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BOU

servent à faire la boutargue, qui est une espèce de cervelas d’un goût fort bizarre, & néanmoins que quelques-uns trouvent fort délicieux. Du Loir, pag. 32.

Ménage dérive ce mot du grec ᾠὰ τάριχα.

☞ BOUT-AVANT. s. m. Officier de Saline, dont la fonction est de veiller à ce que l’emplissage du vaxel se fasse selon l’usage. Voyez Vaxel.

BOUTE. s. f. Terme de Marine. C’est la moitié d’un tonneau en manière de baquet. Cupa minor, cupula. Il sert à mettre la boisson qui est destinée chaque jour à l’équipage. On l’appelle aussi baille.

Boutes, sont aussi de grandes futailles où l’on met l’eau douce que l’on embarque pour faire voyage. Dolia.

☞ On donne aussi le nom de boutes aux tonneaux dans lequels on enferme en Guyenne les feuilles de tabac après qu’elles ont sué, & aux barriques dans lesquelles on met le caviac, ou œufs d’esturgeon & de mouronne qui viennent de la Mer noire.

BOUTÉ, ÉE. adj. Terme de Manège, qui se dit d’un cheval qui a les jambes droites depuis le genou jusqu’à la couronne ; ce qui arrive souvent aux chevaux-court-jointés.

BOUTEAUX, ou BOUT DE QUEVRE. Terme de Marine. C’est un petit filet attaché à un bâton fourchu, que les Pêcheurs poussent devant eux sur les sables. On s’en sert sur les côtes de l’Océan, pour prendre une espèce d’écrevisse, appelée cevette, ou salicot.

☞ BOUTE-DEHORS. Voyez Boute-hors.

BOUTÉE. s. f. Terme d’Architecture, qui se dit des ouvrages qu’on fait pour soutenir la poussée d’une voûte, d’une terrasse. Anteris. Il faut de fortes boutées pour résister à la poussée des voûtes des grandes Eglises.

BOUTE-EN-TRAIN. s. m. Qui pousse, qui excite, qui donne l’exemple. Dux, exemplum, incitator. On appelle aussi un petit oiseau qui sert à faire chantes les autres, & qu’on nomme autrement tarin.

☞ En termes de haras, c’est un cheval entier dont on se sert pour mettre les jumens en chaleur. Un boute-en-train se dit figurément d’un homme qui animes les autres, soit au plaisir, soit au travail. Ce mot en françois, lorsqu’on en use en riant, se doit écrire boute-en-train, & non pas bout-en-train, Gloss. Bourg. au mot Bôtré. Pour se divertir il faut un boute-en-train, qui lie la partie, qui excite & qui entraine les autres.

Chaque ville a son Boute-en-train,
Qui veut rire quoi qu’il en coûte ;
Nous l’avons vû par le chemin
Dans les villes de notre route ;
Boute-en-train de Château-Thierry,
C’est la Dame de Vassigny.

M. de la Monnoye, & l’Auteur du Dictionnaire Comique, en étendent la signification à tout ce qui peut exciter à l’amour, comme une belle gorce, &c.

BOUTE-FEU. s. m. Officier d’Artillerie qui met le feu au canon & aux mortiers. Qui ignem tormento subjicit. On appelle aussi du même nom la hampe, ou le bâton garni d’un serpentin, dans lequel on passe la méche, & avec lequel on y met le feu.

Boute-feu, est aussi un incendiaire, qui par malice, ou par vengeance, met le feu à quelque maison. Incendiarius. Il commanda de tuer tous les boute-feux. Ablanc.

Boute-feu, se dit figurément de ceux qui suscitent des séditions, des guerres civiles, qui mettent des dissensions entre les Princes, ou les particuliers, & qui donnent occasion aux guerres & aux procès. Seditionis auctor, fax.

☞ BOUTE-HORS, ou BOUTE-DEHORS. s. m. Espèce de Jeu qui n’est plus en usage : mais au figuré, on dit que deux hommes qui tâchent de se débusquer l’un l’autre de quelqu’emploi, de quelque charge, de se détruire, jouent au boute-hors.

