément BALSORA. Balsora, anciennement Térédon. M. Corneille dit Balsera. Ni l’un ni l’autre n’est d’usage en France. Plusieurs écrivent Balsra. Bassora est le plus autorisé par l’usage. Bassora est une ville d’Asie, située près du fleuve Sehat el Arab, qui est le Trigre & l’Euphrate joints ensemble. Quelques cartes la mettent dans l’Yrak, partie du Diarbeck, à l’Orient de ce fleuve, & d’autres à son Occident dans l’Arabie déserte. Elle est à une demi-lieue du fleuve, & à deux du lieu où étoit l’ancienne Térédon. Les Transactions philosophiques, T. I, p. 656 & 657, donnet à Balsora 21°. 21’ de latitude, & sur deux observations de l’immersion de l’œil du Taureau, elles déterminent sa longitude la première fois à 86°. 20’ de différence avec celle de Londres, & la seconde fois à 86°, 14’ seulement. D’où il s’ensuite que la longitude de Londres étant, selon l’Académie des Sciences, différente de celle de Paris de 2°. 18’. Occident, & par conséquen de 17°. 42’ celle de Balsora est de 103°. 56’ selon le second calcul, & de 104°. 2’ suivant le premier.

BALSANE. Voyez Balzane.

BALSE. s. f. Espèce de radeau, dont les Indiens de la côte du Pérou, se servent sur la mer du sud. Les Balses sont faites de grandes gaules ou mats liés les uns avec les autres : il y en a de différentes grandeurs, suivant le nombre des gaules dont elles sont faites, & qui sont toujours à nombre impair ; ensorte que celle du milieu avant plus que les autres, & que celles des deux côtés aillent toujours en diminuant, comme un jeu d’orgues, & qu’elles fassent ensemble une pointe. Il y a dessous des planches pour les contenir. Les plus grandes portent la pesanteur de plus de 60 hommes.

Il y en a aussi faites de deux peaux de loups marins, bien cousues, & remplies d’air, comme deux outres, longs & plus gros par un bout que par l’autre. On les joint par des traverses qui servent aussi à soutenir assis, ou plutôt accroupi l’homme qui conduit la barque avec un aviron double.

BALTADGY. s. m. Terme de Ralation. Officier Turc, qui commande les Bostangis dans les maisons du Grand-Seigneur, & qui est comme le Gouverneur & le Concierge. Baltadgius Castellanus, Castello Præfectus. Le Sérail de Scutari n’est gardé que par des Bostangis, & un baltadgy qui les commande. Du Loir. p. 69.

BALTAGI. s. m. Terme de Relation. Les Baltagis du Sérail, ainsi nommés de balta, qui signifie coignée, sont des esclaves qui coupent les bois pour l’usage du sang Ottoman, & des sultanes. Volt.

☞ BALTIMORE, ou BALATIMORE. Ville d’Irlande, dans la Province de Munster, au Comté de Cork, à quatorze milles de Ross. Il y a aussi une baye de ce nom.

☞ BALTINGLASS. Petite ville d’Irlande, dans la province de Leinster, au Comté de Wicklow.

BALTIQUE. adj. Epithète qui se donne à une mer du Nord en Europe. La mer Baltique, Balticum mare, Balticus sinus. La mer Baltique est un grand golfe entre l’Allemagne, le Dannemarck, la suède & la Pologne. C’est le sinus Codanus des Anciens. Pline dit que Philémon l’appeloit Morimarhuse, & Hécathæus Amalchium. Tacite l’appelle mer de Suède, mer paresseuse. Mare Suevicum & pigrum. Les Allemands l’appellent Oorzée, mer du couchant, & Die Belk, d’où s’est formé le nom Baltique. La mer Baltique entre dans les terres, ou commence au détroit de la Sonde, par lequel elle tient à l’Océan, ou mer d’Allemagne. Elle forme deux grands golfes principaux. Le golfe de Boddes, ou de Bothnie, sinus Bodnicus, & le golfe de Fines, ou de Finlande ; en langage du pays Bothenzée, ’ Finniezée. On trouve de l’ambre dans la mer Baltique.

BALTRACAN. s. m. Herbe qui croît dans la Tartarie, & que les Tartares mangent pour se soutenir, quand ils voyagent dans leurs déserts. Josaphat Barbaro, Marchand Vénitien, dit en avoir usé dans son voyage de Tartarie, & la décrit ainsi dans une lettre à Pierre Parocci, Evêque de Padoue. Le baltracan a la feuille semblable à celle des raves. Au milieu naît une tige plus grosse que le doigt, & qui dans le temps de la semence est de la longueur du bras ; cette tige pousse des feuilles éloignées l’une de l’autre de sa quatrième partie. La semence est semblable à celle du fenouil ; mais plus grosse, & d’une bonne odeur, quoique forte. Quand c’est la saison il se rompt, & l’écorce se sépare jusqu’à ce qui est tendre, comme au pampre de la vigne. Il a l’odeur de l’oranger, même un peu plus douce. Il n’a point besoin d’assaisonnement, ni même de sel, pour être mangé. On peut le semer comme toute autre semence, sur-tout dans un lieu tempéré, & dont le fonds soit bon. La tige est un peu creuse, & son écorce est verte, tirant sur le jaune. Il dit que depuis sont retour de Tartarie, &tant Provéditeur en Albanie, il y trouva du baltracan proche de Croia, & encore après dans le Padouan. Ramuzio, T. II, p. 112.

☞ BALVE. Petite ville d’Allemagne, dans le duché de Westphalie, sur les confins du Comté de la Marck, à trois lieues d’Areusperg.

BALUSTRADE. s. f. Terme d’Architecture. Rang de petits piliers façonnés, de pierre, ou de fer, ou de bois qui sont à hauteur d’appui, qu’on met sur des terrasses, ou au haut des bâtimens, pour faire quelque clôture, ou séparation. Clathratum septum, columellarum septum. On enferme les autels par une balustrade de marbre, de bois, &c. Chez les Princes, le lit est environné d’une balustrade.

BALUSTRE. s. m. Se dit dans ce même sens de ces clôtures de petits piliers qui se mettent autour du lit des Princes, ou dans une chambre de parade, pour fermer les alcoves, ou le cancel du chœur d’une église, ou d’une chapelle, ou les balustres d’escaliers entre l’appui & le limon. Columellæ, clathri, cancelli. Il y a un balustre de marbres à la Chapelle de Notre Dame.

Du Cange dérive ce mot de balustrum, & balustrium, qui étoit un lieu chez les Anciens, où étoient plusieurs bains apparemment fermés de balustres. Selon d’autres il vient de balustrum, qui signifie le calice de la fleur de grenade, auquel le balustre ressemble.

On le dit aussi de chaque pilier en particulier. Il faut tant de balustres pour faire la fermeture de cette Chapelle. Les balustres du grand escalier de Versailles sont de bronze massif. Les Orfévres appellent balus-