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parens du côté du pere ; Patruelis. Cousin maternel, de ceux qui sont issus du côté de la mere. Amitinus, amitina.

Cousin est aussi un terme d’honneur que les Rois donnent aux Princes de leur sang, aux Cardinaux, à des Princes étrangers, & aux principales personnes de leurs Etats qu’ils veulent honorer. Cognatus. Le Roi traite les Ducs & Pairs, les Maréchaux de France de cousins. Le Roi donne la qualité de cousin aux Archevêques, quand il leur écrit mais il n’en honore pas les Evêques.

Cousin est encore un nom que se donnent les particuliers en témoignage d’amitié. Amicus. Si vous faites cela, nous ne serons pas cousins, c’est à-dire, nous ne serons pas amis. Ces deux hommes ne vont jamais l’un sans l’autre, ils sont grands cousins.

Cousin se dit aussi, en style burlesque, des écornifleurs de campagne, qui, sous prétexte de parenté ou d’amitié, vont manger chez les gentilshommes du voisinage. Parasiti. Plusieurs sont obliges de vendre, de quitter leurs terres, parce qu’ils sont mangés de cousins.

☞ A Bourges, on appelle cousins de la Fête-Dieu, ceux qui vont descendre & loger chez quelqu’un sous prétexte de parenté, le jour de la Fête-Dieu, pour y voir la procession ; & cousins du Sacre, ceux qui viennent à Angers voir la même procession qu’on appelle Sacre,

Cousin signifie un chanteau long qu’on faisoit ci-devant, quand on rendoit le pain bénit, pour en envoyer des parts aux parens & aux amis, parce que le chanteau de l’Eglise ne suffisoit pas, & n’étoit pas si bien étoffé, ni si délicat. Libum placenta. On faisoit honneur à ses amis en leur envoyant du cousin.

Cousin, en termes de grosse forge. Les Maîtres de grosse forge appellent le gouverneur du fourneau, le fendeur, l’affineur, le marteleur & les autres Forgerons, cousins. Ils disent que dans les forges, ils sont tous cousins, le Maître est cousin comme les autres.

Cousin, ☞ petit insecte, sorte de moucheron assez connu par son bourdonnement, & par la piqûre qu’il fait. Culex. Les cousins & les mouches ont six grandes jambes, n’ont point de cou, & ont une trompe qu’ils allongent & retirent, par le moyen de laquelle ils succent le sang des animaux & les autres liqueurs dont ils se nourrissent. ☞ Le meilleur remède contre les piqûres des cousins, c’est de laver la plaie aussitôt qu’on a été piqué, avec de l’eau ou tout autre topique émollient & raffraîchissant, afin de prévenir ou de diminuer au moins l’enflure & la démangeaison.

En Amérique, on est tellement affligé de cousins, qu’on ne sauroit dormir à l’air, ni avoir aucune partie du corps découverte. Pour s’en défendre, il faut se servir d’une cousinière : précaution qu’on prend dans tous les pays chauds. Pour les faire sortir d’une chambre, il faut mettre une lumière au dehors, ils y accourent, & puis on ferme promptement toutes les fenêtres.

Ménage dérive ce mot de culcinus, formé de culex.

Cousin se dit proverbialement en ces phrases. Tous Gentilshommes sont cousins, & tous vilains, compères. On appelle du mauvais vin dans un logis, du chasse-cousin. On dit dans le style familier, si telle fortune m’arrivoit, le Roi ne seroit pas mon cousin ; pour dire, je m’estimerois plus heureux que le Roi. Acad. Fr.

COUSINAGE. s. m. Parenté entre cousin ; on le dit aussi de l’assemblée des parens. Cognatio. Cet homme vous traite de cousin, dites-moi de quel côté vient ce cousinage. Le cousinage est bien souvent un prétexte pour se voir sans scandale. Pour les noces de petites gens on assemble tout le cousinage. Ce mot n’est que du style familier.