BOUTE-HORS, se dit aussi de la facilité d’exprimer ses pensées, de faire connoître son mérite & son savoir dans les compagnies. Expedita & profluens in dicendo celeritas. Il y a bien des Savans qu’on n’estime pas, parce qu’ils n’ont point de boute-hors. Ce mot en ce sens est trivial.

Boute-hors, ou Boute-dehors. s. m. Terme de Marine. Ce sont des pièces de bois ou petites vergues qu’on ajoute par des anneaux de fer aux grandes vergues, pour porter des bonnettes ou coutelas lorsqu’on veut faire diligence. On appelle aussi boute-hors, ou défenses, de longues pièces de bois qu’on met en saillie en dehors du vaisseau, pour empêcher l’abordage d’un brûlot, ou que les vaisseaux ne s’endommagent en se heurtant les uns contre les autres. Boute-hors se dit encore d’un petit mât qui sert à la machine à mâter, pour mettre les chouquets & les hunes en leur place.

Boute-de-lof, ou Boute-lof. s. m. C’est une piéce de bois rondre à huit pans, qu’on met au-devant des vaisseaux de charge qui n’ont point d’éperon. Elle sert à tendre les armures de misaines.

BOUTERAME. s. f. On appelle ainsi en Flandres une tranche de pain, sur laquelle on étend du beurre, des pommes cuites, du fromage, & de la viande. Mén.

BOUTE-SELLE. s. m. Terme de guerre, signal qu’on donne aux cavaliers pour les avertir de monter à cheval. Signum buccinæ equitibus datum ut equos inscendant. On dit aussi, la levée du boute-selle, qui est le second signal.

☞ BOUTE-TOUT-CUIRE. s. m. Terme populaire qui se dit d’un dissipateur, qui s’accommode de tout, mange tout. C’est un franc boute-tout-cuire. Helluo. Barathrum.

BOUTEILLAGE. s. m. Ancien droit que les Bretons payoient à leurs Seigneurs sur le vin, & sur tous les autres breuvages. Vectigal vinarium. Le droit de bouteillage étoit un des plus considérables. Les Seigneurs levoient de grands droits sur la vente du vin & de tous les autres breuvages, comme la cervoise, le medon ou hydromel, le piment & le cidre. Lobineau. Outre les vins étrangers, la Province avoit les siens : il y avoit des vignes en plusieurs lieux plus propres à fournir du bois, du gland, & du charbon, que du vin ; cependant les Seigneurs de ces lieux n’étoient pas ceux qui fissent le moins valoir leur droit de bouteillage. Id. Les anciens titres appellent ce droit en latin Potagium, Buticulatio, Boutelagium, & Botelagium. Les plus anciens de ces titres sont du XIIe siècle. Le P. Lobineau, Hist. de Bret. T. II. p. 133, remarque que le bouteillage de Dole étoit de douze sous par barrique de vin.

☞ Le Bouteillage est aujourd’hui un droit sur la vente des vins étrangers, que le Bouteiller du Roi d’Angleterre prend, en vertu de sa charge, sur chaque vaisseau. Cette dernière manière de parler vient du bouchon de la bouteille qui est comme sa coëffe, qu’il faut ôter pour boire la liqueur.

Ce mot vient de buticula, diminutif de butta, d’où les Italiens ont fait botte, & qui signifie la même chose. Ménage. Les Bollandistes, Mart. T. I. p. 191, le tirent du latin buto ou buttonus, qui se trouve dans Anastase le Bibliothécaire. April. T. II. p. 828. Dans le procès des miracles du B. Simon, Religieux Augustin de Todi en Otalie, on trouve bottaglia au même sens. Le P. Papebrok, sur les Loix Palatines de Jacques II. Roi de Majorque, Acta SS. Junii, T. III. P. XVI. E. dit que l’on a dit botella, ou buticula, diminitif de boto, qui signifie vase, coupe ; que les Allemans en ont fait pot, auquel ils donnent néanmoins une signification plus étendue, le prenant pour olla, marmite, vase où l’on fait cuire la viande. Nous en usons de même, comme on le verra au mot Pot. On trouve encore buttis, Acta SS. Jun. T. III. p. 457. B.