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CHA

Chapitre, se prend aussi, pour sujet, matière. Argumentum. Cette manière de parler & d’user du mot de chapitre est figurée ; mais elle est fort en usage. Chapitre en ce sens, s’exprime quelquefois par la proposition de avec l’ablatif, comme dans les deux premiers exemples suivans. Quand cet homme est sur le chapitre des cagots, il ne se peut taire. N’attaquez pas cet homme sur le Droit, il est plus fort que vous sur ce chapitre-là. Quelquefois on le supprime dans le latin, comme dans les exemples suivans. Ce goinfre entend bien le chapitre des sauces ; c’est-à-dire, il entend bien les sauces. Après qu’on eut parlé de plusieurs choses, enfin on en vint sur son chapitre, c’est-à-dire, à parler de lui, à l’examiner.

On dit proverbialement, qu’un homme n’a point de voix en chapitre ; pour dire, qu’il n’est d’aucune considération dans sa compagnie, dans sa famille. Quand la femme gouverne la maison, on dit, le mari n’a point de voix en chapitre, est sans crédit, sans autorité.

CHAPITRER. v. a. Corriger, châtier un Moine, un Chanoine en plein Chapitre. Aliquem reprehendere. Il n’a guère d’usage au propre.

Ce mot vient de capitulare, qu’on a dit dans la basse latinité dans le même sens.

Chapitrer, au figuré, se dit pour réprimander quelqu’un, lui remontrer sa faute en paroles un peu fortes. Vous faites cela sans en parler à votre femme, vous serez tantôt chapitré. Ce mot figuré est venu du propre ; mais il est du style familier. Je l’ai chapitré sur le peu de respect qu’il portoit à son père. Molière.

Chapitré, ée. part.

CHAPLIS. Vieux mot françois qui signifie, bruit des coups d’épées donnés sans cesse & fort redoublés, particulièrement sur les armes. Armorum ex frequenti collisu strepitus. Il étoit fort en usage dans les romans, aussi-bien que chaple, qui signifie combat, & venoit de chapla, mot de Languedoc, qui signifie frapper.

CHAPON. s. m. Poulet mâle qu’on châtre pour l’engraisser. Capo, capus.

Ce mot vient de capus ou capo, qui en latin signifie la même chose, & qui vient du grec κάπτειν, qui signifie la même chose qu’ἐσθίειν, manger, ainsi il paroit par ses dérivés, κάπη, præsepe, une auge, κάπηλος, caupo, un homme qui donne à manger, un hôtelier, un cabaretier. On a donc ainsi nommé ces animaux parce qu’on les engraisse. Vossius, De Idolol., Lib. III, c. 91. Le P. Pezron dit que le grec κάπος, d’où sont dérivés le latin capo, & le françois chapon, vient du celtique cabon, qui a le même sens. ☞ La chair du chapon, soit bouillie, soit rôtie, est nourrissante & de facile digestion. C’est pourquoi elle convient aux convalescens.

Chapon, se dit figurément d’un morceau de pain qu’on met bouillir dans le pot. Immersum ollæ panis frustulum.

On appelle en termes de Palais le vol du chapon, une pièce de terre qui est autour d’une maison noble, d’aussi grande étendue que pourroit avoir le vol d’un chapon. Prærogative juris prædium.

L’aîné, dans le partage d’une maison noble, a le principal manoir, ou le vol du chapon. Suivant la coutume de Paris, ce vol de chapon est estimé à un arpent de 72 verges, ou 1580 pieds, ou 316 pas.

Chapon, se dit proverbialement en ces phrases. Qui chapon mange, chapon lui vient, pour dire, que le bien vient plutôt dans la maison de ceux qui en ont déjà, que chez ceux qui n’en ont point. On appelle aussi deux chapons de rente, deux choses, ou deux personnes d’inégale valeur, de taille différente, parce que de ces chapons il y en a d’ordinaire un gras, & l’autre maigre. On dit aussi d’une terre usurpée par quelqu’un, que ce n’est pas celui à qui elle appartient qui en mange les chapons. On dit aussi d’un homme qui est sujet à dérober, qu’il a les mains faites en chapon roti. On appelle aussi quelquefois ironiquement un châtré, un chapon, & on dit qu’il a été chaponné.

