Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/396

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
388
CET — CEV

les vers François un repos qui coupe le vers en deux hémistiches, & qui dans les vers alexandrins se trouve après la sixième syllabe, & après la quatrième dans les vers de dix syllabes.

Que toujours dans vos vers le sens coupant les mots,
Suspende l’hémistiche, en marque le repos. Boil.

Il n’y a que les vers de douze & de dix syllabes qui aient une césure. Cependant les vers de huit syllabes se ceux de sept paroissent plus harmonieux quand ils ont un repos, ceux de huit après la quatrième syllabe, ceux de sept après la troisième.

Il seroit assez mal aisé de bien soutenir la voix sur dix ou sur douze syllabes de suite sans respirer, surtout dans une prononciation grave & majestueuse, comme lorsqu’on récite ou que l’on déclame des vers. C’est pour cette raison qu’on a voulu marquer dans les deux espèces de nos plus grands vers un certain repos qui les partage en deux hémistiches, & c’est à quoi on a donné le nom de césure. Dans les vers de dix syllabes, la césure porte toujours sur la quatrième, & sur la sixième dans ceux de douze. La syllabe qui porte la césure ne sauroit souffrir l’e muet. La césure doit toujours tomber sur la dernière syllabe du mot, à moins que cette syllabe n’ait un e muet, car alors on rejette la césure sur la pénultième, & on élide l’e muet avant l’hémistiche suivant, qui doit commencer par une voyelle. La césure est fausse toutes les fois qu’en s’y arrêtant on sera obligé de s’éloigner de la manière naturelle de parler ou de lire, qui ne permet pas de se reposer pour reprendre sa respiration, en désunissant certains mots qui sont liés ensemble, & qui doivent être dits tous d’une haleine, comme l’adjectif & le substantif, le nom & son régime, le verbe auxiliaire & le participe qui y est attaché, lorsqu’ils se suivent immédiatement ; à moins que ce qu’on réserve pour le second hémistiche, ne le remplisse tout entier, & ainsi des autres. P. Mourgues.

En latin, la césure est une syllabe qui reste après un pié, dont elle semble être détachée pour commencer le pié suivant. Dans ce vers,

Armavirumque cano Troqui primus ab oris.


les syllabes no & sont des césures. Les vers sans césure en François sont tout-à-fait vicieux. L’endroit où le vers doit être coupé, & où il doit y avoir un repos, ne peut-être lié avec ce qui suit. Dès qu’on ne sait où s’arrêter, on n’en sent plus la cadence.

CET.

CET, CETTE. Pronom démonstratif qui répond au Latin hic, hæc, hoc. C’est la même chose que Ce. Voyez Ce. Cet se met devant une voyelle, cet autre, cet homme ; & ce, devant une consonne. Ce livre est beau, ce café est bon.

CÉTACÉE. adj. de t. g. qui se dit des grands poissons, qui approchent de la baleine, cete, cetaceus. Les tiburons sont des poissons cétacées qui engloutirent les hommes. Les orkes, phyfetères ou souffleurs, pristères, lamies, sont des poissons cétacées. Les urnes, qu’on a cru jusqu’ici de licorne, sont des dents ou défenses d’un poisson cétacée qu’on trouve dans la mer glaciale, nommé Narwal.

☞ On dit substantivement, les cétacées, le genre des cétacées. Le narwal est du genre des cétacées.

CÉTÉRAC. s. m. Terme de Botanique. Cetherach, ou Asplenium. Plante qui porte ses fruits levés au dos de ses feuilles comme la plupart des fougères. On croit qu’elle a la propriété de consumer la rate, & que ce nom d’Asplenium lui a été donné à cause de cette qualité. Ses racines sont vivaces, & composées de filamens nous, du collet desquelles partent des feuilles longues comme le doigt, obtuses, comme ondées sur leurs bords, charnues, verdâtres en dessus, écailleuses à leurs revers ; & d’entre ces écailles rouilleuses sortent de très-petites capsules sphériques, garnies d’un anneau élastique par lequel elles s’ouvrent en deux pour laisser échaper sa semence, aussi menue que la poussière la plus fine.

