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est moderne ; & ce n’étoit d’abord qu’une espèce de calotte.

Ceux qui ont traité des Chanoines Reguliers, outre les Auteurs déjà cités, sont Gabriel Pennotus, Chanoine Régulier, Historia Canonicorum Regularium, à Rome 1624. in-fol. Jean-Bapt. Malegarus, Chanoine Régulier aussi, Instituta & progressus Clericalis Canonic. Ordinis, contre le P. Cellot, à Venise en 1648. Jean-Bapt. Signius autre Chanoine Régulier ; De Ordine & statu Canonico, à Boulogne en 1601. Le P. Du Moulinet a donné les figures de différens habits des Chanoines Réguliers, à Paris en 1666. Tout le second tome de la nouvelle Histoire des Ordres Monastiques est employé à celle des Chanoines Réguliers, de leurs différentes congrégations, tant d’hommes que de filles, & des Ordres militaires qui y ont rapport.

Chanoine-Moine. s. m. Canonicus Monachus. On croit, & il est bien vrai-semblable, que les Chanoines-Moines n’étoient point différens des Chanoines-Réguliers, & que les Chanoines ont été appelés Moines. Anastase le Bibliothécaire, dans la vie de Grégoise IV, dit que ce Pontife ayant fait rétablir la Basilique de Sainte Marie au-delà du Tibre, y mit des Chanoines-Moines ; & on lit dans un vieux Pontifical de S. Prudence, Evêque de Troyes, que dans le premier Memento de la Messe on y faisoit mention des Chanoines-Moines de cette Eglise. Histoire des Ordres Monastiques & Rel. p. 2. ch. 18.

Il y a aussi des Chanoines Laïques, ou Séculiers, qui ont été reçus par honneur & par privilèges dans quelques Chapitres de Chanoines. Canonici Seculares, ou Laïci. Et ainsi dans le cérémonial Romain l’Empereur est reçu Chanoine de S. Pierre ; les Comtes d’Anjou dans l’Eglise de S. Martin de Tours, aussi-bien que ceux de Nevers. Les Rois de France, par le seul titre de leur Couronne, sont Chanoines de l’Eglise de S. Hilaite de Poitiers, de S. Julien du Mans, de Tours, d’Angers & de Châlons ; les Ducs de Berry Chanoines de Lyon. Humbert, Dauphin de Vienne, étoit Chanoine de la grande Eglise. Du Cange.

Chanoines jubilaires ou jubilés, sont ceux qui jouissent de leurs prébendes depuis 50 ans. Ils sont tenus présens & reçoivent les distributions manuelles,

Chanoines majeurs, dans quelques Eglises, sont ceux qui possèdent les grandes prébendes, par opposition à ceux qui ont de moindres prébendes, qu’on appelle Chanoines mineurs.

Chanoines in minoribus, ceux qui ne sont pas encore dans les Ordres sacrés. Ils n’ont point de voix au Chapitre, & sont, dans plusieurs Eglises, dans les basses stalles, & de bout pendant l’office.

On dit proverbialement, vivre comme un Chanoine, c’est-à-dire, paisiblement, dans l’abondance & dans l’oisiveté.

Et comme un gros Chanoine, à mon aise & content,
Passer tranquillement, sans souci, sans affaire,
La nuit à bien dormir, & le jour à rien faire. Boileau.

Les Chanoines, vermeils & brillans de santé,
S’engraissent d’une longue & sainte oisiveté. Id.

CHANOINESSE. s. f. Fille qui possède une prébende affectée à des filles par la fondation, sans qu’elles soient obligées de renoncer à leur bien, ni de faire aucun vœu. Canonica virgo, Canonica. On n’en voit guère qu’en Flandre, en Allemagne & en Lorraine. Les Chanoinesses de Remiremont. C’est aujourd’hui plutôt un Séminaire, & une retraite honnête de filles à marier, qu’un engagement pour le Service de Dieu. Le Concile d’Aix-la-Chapelle en 816, fit une règle pour les Chanoinesses, comprise en 28 articles. Elle est dans l’édition des Conciles du P. Labbe, T. VII, p. 1406. C’est le IIe Liv. du Concile d’Aix. Le premier est la règle des Chanoines.

