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moignent que l’idole de Céleste portoit le nom de toutes les principales Divinités du monde, c’est-à-dire, comme parle S. Ambroise adv. Symmach. que cette Déesse étoit honorée par différens peuples, & en différens endroits, sous différens noms. Vers l’an 341, l’Empereur Constantius fit ruiner à Carthage le temple de Celeste. Héliogabale fit apporter de Carthage l’idole de Celeste, que toute l’Afrique révéroit extrêmement. On prétendoit que c’étoit la Lune : c’est pourquoi Héliogabale disoit qu’il la vouloit marier avec son Dieu, qu’on prétendoit être le Soleil. Il en fit célébrer les noces à Rome, & dans toute l’Italie, & obligea tous les sujets de l’Empire à lui faire des présens de noces : il avoit fait apporter de Carthage toutes les richesses du temple de Celeste pour avoir de quoi la parer. De Tillem.

CELESTE, s. f Terme de Fleuriste. C’est une tulipe gris lavande avec un peu de rouge & de blanc de lait. Morin.

CÉLESTIEL, ELLE. adj. Vieux mot. Céleste. Cœlestis, e. Le corps de M. S. Louis fut canonisé à Rome par le Pape Boniface VIII de ce nom l’an 1297 à la requête, poursuite & diligence du Roi Philippe le Bel, son neveu, & mis au catalogue des Saints de la Cour célestielle de Paradis. Anon. Vie de S. Louis.

Mais par disant d’esprit célestiel,
En t’aimant trop, tu me hais & déprimes. Marot.

CÉLESTIN, INE. Vieux adj. Céleste. Cœlestis, e.

Et quand il eut sa face célestine,
Qui des humains la mémoire illumine,
Tournée à moi. Marot.

CELESTIN. s. m. Nom d’homme. Cœlestinus. Célestin, Historien du temps de Valérien & de Galien. Cinq Papes ont porté le nom de Célestin. Les Célestins dans Pline, Liv, III, c. 14, sont des peuples de l’Ombrie.

CÉLESTIN. s. m. Religieux d’un Ordre institué par Saint Pierre Célestin, Pape, & qu’il réforma de l’Ordre de Saint Bernard en 1244. Cœlestinus. Ce Saint né en 1225, dans la petite ville d’Isernia, ou Sergna, au Royaume de Naples, dans le Comté de Molisse, se retira sur le mont de Mourrhon ou Mouron, & y mena pendant cinq ans une vie très-pénitente & très-mortifiée. Les bois qui environnoient sa demeure ayant été abattus, il passa sur le mont Majella. Quelques compagnons se joignirent à lui : il y établit vers l’an 1254, une Communauté, qui fut appellée le Monastère de Ste Marie de Majella, comme il paroît par une Bulle de Grégoire X, & ensuite le Monastère du Saint Esprit. Cet Ordre fut premièrement approuve l’an 1264, par Urbain IV, qui l’incorpora à celui de Saint Benoît. Il fut confirmé ensuite par Grégoire X, l’an 1274, dans le second Concile général de Lyon. Son fondateur qui se nommoit Pierre, & à qui le séjour qu’il fit sur le mont de Mouron, avoit fait donner le surnom de Mouron, fut élu souverain Pontife sous le nom de Célestin V, & les Religieux de cet Ordre prirent le nom de Célestins. Jusques-la ils avoient été appelés les Religieux de Saint Damien. Pierre de Tivoli, Général de cet Ordre, en obtint encore une nouvelle confirmation de Boniface VIII. Voyez Bollandus, T. III, de Mars, & le P. Hélyot, T. VI. c. 23. Philippe le Bel fit demander douze Célestins au Général de l’Ordre par Pierre de Sorre, son Ambassadeur à Naples, & les introduisit en France en 1300, leur donnant d’abord deux Monastères, celui d’Ambert dans la forêt d’Orléans, & celui du Mont de Chatres dans la forêt de Compiegne.

