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BEL

pelle ainsi. A Paris les enfans le nomment bâtonnet ; en Berry, bicarelle, ou bigarelle ; en Touraine pic ; à Blois bistoquet.

☞ BELED. Voyez Balad.

BÉLEDIN. s. m. Nom que l’on donne à une espèce de coton filé. Cette marchandise est de médiocre qualité, ce qui la rend de peu de débit en France.

BÉLÉE. adj. f. Vieux mot. Belle. Voyez dans le Glossaire des Poës. du Roi de Navarre deux portraits en original, qui réunissent toutes les parties que l’on demandoit dans une femme, pour lui donner le titre de bélée.

BÉLELAC. s. m. Etoffe de soie, espèce de taffetas qui se fabrique au Bengale.

BÊLEMENT. s. m. Cri naturel des moutons & des agneaux. Balatus. La brebis entend le bêlement de son agneau.

BÉLEMNITE. s. f. Belemnita. C’est une pierre qu’on appelle autrement Pierre de Lynx, parce qu’on a cru qu’elle se formoit de l’urine du Lynx. La bélemnite est grosse & longue comme le doigt, pointue par un bout en forme de pyramide ou de flèche, blanche, grise, ou brune. Elle vient ordinairement de Candie ou d’Allemagne, quoiqu’il s’en trouve aussi aux environs de Paris & de Caen. On la prend réduite en poudre contre la pierre du rein, qu’on dit qu’elle brise & chasse par les urines. On s’en sert aussi pour dessécher les plaies. La nature de cette pierre est fort incertaine. Ce mot vient du grec Βέλεμνον, sagitta, flèche. Cette pierre en a la figure. Luidius croit que la bélemnite est la corne du poisson narval, ou des fluors sortis du dedans des coquilles. Wodvard, que c’est une production minérale, de la terre. Kleinius croit que les bélemnites sont des pointes de l’oursin. ☞ Bourguet, que c’est une dent de Baleine ou du Souffleur. Tout ce qu’il y a de certain, c’est que c’est un fossile long, fait en pointe ou en flèche, de forme ronde, uni en dehors, avec une rainure d’un bout à l’autre en dedans, de la grosseur d’un doigt, de couleur fauve ou grise. Celles de Prusse & de Suède ont une alvéole ou tuyau dans la rainure d’en-bas, qui va jusqu’à la moitié de la longueur. Aucun n’a encore prouvé que ce soit un minéral, ou une pétrification originaire du règne animal. Quelques-uns présument que la bélemnite est une plante, parce qu’on a trouvé à son pied une croissance de la même matière, qui pourroit bien en être la racine.

On lui donne différens noms : Lapis Lyncis, Lincurius, Lingurius, Coracias, Cervinus Lapis, Ceraunites, Dactylus Idæus & Betiles. Lachmundus & Kleinius en distinguent treize espèces.

BELEN, ou BELIN. s. m. Faux Dieu des anciens Gaulois. Belenus, Belinus, & Bellenus. On lit dans Hérodien, L. VIII. c. 3, Βελεν ; mais Saumaise soutient dans ses Notes sur Capitolin, que c’est une faute, & qu’il faut lire Βελενον. Il étoit honoré sur-tout à Aquilée en Italie, dans la Gaule Cisalpine, dont il étoit protecteur, & où il avoit des Aruspices, par lesquels il rendoit des oracles, comme il paroît par Jule Capitolin, dans la vie de Maximin, c. 22. Hérodien dit aussi dans l’endroit que nous venons de citer, qu’il avoit un Oracle qu’il appelle l’Oracle du Dieu de la patrie, Θεοῦ ἐπιχωρίου. Jule Capitolin, dans les deux Maximim, pag. 146. de l’Hist. August. l’appelle d’abord Belenus, & ensuite Apollo ; en effet, Belenus étoit la même chose que le Soleil & Apollon ; & les anciennes inscriptions à l’honneur de ce Dieu, qu’on a trouvées à Aquilée, l’appellent Apollon Belenus, C. APOLLINI BELENO AVG. IN HONOREM C. PETTI. Et une autre, APOLLINI BELENO C. AQVILEIENS. FELIX. Quelques-uns, dit Saumaise dans ses Notes sur Capitolin, p. 253, lui donnent aussi le titre d’Aquiléen. APOLLO BELENUS AQUILEIENSIS. Au reste, ce n’étoit pas seulement un Dieu de la Gaule Cisalpine ; il étoit aussi honoré dans la Transalpine, comme il paroît par Ausone dans les Professeurs de Bourdeaux, où il dit à l’éloge de Patera, qu’il étoit de Baïeux, de race de Druïde, & de ceux qui servoient le Dieu Belenus dans son temple. Il parle encore dans la 10e pièce de ce même livre d’un nommé Phœbicius de race de Druïdes, qui étoit Sacristain de Belenus, ce qui montre que ce Dieu étoit honoré des Gaulois. Cependant Tertullien, c. 24, dit que Belus est Dieu des Noriques, ce que Saumaise, dans ses Notes sur Vopiscus, p. 382, étend à toute l’Illyrie ; & parce qu’il paroît par Vopiscus, au commencement de son Aurelien, que la forme & les ornemens que les Illyriens donnoient à Belenus étoient les mêmes que ceux de Mithra chez les Perses, il en conclut que le Belenus de l’Occident étoit le Mithra des orientaux. Joseph Scaliger, Auson. Sect. L. I, c. 9, qui croit comme Hérodien, Vopiscus, Saumaise, Elias Vinet, Selden, Vossius, que Belenus étoit le même qu’Apollon, dit que c’est de là que les Gaulois appeloient Belenium, l’herbe dont ils frottoient leurs flèches. Voyez encore Cambden, Britan. p. 70, 71. Apollon a été adoré d’un culte particulier dans Vienne, & le Soleil de même, sous le nom de Belenus, & de Belinus. Chorier. Voyez encore Vossius, de Idol. L. I, c. 35. L. II, c. 17.

