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chissans, & son suc pousse par les sueurs & la transpiration. Parce que la bourrache est cordiale, on l’appelle en latin borrago, qui vient de corago, n’y ayant que le C qui a été changé en B.

La bourrache ne se multiplie que de graine, qui est noire, d’un rond un peu alongé en ovale bossce, ayant d’ordinaire un petit bout blanc du côté de la base, & ce bout séparé du reste ; la longueur est toute comme entaillée de rayons noirs, qui vont d’une extrémité à l’autre. La Quint. P. VI. pag. 279. La bourrache & la buglose viennent & se gouvernent comme la bonne-dame. On en sème plusieurs fois pendant l’été, parce que leurs feuilles dans lesquelles consiste tout le mérite de la plante ne sont bonne que pendant qu’elles sont tendres & jeunes ; leur petite fleur violette fait un ornement sur les salades. Leur graine tombe aussi-tôt qu’elle est mûre. Id. P. VI. p. 374.

BOURRACAN. Voyez Bouracan.

BOURRADE. s. f. Atteinte que les chiens donnent au lièvre, quant au lieu de le prendre, ils n’attrapent qu’un peu de sa bourre. Petitio.

Bourrade, se dit aussi d’une attaque, d’un coup qu’on porte à quelqu’un avec le bout d’un fusil. ☞ Donner des bourrades à quelqu’un, le faire sortir à coups de bourrades.

☞ On le dit figurément dans le style familier, des attaques ou reparties vives que l’on fait à quelqu’unn en disputant ou en écrivant contre lui. V. Bourrer.

BOURRAS. s. m. Sorte de grosse étoffe, comme qui diroit, faite de bourre. Ledivensa. Il n’étoit vêtu que d’un bourras. Ce mot est vieux. Voy. Bure.

BOURRASQUE. s. m. Tempête soudaine & violente qui s’éleve, soit sur la mer, soit sur la terre, & qui dure peu. Tempestas, turbo, procella. Nous fîmes voile au matin par un doux vent, qui se changea sur le midi en une violente bourrasque. Ablanc. La mer avec ses tempêtes & ses bourrasques, est plus agréable qu’une eau tranquille. M. Scud.

Ce mot vient de l’italien burrasca, signifiant la même chose. Ménage.

Bourrasque, se dit figurément d’une émotion populaire qui fait beaucoup de bruit, & qui dure peu. Il ne faut qu’avoir patient, & laisser passer ces bourrasques. On le dit aussi des caprices & de la colère de quelqu’un qui menace, qui fulmine. Il a quelquefois des bourrasques insupportables. Je ne veux point essuyer ses bourrasques ; c’est-à-dire, ses humeurs bourrues & emportées.

Il se dit aussi d’un malheur, d’un accident fâcheux, d’un redoublement subit de quelque mal, & de peu de durée. Il ne se peut qu’il arrive dans notre vie des bourrasques & des tempêtes, puisque nous faisons tous notre navigation sur une mer orageuse. Ab. d. l. Tr.

Bourrasque, se dit encore d’une révolution d’humeur ou façon de penser, qui rend maussade. Morositas. J’ai beaucoup à souffrir ses bourrasques.

Bourrasque, se dit encore du désordre qui arrive dans le corps d’une personne, par quelque mal, ou quelque remède violent. L’émétique cause quelquefois d’étranges bourrasques. Il se trouve très-foible & très-abbattu par cette bourrasque. Dom Quichote.

BOURRE. s. f. Poil de plusieurs animaux, comme bœufs, vaches, chèvres, cerfs, &c. qu’on enleve de dessus leur peau quand on les prépare dans les tanneries. Tomentum. La bourre sert à garnir des chaises, des selles, &c.

Ce mot vient du latin burra, selon Ménage, d’où il dérive aussi le mot de bourrée & de bourgeon.

Bourre-lance, est la laine qui se tire des draps, quand on les prépare avec le chardon de Bonnetier. Tomentun laneum. C’est aussi la grosse laine qui reste aux moulins, où l’on foule des draps fins. Celle qui sort à la foulure des gros draps, s’appele Laveton.