Chapon, terme de Vigneron, se dit en quelques endroits, comme synonyme de crossette. Ce n’est pas précisément comme le disent les Vocabulistes, un sarment que le Vigneron détache pour en faire du plant ; (& non pas du plan) mais une branche de vigne ou un sarment de l’année, où on laisse un peu de bois de l’année précédente, que l’on détache pour en faire une bouture. Ces branches ont le nom de chapon, à cause qu’en leur extrémité d’enbas il y a ordinairement de vieux bois, qui fait comme un cul de chapon. On se sert de ce mot en Bourgogne, & sur-tout aux environs d’Auxerre, au lieu qu’ailleurs on appelle ce plant des crossettes. Ainsi on dit, voilà de beaux chapons. Ces chapons sont tous altérés. Liger.

Chapon. On appelle ainsi les plus grandes peaux des élans. Pellis alces maxima. On employé les chapons à faire des bufles.

CHAPONNEAU. s. m. Diminutif du chapon. Coq nouvellement châtré. Junior capo.

CHAPONNER. v. a. Châtrer un poulet mâle pour le faire engraisser. Pullum gallinaceum castrare. Les Coquetiers de Délos sont les premiers qui aient chaponné les coqs, comme l’a remarqué Vossius sur un passage de Pétrone. Voyez De Vossius, Idol. Lib. III, c. 91.

Chaponné, ée. part. Castratus.

CHAPONNIÈRE. s. f. Vaisseau d’argent ou de cuivre étamé, pour mettre un chapon en ragoût. Vas coquinarium coquendis caponibus idoneum.

CHAPPAR. s. m. Terme de relation. Courier du Roi de Perse, portant les dépêches de la Cour dans les Provinces ; & les lettres des Gouverneurs à la Cour. Cursor. Les postes ne sont point établies ni réglées en Perse comme nous le voyons en France ; mais si l’on en croit M. Tavernier, quand la Cour y fait partir un Chappar, on ne lui fournit qu’un cheval, quelque long que soit son voyage. C’est l’Ecuyer du Sophi qui le lui donne. Il y joint un homme qui court après lui. Quand son cheval est las, il prend celui du premier Cavalier qu’il rencontre, & qui n’oseroit le lui refuser ; & il renvoie le sien à l’Ecuyer qui le lui a fourni, par l’homme qui le suivoit. Pour le maître du cheval nouveau qu’il a pris, il faut qu’il courre après le Chappar, ou qu’il envoie quelqu’un courir après lui pour ravoir son cheval, quand le Chappar démontera quelqu’autre Cavalier pour en changer.

CHAPPE. s. f. Voyez Chape.

CHAPPIN. s. m. Ëspece de chaussure dont on se sert en Espagne, & qui sert de surtout au soulier. Les chappins sont à peu près comme nos galoches, excepté qu’on ne se sert de galoches en France que pour tenir les souliers plus propres & plus nets, & pour éviter le froid en hiver ; en sorte qu’on les ôte en entrant dans l’Eglise, dans les maisons distinguées ; & qu’au contraire en Espagne les chappins des Dames sont des chaussures de cérémonie & de respect. Si les Dames avoient paru devant la Reine sans chappins, elle le trouveroit fort mauvais. Mad. Daunoy. Cotgrave est le seul Lexicographe qui parle des chappins. On peut dire que le déguisement d’Aurore (en Cavalier) la changeoit à un point, qu’Aurore & Don Félix paroissoient deux personnes différentes. Il sembloit même qu’elle fût beaucoup plus grande en femme qu’en homme. Il est vrai que ses chappins, car elle en avoit d’une hauteur excessive, n’y contribuoient pas peu. Gil. Blas, tom. II, p. 100.

CHAPTEL. Voyez Chepteil.

CHAPUCIER. s. m. Nom usité dans quelques Chapitres, comme dans celui de Reims. C’est un Officier qui a soin des chappes. Capparum custos.

CHAPUIS. s. m. Charpentier. Carpentarius. Ce mot se disoit autrefois, il est aujourd’hui hors d’usage. De chapuis, on avoit fait chapuiser, pour dire, travailler du métier de Charpentier. Ce verbe étoit