Frères Mineurs Célestins, ou Ermites Célestins, sont des Religieux de l’Ordre de Saint François, qui sur la fin du XIIIe siècle s’opposèrent aux relachemens qui s’introduisoient dans l’Ordre sous le gouvernement de Matthieu d’Aquas Spattas, Général, élu dans le Chapitre de Montpellier en 1287, & voulurent vivre selon la pureté de la Règle de Saint François. Le Pape Célestin V, le leur permit, les soutint & leur ordonna de quitter le nom de Frères Mineurs, & de prendre celui de pauvres Ermites Célestins. Mais après l’abdication de ce Saint Pontife, ils furent persécutés, & obligés de se retirer dans une Isle d’Achaïe. Ils en furent chasses dans la suite, & après bien des souffrances, ceux qui échapèrent se retirèrent en France, où ils se joignirent à d’autres Religieux zélés, ce qui donna occasion à deux partis qui divisèrent l’Ordre : l’un se nomma les Spirituels, & l’autre les Frères Mineurs de la Communauté. Voyez Vading, Annal. Min. T. Il & III, & le P. Hélyot, T. VII, c. 4.

On dit dans le style bas & familier par une manière de proverbe : Voilà un plaisant Célestin ; pour dire, voilà un impertinent, un ridicule, un sot. Cependant si l’on avoit égard à l’origine de cette façon de parler, elle devroit signifier un homme gai, plaisant, divertissant : voici son origine. Autrefois à Rouen, capitale de Normandie, les Célestins n’étoient exemts de payer l’entrée de leur boisson, qu’à condition qu’un de leurs Frères marcheroit à la tête de la première des charrettes, sur lesquelles on conduisoit cette boisson, & sauteroit d’un air gai, en passant auprès de la maison du Gouverneur de la ville. Un jour un de leurs Frères ayant paru devant les charrettes plus gaillard que ceux qu’on avoit vus jusqu’alors, le Gouverneur ne put s’empêcher de dire : voila un plaisant Célestin.

On dit à la Célestine ; pour dire, à la manière des Célestins ; & ces façons de parler sont assez communes. Une omelette à la célestine. Elles sont fort épaisses.

CÉLESTINE, s. f. Terme de Fleuriste. Anémone à peluche, qui a les grandes feuilles blanches, sa peluche blanche, mêlée de citron, qui blanchit sur la fin. Morin.

☞ CÉLESYRIE. Voyez Cœlesirie.

CELIAQUE. adj. de t. g. Terme de Médecine qui se dit d’une espèce de flux de ventre, dans lequel les alimens ne sortent pas tout crus comme dans la lienterie, mais à demi digérés, de sorte que ces deux maladies ne diffèrent entre elles que du plus au moins. Il arrive souvent aussi que les alimens sont digérés ; mais le chyle demeure confondu avec les excrémens. Les causes de la céliaque sont ou la foiblesse du levain de l’estomac, ou le peu de séjour que les alimens y font, ou l’obstruction des veines lactées, ou bien le défaut d’âcreté de la bile.Cœliacus. ☞ C’est ce qu’on appelle ordinairement passion, affection céliaque. On le dit aussi en anatomie d’une artère du bas ventre, qui vient de l’aorte ; l’artère céliaque se divise en deux, la droite va au foie, & la gauche à la rate.

Ce mot vient du grec ϰοἱλια, venter, ϰοιλιαϰὸς un homme sujet à ces sortes d’incommodités.

CÉLIBAT, s. m. État d’un homme qui vit hors du mariage. Vita cœlebs, vulgò cœlibatus. La dure loi du célibat a trouvé de grandes résistances pour s’établir : le cœur ne s’y opposoit pas moins que l’esprit. Saint Evr. Les éloges que Tertullien a donnés à la chasteté firent trouver une plus grande perfection, & une plus grande pureté dans le célibat. Id. Dans le premier Concile de Nicée, Paphnuce s’opposa hautement à la loi que l’on y vouloit faire, pour obliger les Evêques & les Prêtres à garder le célibat. Du Pin. Cependant les grands applaudissemens qu’on donna au célibat, & les fortes raisons de ses partisans ne laissèrent pas de faire impression. Id. Et il fut ordonné à tous les Ministres sacrés, sans exception, de garder le célibat. Dans l’Occident les Conciles d’Elvire, d’Arles, d’Agde, de Tours, &c. ont reçu ce Décret, ou l’ont confirmé. Tant d’autorités font voir que la loi qui ordonne le célibat est sage. Les Prêtres qui se piquoient d’une sainteté plus exacte gardèrent le célibat, en sorte qu’à la fin du IV siècle, & depuis le Décret du Pape