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COU

C’est rapprocher le manche d’une épaule de mouton du gros de l’épaule, pour la parer. Les bouchers ont des brochettes de bois, qu’ils appellent brochettes à court-mancher.

COURTOIS, OISE. adj. qui a des manières honnêtes & agréables, qui fait un accueil doux & gracieux à tout le monde. Comis, humanus, urbanus. La marque d’un honnête homme, c’est d’être courtois. Un brave Cavalier est courtois aux Dames. Ce mot a vieilli, & n’est plus du bel usage. Bouh. M. Ménage s’en est pourtant servi.

Il est civil, accostable,
Doux, benin, courtois, affable. Mén.

Les Italiens disent cortèse. Il vient de Corte, Cour, parce que les gens ne Cour sont plus civils que les autres. C’est ainsi, & pour la même raison, que dans la basse latinité, on trouve de Curia, Cour, curialiter, curialitas & curialissimus, pour signifier de l’honnêteté, de la politesse, des manières agréables, de la bonté. Bollandus, Acta. SS. Febr. T. III, p. 202, D. & p. 203, A. On dit proverbialement, que

Doux & courtois langage
Vaut mieux que riche héritage


Pour signifier que la politesse, l’honnêteté valent mieux que les richesses.

COURTOISES (ARMES) armes qui ne sauroient blesser. Arma obtusa, retusa, hebetata, innocentia, innoxia. Les armes courtoises sont opposées aux armes à outrance. Dans les tournois, on ne se servit d’abord que d’armes courtoises, il n’y avoit point de fer au bout des lances, ni de pointes aux épées : mais on crut dans la suite qu’on ne marquoit point de valeur dans des combats où il n’y avoit point de péril, c’est pourquoi on se servit bientôt des armes à outrance, qui ont souvent ensanglanté la carrière & coûté la vie aux Rois mêmes. Journ. des Sav. 1721. p. 107.

COURTOISEMENT. adv. d’une manière courtoise & civile. Comiter, urbane, humaniter. Ce Prince l’a reçu fort courtoisement, lui a parlé fort courtoisement. Il est vieux.

COURTOISIE, s. f. civilité, honnête accueil. Comitas, urbanitas, humanitas. Les grands gagnent le cœur de tous leurs sujets par la courtoisie, par la douceur de l’accueil qu’ils font à leurs inférieurs. Mêlons, s’il se peut, la courtoisie avec la guerre. Balz. On ne le dit plus guère.

Courtoisie, signifie aussi un bon office, plaisir qu’on rend volontairement à quelqu’un sans y être obligé. Humanitas, beneficium. Je tiens cette faveur de la courtoisie d’un tel. J’attends ce plaisir de votre courtoisie, de votre humeur obligeante. On le dit peu.

☞ En termes de Fauconnerie, faire la courtoise aux autours, c’est leur laisser plumer le gibier.

COURTON. s. m. C’est la troisième des quatre sortes de filasse que l’on tire du chanvre ; les autres sont le chanvre, la fillasse & l’étoupe ; le courton est ainsi nommé, de ce qu’il est très-court. C’est la plus mauvaise fillasse après l’étoupe.

COURTPENDU, COURPENDU, CAPENDU. s. m. Tous ces mots se disent ; mais les deux premiers sont les plus usités. Malum curtipendium. Espèce de pomme, à qui l’on avoit voulu changer son ancien nom pour lui donner celui de bardin. Il est tout-à-fait de figure de pomme, & d’une grosseur raisonnable ; il est gris-roussâtre d’un côté, & assez chargé de vermillon de l’autre ; la chair en est très-fine, & l’eau très-douce & fort agréable ; on en mange depuis le mois de Décembre jusqu’en Février & Mars ; mais il ne lui faut pas donner le temps de devenir trop ridée, parce qu’alors elle est insipide. Le courtpendu est une très-jolie pomme. La Quint. Cette pomme est ainsi nommée, parce qu’elle a la queue fort courte. Urobrachys. Il y a deux sortes de courtpendu ; l’un gris & l’autre rouge, dit musqué, ou pomme de Belin.

