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miculis Capillaribus Infantum, dans laquelle on trouve tout ce que différens Auteurs ont écrit sur ce sujet, & tout ce qu’on en peut savoir, tant pour la théorie que pour la pratique.

Chartre. Cri d’armes de Thibaut Comte de Champagne.

Flamans crie Aras ; & Angevin rallie,
Et li cuens Thiébaut, Chartre & Passavant crie,


dit, dans son Roman de Normandie, Maître Vace, natif de l’Ile de Gersey, Chanoine de Bayeux, surnommé le Clerc de Caen. Ménage. Hist. de Sablé, L. I, ch. 2, page 4.

CHARTRES. Carnutum, Autricum carnutum. Ville très-ancienne, Capitale de la Beauce, Province de France. Quelques Auteurs prétendent qu’elle fut bâtie par les Gomérites, ou enfans de Gomer, peu de temps après Noé. D’autres disent que ce furent les Saronides & les Druides, qui y jettèrent les fondemens d’une ville ; qu’ils y érigèrent un autel à la Vierge qui devoit enfanter, Virgini Parituræ. D’autres soutiennent seulement qu’un certain Priscus, ayant appris de la doctrine des Druides, qu’il y auroit une Vierge qui enfanteroit, ce Seigneur ou Gouverneur, lui fit ériger un autel & haut un temple. Chartres est situé sur la rivière d’Eure. Jusqu’à François I cette ville n’a eu que le titre de Comté. Ce Prince l’érigea en Duché en faveur de Renée, Duchesse de Ferrare. La Cathédrale de Chartres est une des plus belles Eglises du Royaume. Il y a un Vidame de Chartres. Les fils des Ducs d’Orléans portent le titre de Ducs de Chartres. La latitude de Chartres est 48d 30′ & sa longitude 19d 15′, selon l’Académie des Sciences.

Chartres a son méridien de 0h 3′ 24″ ou 0d 51′ 0″ plus occidental que celui de l’observatoire de Paris. Ainsi il a 19d 0′ 22″ de longitude. Sa latitude est 48d 27′ 10″. Cassini.

Les habitans de Chartres & de son territoire s’appeloient autrefois Carnutes, aujourd’hui Chartrains.

Quelques Auteurs, au rapport de Du Chesne dans ses Antiquités des Villes de France, croient que le nom de cette ville vient du mot grec κάρυος, ou plutôt κάρυον, ou κάρυα, une noix ; de même que celui de Druide vient de δρῦς, un chêne, parce que ces arbres venoient en abondance dans les forêts de ce pays-là.

Chartres. Congrégation de S. Jean de Chartres, Voyez Jean.

CHARTREUSE. s. f. Lieu de Dauphiné dans les montagnes, à quatre ou cinq lieues de Grenoble, du côté du nord. Carthusia. S. Bruno, quand il quitta le monde pour vivre dans la solitude, choisit pour sa demeure ce lieu des montagnes de Dauphiné nommé Chartreuse, & c’est de-là que les Monastères & les Religieux de son Ordre ont pris leur nom.

Chartreuse. s. f. Maison de Chartreux. Monasterium Carthusianorum, Charthusia. M. Ménage, qui étoit d’Anjou, & qui devoit connoître le caractère de ceux de son pays, dit qu’il n’y a point de Chartreuse en Anjou, parce que les habitans y aiment trop à parler : on dit la même chose de Beauvais. La grande Chartreuse est bâtie sur un rocher dans une solitude affreuse, à cinq lieues de Grenoble. On y arrive par des chemins pratiqués dans le roc, d’où l’on voit d’un côté des précipices affreux ; ce qui oblige quelquefois les voyageurs de descendre de cheval. Ce fut en 1086, que S. Bruno se retira à la Chartreuse, qui depuis a été appelée la grande Chartreuse, parce que c’est la première maison de l’Ordre : les autres Monastères s’appellent du nom de Chartreuse, en y ajoutant le nom du lieu où ils sont situés ; la Chartreuse de Paris, de Rouen, de Gaillon, du Val-Dieu, &c.