Quelques-uns croient que ce mot, Belenus ; car c’est ainsi qu’il faut lire, & non pas Bellenus, comme Vinet le conclut de la 10e pièce d’Ausone sur les professeurs de Bourdeaux, où ce nom a les deux premières brèves ; quelques-uns, dis je, croient que ce nom vient de Béel, & Enos, qui signifie l’ancien Enos, que les Esséens & les Machabées reconnoissoient pour leur chef ; ils ajoutent que les Druïdes tenoient quelque chose des Esséens & des Machabées ; qu’ainsi il n’est pas surprenant qu’ils honorassent le Soleil sous ce nom ; opinion sans fondement, & hors de toute vraisemblance. Selden & d’autres le font venir de בעל, Baal, ou Belus. Elias Schedius, persuadé comme les autres, que Belenus est le Soleil, a cru que ce nom n’étoit qu’un assemblage de lettres, qui prises ensemble font en chiffre le nombre de jours que le Soleil est à faire sa révolution. Car :

Β Η Λ Ε Ν Ο Σ
2, 8, 30, 5, 50, 70, 200.


font 365 ; mais est-il sur que ΟΣ, ou US, soit du nom gaulois, & que ce ne soit pas une terminaison grecque, ou latine, ajoutée au mot gaulois, illyrien, ou phénicien ? Elias Schedius, de Diis Germanis, Elias Vinet, dans son Commentaire sur Ausone, & les autres Auteurs que j’ai cités, parlent de ce Dieu.

BÊLER. v. n. Faire des bêlemens. Balare. Les moutons bêlent quand ils apperçoivent de l’eau.

Ce mot est fait par onomatopée ; c’est-à-dire du son que fait l’animal en criant ; & selon Pasquier, il est plus naturel que le Balare des Latins.

Telle à l’aspect du loup,
Fuit d’agneaux effrayés une troupe bêlante. Boil.

On dit proverbialement que la brebis bêle toujours d’une même sorte ; pour dire, qu’on ne change guère les manières qui nous viennent de la nature. ☞ On dit proverbialement, mouton bêlant & bœuf saignant ; pour dire, qu’il ne faut pas que le bœuf & le mouton rôtis soient trop cuits.

☞ BELESME, ou BELLESME. Ville de France, dans le Perche, à quatre lieues de Mortagne.

☞ BELESTAT. Bourg de France, dans le Languedoc, diocèse de Mirepoix, dans le Comté de Foix.

☞ BELESTE, ou BELESTAT. Belesta. Fontaine singulière auprès du village de ce nom, laquelle a un flux & reflux, croissant & diminuant à toutes les heures du jour, depuis la fin de Juillet jusqu’au commencement de Janvier. Cette source, dit Coulon, Rivières de Fr. I. Part. p. 480, coule douze fois, & tarit douze fois en vingt-quatre heures, par des intervalles si égaux & si accordés, que vous prendriez le ruisseau de cette fontaine pour une espèce de Clepsydre ou d’horloge d’eau fabriquée par la nature.

☞ BELFAST, Ville d’Irlande, dans la Province d’Ulster, dans le Comté d’Antrim.

☞ BELGARD, ou BELGRAD. Belgartia ou Belgardia. Petite ville d’Allemagne, dans la Poméranie ultérieure, sous la domination du Roi de Prusse.