Ce mot se dit aussi de l’arbre ou du pommier qui porte ce fruit. J’ai fait planter quatre courtpendus, deux de chaque espèce.

☞ COURT-PLIS, s. m. terme de Marine. C’est dans l’aunage des toiles à voile ; tout pli qui a moins d’une aune. Encyc.

COURTS-JOURS, terme de Négocians en change. Une lettre de change à courts-jours, c’est une lettre de change qui n’a plus que quelques jours pour être échue. On dit tirer ou remettre à courts-jours, lorsqu’on veut tirer ou remettre une lettre de change qui soit bientôt échue.

COURTRAY. Cortracum, Cortoriacum. Grande ville des Pays-Bas, dans la Flandre Walone, sur la Lys. Par la trève de 1684, les François démantelèrent Courtray en le rendant.

COURTRÉSIS, petit pays de la Flandre Walone, qui est de la dépendance de Courtray ; territoire de Courtray. Pagus Cortoriacensis. Valois, Not. Gall.

COURVÉE. Voyez Corvée.

COURVETTE ou CORVETTE qui est plus usité. s. f. terme de Marine, est une espèce de barque longue qui n’a qu’un mât & un petit tranquet, & qui va, à voiles & à rames. Scapha longior malo insita, malo corbita instructa. Il y en a d’ordinaire à la suite d’une armée navale pour aller à la découverte, & pour porter des nouvelles.

☞ COURVILLE, petite ville de France, dans le Perche, sur la rivière d’Eure, à cinq lieues de Chartres.

COUS ou COYER. s. m. pierre à aiguiser (vient de cotis.) On appelle aussi coyer le sabot percé, qui distille de l’eau sur la pierre.

On appelle coyer en basse Normandie, un petit vaisseau de bois ou de cuivre rond, & dont le fond se termine en pointe, dans lequel les Faucheurs mettent leur pierre à aiguiser. Ils le portent à leur ceinture, à laquelle il est attaché par un crochet qui tient à ce vaisseau. Ce mot a été fait de cotiarum, formé de cos, cotis. On le nomme encore autrement buhau ou buhot. Addition à l’Etym. de Ménage.

COUSIN, INE, s. m. & f. terme relatif & de parenté, qui se dit de ceux qui sont issus de deux frères. Patruelis, frater patruelis, soror patruelis. Il se dit aussi des enfans de deux sœurs, ou d’un frere & d’une sœur. Consobrinus, consobrina. Dans la première génération, ils s’appellent cousins germains ; en la seconde, issus de germains ; en la troisième & quatrième, on les appelle cousins au troisième & au quatrième degré. Sobrinus, sobrina. Dans la primitive Eglise, il étoit permis à un cousin germain d’épouser sa cousine germaine, c’est-à-dire, aux enfans de deux freres, pour empêcher qu’on ne s’alliât dans les familles païennes. Mais Théodose le Grand défendit les mariages entre cousins germains, sous peine de mort, sur ce prétexte de bienséance, que les cousines germaines tiennent lieu de sœurs à l’égard de leurs cousins germains.

Ce mot vient de consanguineus. Nicod. Mais Ménage le dérive de congenius ou congeneus, comme qui diroit ex eodem genere.

Cousin, parent. Les Ecossois se font tous cousins du Roi. Apol. pour Hérodote de l’Edit. de 1735, t. 1, c. 3, p. 25. L’orgueil & la fierté de la Nation peuvent avoir donné lieu au proverbe : Un temps fut que la France se trouvoit fort bien du secours d’Ecosse contre les Anglois ; & alors à tout autant de Seigneurs ou de Gentilshommes Ecossois à qui le Roi écrivoit ; ou qui passoient les mers pour le servir, il donnoit libéralement le titre de cousin. Encore aujourd’hui, d’un homme fort vain, on dit qu’à l’en croire, le Roi n’est pas son cousin. Note de M. Le Duchat.

Cousin Paternel se dit des cousins qui sont issus des