Chartreuse. s. f. Nom de Religieuses qui suivent l’Institut des Chartreux. Carthusiensis Monialis. L’origine de ces Religieuses est inconnue. Il paroit néanmoins que le premier Monastère de ces filles a été fondé du vivant du B. Guigues, cinquième Général de l’Ordre, & que c’est le Monastère de Bertaud, fondé l’an 1116. La première fois qu’il est parlé des Chartreuses, c’est dans les Statuts de l’Ordre, rédigés par le Général Dom Riffer, l’an 1250. Le P. Innocent Masson croit qu’elles avoient les mêmes observances que les Chartreux. Cependant, s’il en faut croire Camille Turin, dans son Histoire des Chartreux, les Religieuses de cet Ordre du Monastère de Pré-Baïon ayant été fondées l’an 1230, le B. Jean d’Espagne leur donna des Constitutions particulières. Ce qui est certain, c’est que présentement toutes les Religieuses Chartreuses se conforment en toutes choses aux Religieux du même Ordre, excepté qu’elles mangent toujours en commun.

Les Chartreuses furent instituées vers l’an 1215, par une sainte fille, nommée Agnès, dans la Chartreuse d’Estoges, ou plutôt des Ecouges, sous le Dauphin Humbert II. Il n’y a présentement que cinq Monastères de Chartreuses, qui sont Prémol, à deux lieues de Grenoble, fondé l’an 1234 par Béatrix de Montferrat, épouse du Dauphin André ; Melun dans le Fossigny en Savoie, & du Diocèse de Genève, fondé par le Dauphin Humbert I, Anne son épouse, & Jean leur fils, l’an 1299. Grosné au Diocèse d’Arras, fondé par l’Evêque Thierry Hérisson en 1308 ; & Bruges, fondé en 1344. Leur habit est semblable à celui des Chartreux, excepté qu’elles portent un manteau blanc. D. Innocent. Masson, le P. Helyot, T. VII, c. 35.

Chartreuse. Terme de Fleuriste. Tulipe gris de lin, qui a peu de pourpre & de blanc de lait d’entrée. Morin.

CHARTREUX. s. m. Religieux de l’Ordre de S. Bruno, qui vit fort austèrement, & dans une clôture & une solitude fort étroite. Carthusianus, Carthusiensis. Ce nom vient du village de la Chartreuse en Dauphiné, que Hugues, Evêque de Grenoble, donna à S. Bruno, & où ce saint se retira lorsqu’il commença à fonder cet Ordre en 1086 ; & l’on a donné ce nom aux autres maisons de Chartreux.

On fait dire à M. Valois dans le Valesiana, que les Chartreux ne devroient pas s’appeler en latin Carthusienses, mais Caturciences, du nom du village qui est proche du lieu où ils s’établirent la première fois, qui s’appelle en latin Catorissium, ou Caturissium, & en françois Chatrouse. Mais dans la lettre de fondation du Monastère de Chartreuse, signée du Curé & des habitans du village dont il s’agit, les Religieux de ce Monastère sont appelés Cartunenses, & non pas Caturcienses. Pierre de Cluni, Saint Bernard & les autres Ecrivains qui les ont vu naître, ne les ont point appelés autrement que Cartusienses ; & il ne faut point alléguer la chronique de saint Médard de Soissons, où M. Valois a lu Ordo Caturciensis, puisque cette chronique, qui finit en 1261, est postérieure de près de deux cens ans à la fondation des Chartreux, qui est de l’année 1086. Vign. Marv. Cet Auteur étoit Chartreux.

Les Constitutions des Chartreux se trouvent dans un livre imprimé à Basle en 1510. Il contient tous les Statuts de leur Ordre, & il n’y a point d’impression de ces Constitutions plus ancienne ni plus authentique ; car elle a été reçue, approuvée & autorisée de tout l’Ordre, comme on le voir par le témoignage de François Dupuis, leur Général, qui se lit à la fin de cette compilation. Les Statuts de Guigues y sont les premiers, sous le titre de Statuta & consuetudines D. Guigonis prioris Carthusiæ. M. l’Abbé de la Trappe, dans son ouvrage de la Vie Monastique, s’est servi de ce livre pour prouver que les Chartreux ne vivoient plus dans cette grande austérité à laquelle ils étoient obligés par les Constitutions de Guigues leur cinquième Général. D. Innocent Masson, leur Général, a fait une réponse à l’Abbé de la Trappe, sous le titre d’Explication de quelques endroits des anciens Statuts de l’Ordre des Chartreux. Dans ce