Bourre-tontice, est celle qui se tire des draps, quand ils passent par les mains du Tondeur. Celle-là est la moindre, & il est défendu aux Tapissiers d’en mettre dans les matelas entre les deux futaines. On la laisse aux Potiers d’étain pour faire des bourrelets. Il y a aussi de la bourre de soie, qui est de la soie de rebut ou imparfaite, qu’on tire avec le peigne après que le cocon est dévidé.

Bourre, en termes de Teinturier, se dit aussi d’une certaine nuance, qui est la même que celle du rouge cramoisi.

Bourre de Marseille, étoffe moirée, dont la chaîne est de soie, & la trame de bourre de soie. Il s’en fabrique présentement dans plusieurs villes. Acad. Fr.

Bourre, se dit aussi de ce qui sert à mettre sur la poudre en chargeant les armes à feu, papier, foin, &c. La bourre de ce pistolet lui a donné au visage. En ce sens on appelle un tire-bourre, un fer pointu, & fait en forme de vis, attaché au bout de la baguette, avec lequel on décharge une arme à feu sans la tirer.

Bourre. C’est aussi un terme de Corroyeur, qui signifie la tannée, ou vieux tan qui est resté des peaux de moutons au sortir de la tannerie.

Bourre, signifie aussi le commencement d’un bourgeon de vigne. Muscus vitiarius, sarmentarius. ☞ C’est un amas de poils rassemblés en peloton sur l’œil de la vigne, un duvet qui couronne le bourgeon. On dit que la vigne est en bourre, quand ses boutons commencent à s’ouvrir, parce qu’il se montre d’abord un duvet qui ressemble à la bourre. On dit, geler en bourre, c’est-à-dire, avant que la feuille de la vigne ait paru. Liger l’étend aussi aux boutons des arbres fruitiers. Ainsi, selon lui, on dit, les arbres ont gelé en bourre. Cependant il y a lieu de douter si l’usage est qu’on le dise, au moins aussi communément des arbres que de la vigne. Voyez Bourré.

Bourre, se dit figurément & familièrement de tout ce qui est grossier, inutile dans quelque ouvrage de prose, ou de vers ; & cela par une métaphore tirée des garnitures des chaises qui sont mal conditionnées, quand on y met de la bourre au lieu de crin. Il y a de beaux endroits dans ce livre, mais il faut avouer qu’il y a aussi de la bourre.

BOURRÉ, ée, adj. Terme d’Agriculture & de Jardinage. On dit, voilà des arbres bien bourrés ; c’est-à-dire, bien préparés à donner du fruit, bien remplis de bourre. Liger. ☞ Bien des jardiniers appellent bourres ou bourses à fruit ce qu’on appelle communément boutons ; mais il n’y a que Liger qui ait dit bourré pour boutonné.

BOURREAU. s. m. Le dernier des Officiers de Justice, qui exécute les criminels. Carnifex, tortot. Quand on scelle les lettres du bourreau, on les jete sous la table, pour marquer l’infamie du métier. Le bourreau ne se saisit de la personne condamnée, qu’après avoir oui la prononciation de la sentence, ou de l’arrêt qui la condamne. Arithène disoit, que les bourreaux étoient plus honnêtes que les Tyrans, parce qu’ils ne font mourir que des criminels, au lieu que les Tirans ôtent la vie à des innocens. On a comparé ceux qui font un trafic du métier de la guerre, & qui se louent pour aller tuer des hommes, à des bourreaux, qui sont d’autant plus détestables, qu’ils tuent des innocens sans raison : au lieu que les bourreaux tuent avec raison, & par ordre de la Justice. Cour. On dit qu’en quelques endroits d’Allemagne les bourreaux acquièrent le titre & les droits de noblesse, quand ils ont coupé un certain nombre de têtes porté par la coutume de ces pays. Les bourreaux sont les diables du corps, comme les diables sont les bourreaux des ames. La loi des censeurs les privoit de domicile. Rochef. Scaliger dit que de son temps un Gentilhomme Savoyard, irrité contre ses freres, s’alla faire bourreau à Genêve.

Chorier remarque que dans la Jugement de l’empoisonneur de Remond, Baron de Menillon, en 1323. les deux exécuteurs, car il y en eut autant, sont appelés simplement Commissaire & Spiculateurs : ce qui apprend, ajoute-t-il, que le mot de