COUSINER, v. n. s’aller visiter comme cousins, ou amis. Cognatos se mutuo vocare & invisere. Un tel cousine avec un tel. Ce Hobereau ne vit qu’en cousinant chez l’un, chez l’autre. Il n’y a guère que les Provinciaux qui cousinent : ce terme de familiarité n’est point en usage à la Cour.

☞ Le Dict. de l’Acad. Fr. en fait aussi un verbe actif, un tel vous cousine, de quel côté est-il votre cousin ?

COUSINETTE ou COUSINOTTE, s. f. c’est le nom d’une espèce de pomme qui approche de la calville, & qui se garde jusqu’en Février. Son eau est d’abord fort aigre, la queue est longue & fort menue. On l’appelle autrement petite calville d’été. La Quint.

☞ COUSINIÈRE. s. f. sorte de gase dont on entoure un lit, pour se garantir des cousins, précaution nécessaire dans les pays où il y a beaucoup de ces insectes.

COUSINIÈRE, nombreuse parenté, comme elle est ordinairement dans les petites villes, où presque tous les parens, ne fussent-ils parens qu’au dixième degré, se traitent de cousins.

Je n’ai fait de Paris ici presque qu’un saut
Et n’y croyois jamais arriver assez tôt.
J’arrive, & n’y suis pas une journée entière,
Qu’abymé tout d’un coup dans une cousinière,
Je pense, tant je souffre & d’esprit & de corps,
Que jamais assez tôt je n’en serois dehors. Du Cerceau.

COUSOIR. s. m. terme de Relieur. C’est une manière de petite table, sur laquelle on coud des livres qu’on veut relier.

☞ COUSSE, Rivière d’Auvergne, qui a sa source dans les montagnes, passe à Issoire, & se perd dans l’Allier.

COUSSIN. s. m. espèce d’oreiller, ou de carreau, qu’on emplit de plume, de bourre, ou autre matière molle & élastique, pour être assis ou couché plus doucement. Pulvinus, pulvinar. On ne s’en sert guère que pour dire un carreau qui se met sur un siège, ou une chaise. Cail. Le Pere Bouhours dit pourtant que le Sultan avoit accoutumé de s’asseoir sur des coussins.

Et son corps ramassé dans sa courte grosseur,
Fait gémir les coussins sous sa molle épaisseur. Boil.

Ce mot vient de l’Allemand kussen, ou kussin, signifiant la même chose. C’est le sentiment de Bollandus, Act. SS. Febr. T. III, p. 105. Sur le mot Cussinus, ou Cussio, qui se trouve dans le même sens dans un Ecrit de S. Angilbert. On trouve dans quelques Auteurs cussinus & cussinum ; pour dire, coussin.

On le dit proprement de ce qu’on met sur les sièges de carrosse. Ils sont de cuir remplis de plume, & couverts par dessus de la même étoffe dont le carrosse est garni. On appelle plus ordinairement carreaux les coussins qui sont sur les siéges, ou sur lesquels on se met à genoux.

On appelle aussi un coussin pour courre la porte, ou coussinet, une espèce de petit matelas piqué & mollet qu’on met sur une selle ; & pareillement celui qu’on attache derrière la selle du cheval pour porter une valise, ou sur le garrot ou poitrail des chevaux de carrosse, pour empêcher que le harnois ne les blesse.

COUSSIN ou COUSSINET, terme d’Horlogerie ; Pièce taraudée qui fait moitié de la filière double.

Coussin. Les Doreurs sur cuir appellent ainsi un petit ais couvert d’une peau de veau, sous laquelle il y a du poil de cerf, & sur laquelle on coupe les tranches d’or.

Coussin de Canon, terme d’Artillerie, c’est un gros billot de bois posé sur le derrière de l’affût, & qui en soûtient la culasse. On l’appelle aussi chevet de canon.

Coussin d’Amburre, en terme de Marine, se dit