Chanoinesse de S. Augustin, est une sorte de Religieuses qui suit la règle de S. Augustin, & qui est habillée de serge blanche, avec un surplis de toile fine sur sa robe, un voile noir sur sa tête, & quelques-unes une aumusse sur le bras. Canonica sancti Augustini regulæ addicta, mancipata. Les Chanoinesses de saint Augustin sont fondées, & plusieurs d’entr’elles ont des Abbesses.

Quant à l’origine des Chanoinesses Régulières, on ne peut dire que S. Augustin soit leur instituteur. A la vérité il établit des Religieuses à Hippone ; & elles purent s’appeler Chanoinesses, Canonicæ ; parce que c’étoit alors la coutume tant en Orient qu’en Occident, d’appeler Chanoines & Chanoinesses tous les Ecclésiastiques, Moines, Religieuses, Vierges, bas Officiers de l’Eglise, domestiques des Monastères, & généralement tous ceux qui étoient compris dans la matricule ou catalogue appelé canon. Le P. Le Large, Chanoine Régulier de France, avoue cet usage ; mais il soutient que depuis le VIe siècle, il y a eu en Occident des Chanoinesses différentes des Moniales, fondées sur l’établissement d’un Monastère fait par saint Fridolin à Seking, où il mit des Chanoinesses. Mais Baker, Moine de Seking, du Xe siècle, qui seul rapporte ce fait, ne semble pas à d’autres devoir être cru. Les Chanoinesses, disent-ils, étoient inconnues au commencement du VIIIe siècle. Le Concile tenu en Allemagne l’an 742, ordonna que tous les Religieux & les Religieuses suivroient la règle de S. Benoît. Le Capitulaire de Charlemagne de l’an 779 fit la même chose, sans faire aucune mention de Chanoinesses. Ce n’est qu’à la fin du même siècle qu’on en trouve quelques vestiges, Voyez le Concile de Francfort de l’an 794, canon 47, & l’Assemblée d’Aix-la-Chapelle en 802. Le Concile de Châlon-sur-Saône l’an 813 fit des règles pour les Chanoines & pour les Chanoinesses, aussi bien que celui d’Aix-la-Chapelle en 816. Par ces règles, il ne paroît point que ni les uns ni les autres passassent pour enfans de S. Augustin. Au contraire, celle des Chanoinesses est tirée de S. Jérôme, de S. Cyprien, de S. Athanase & de S. Césaire. Il n’y est point parlé de la règle de S. Augustin. Le Concile de Rome tenu en 1060, par Nicolas II, nous apprend que jusqu’à cette année l’Institut de ces sortes de Chanoinesses n’avoit été reçu dans aucun endroit d’Asie, d’Afrique, ni même d’Europe, excepté dans un petit coin de l’Allemagne ; & qu’avant Louis le Débonnaire toutes les Religieuses, quelque part qu’elles fussent, suivoient la règle de S. Benoît. Ainsi l’on voit & le temps & le lieu de leur institution.

Dès le temps de S. Basile le Grand, le nom de Chanoinesse étoit en usage. Il y avoit à Césarée de Cappadoce un Monastère de Vierges que ce Père appelle Chanoinesses ou Canoniques. Voyez l’Histoire Ecclésiastique de M. Fleury, Liv. XVII, n. 9.

On ne peut rien dire de certain touchant l’origine des Chanoinesses séculières. Il y a plusieurs Abbayes, où pour le moins l’Abbesse, avant que de recevoir la bénédiction Abbatiale, doit s’engager & s’engage en effet à la Règle de S. Benoît. Cette obligation des Abbesses, & de toutes celles qui occupent les premières dignités, porta le P. Hélyot à croire que les Chanoinesses ont été dans la même obligation, & qu’elles ne sont venues à cet état de liberté qu’elles ont présentement, que par le relâchement qui s’y est introduit peu à peu. Et en effet, il est sûr que les Chanoinesses de Remiremont, de Nivelles & d’Andennes étoient autrefois régulières ; préjugé bien fort pour les autres. C’est aussi le sentiment du P. Mabillon. On ne commença à reconnoître ces filles en France sous le nom de Cha-