Le Cétérac est apéritif, & on s’en sert comme des autres capillaires dans les embarras des viscères, & pour emporter les obstructions du foie & de la rate, pour dissiper la jaunisse, & pour arrêter des flux de sang. Pline & Dioscoride ont écrit que la décoction des feuilles de Cétérac faite dans le vinaigre, & prise en breuvage l’espace de quarante jours, consume la rate.

CETERÉE. s. f. Mesure qui sert à l’arpentage dans quelques endroits de la Guienne ; c’est proprement l’arpent du pays. Voyez Seterée.

CETES. s. m. Roi d’Egypte, dont les Grecs ont Fait leur Protée. Il étoit fort habile dans les arts, & se transformoit en différentes formes. Les différens ornemens que les Rois d’Egypte avoient coutume de prendre & de changer souvent, donnèrent occasion à la fable, comme l’a remarqué Diodore de Sicile. Voyez aussi le P. Kirk. Ægypt. Tom. I, p. 96.

CETRA. Nom d’une arme des anciens Gaulois. C’étoit une ☞ espèce de petit bouclier rond, de cuir, dont se servoient les soldats Espagnols & Africains à la guerre.

CETTE. Cap. de Cette. Port de Cette. Voyez Sete. C’est ainsi qu’il faut écrire. Le Port de Cette a de longitude 21d 12′ 58″, & de latitude 43d 24′ 40″. Cassini.

CETUI, CETUI-CI, CETTE-CI. Pronoms qui s’emploient en Poësie en style burlesque, ou quand on imite l’ancien langage. Hic, hæc ; iste, ista. En sa place on dit celui-ci, celle-ci.

Cetui pays n’est pays de cocagne. Voltaire.

Heureux sont ceux que la vanité lasse
De cetui siècle. M. De Théniseul.

CETUS. s. m. C’est ainsi que les Latins appellent une constellation méridionale que l’on nomme plus ordinairement baleine.

☞ CETZURA. Petite ville de Moldavie, sur la rive gauche de Pruth, presque vis-à-vis d’Yassi.

CEU.

☞ CEU. Ville de la Chine dans la province de Chanton ou Kantung. Elle est de 15 m. plus orientale que Peking. à 36 d. de lat.

CEV.

CEVA ou CEVE. Petite ville d’Italie en Piémont, au Comté d’Asti, sur le Tanaro, capitale du Marquisat de Ceva.

CEVAL, & CEVEL. s. m. Vieux mot qui s’est dit pour cheveu, & d’où le mot de cheveu a été formé dans la suite.

Les ongles grands & longs, les ceveles méelés.

R. de la conquête d’outr.

CÉVENNES, que Maty & quelques autres en petit nombre écrivent Sevennes, contre l’usage ordinaire. Cemmenius Tractus. Les Cévennes sont un quartier du Languedoc ; elles ont au midi le bas Languedoc, le Rouergue au couchant, l’Auvergne & le Forez au nord ; & au levant le Rhône les sépare du Dauphiné. Les Cévennes renferment le Gévaudan, le Vélay & le Vivarès, dont les villes principales sont Mende, le Puy, & Viviers, trois Evêchés. Les montagnes des Cévennes, Cemennus, ou Cemmenius mons, Mons Cebenna, ou Gebennicus, sont des montagnes de trente lieues d’étendue, ou environ, depuis les sources de la Loire jusques vers Lodève. Les Fanatiques des Cévennes, dans la guerre de 1689, étoient des paysans des Cévennes, fortement abusés par de prétendues prophéties du Ministre Jurieu. M. de Bruys a écrit fort exactement & fort agréablement l’histoire de ce Fanatisme des Cévennes.

CEUFREY. s. m. Nom d’homme. Ceolfridus. Saint Ceolfrid, que le vulgaire de France appelle Souf-