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BRA

Il porte dans le sein
Un brasier qui n’a point de fin. Voit.

Brasier, en termes de Boulangers, c’est une manière de petite huche où les Boulangers mettent de la braise, quand elle est étouffée. Les Boulangers ne sont pas d’accord sur ce mot ; il y en a plusieurs qui disent braisier.

BRASIL. Voyez Brésil.

BRASILIEN, ENNE. s. m. & f. Brasilus, a. Quoiqu’on dise Brésil, ainsi que nous le marquerons en son lieu ; il y en a qui disent Brasilien, & non pas Brésiliens, pour signifier un homme du Brésil, habitant du Brésil, sauvage du Brésil. Les Brasiliens ont une tradition obscure du déluge. Les Brasiliens croient l’immortalité de nos ames ; qu’elles vivent encore après leur séparation des corps ; que les unes sont alors changées en démons, & que les autres sont transportées dans les campagnes agréables, où elles jouissent de plaisirs continuels. Jean de Lery, dans l’Histoire de son voyage du Brésil, dit Brésilien.

BRASILLER. v. a. Faire griller un peu de temps sur de la braise. Faire brasiller des pêches. Il n’a guère d’usage que dans cette phrase, où il est neutre.

Brasillé, ée, part. Des pêches brasillées.

☞ En parlant de la lumière que l’on voit sortir de la mer pendant la nuit, on dit neutralement que la mer brasille le long des flancs d’un navire.

☞ BRASLAW, Braslavca. Ville de Pologne, dans la Lithuanie, au Palatinat de Wilna, capitale du Palatinat.

☞ BRASQUE. s. f. Mêlange d’argille & de charbon pilé, dont on enduit l’intérieur des fourneaux des Fonderies.

BRASSAGE. s. f. Terme de Monnoyeur, qui se dit de la manufacture des Monnoie. Le brassage est la peine de l’ouvrier, dont la plus grande est celle de bien remuer avec les bras l’or & l’argent en grenaille, qui est dans des sacs, quand il y en a de différente valeur, pour en faire un mélange fort égal, & avoir la monnoie au titre qu’on desire. Brachiorum labor. Dans le droit de brassage est compris le droit du Maître, du monnoyeur & du Tailleur de la monnoie, qui s’appellent particulièrement ouvrage, monnoyage & ferrage. Ainsi Boizard, Tr. des Mon. P. I, C. 9, le définit : Le pouvoir accordé par le Roi au Maître des monnoies de prendre sur chaque marc d’or, d’argent, ou de billon, ouvré en espèces, une certaine somme modique, de laquelle somme le Maître de chaque monnoie retient environ la moitié pour le déchet de la fonte, pour le charbon, & pour les autres frais ordinaires. L’autre moitié est distribuée aux Officiers des monnoies, & aux Ouvriers qui ont contribué de leur ministère à la fabrication des espèces. Les vieux titres appellent le droit de Brassage, en latin Brazeagium. Le droit de brassage pour l’or est de trois livres par marc, & celui de l’argent de dix-huit sols. Bouteroue dit, pag. 7, que les frais de la fabrication sont ce que l’on nomme Brassage.

☞ BRASSARD, BRASSART ou BRASSAR. Le premier est le plus usité. Les Vocabulistes copiant fidellement l’Académie, disent que c’est la partie de l’armure d’un homme de guerre, servant à lui couvrir le bras. Cela est vrai ; mais mal dit. On ne dit point l’armure, mais les armes d’un homme de guerre, en parlant en général de ce qui lui sert dans le combat : armure ne se dit qu’en détail. Armure de tête, armure de cuisse, armure de bras. Voyez Armure. Ainsi il faut dire que le Brassard est non pas une partie de l’armure, mais simplement est l’armure du bras d’un Gendarme, d’un homme de guerre. Brachiale. L’ancienne Gendarmerie portoit des brassards. L’infanterie suisse porte encore des brassards ; ce sont seulement les piquiers. Pour armes défensives, au lieu de jacques de maille, dont on s’étoit servi long-temps, les cavaliers prirent vers l’an 1300 une cuirasse, des brassards, des cuissards, des jambières & des gantelets. Le Gendre.

Brassard, est aussi un instrument de cuir, long environ d’un pied : il est rond & creux, afin qu’on puisse y passer le bras : on s’en sert en jouant au balon pour le pousser avec plus de force, & pour ne se point blesser, ce qui arriveroit, si en poussant on rencontroit l’ouverture du balon, où il y a un morceau de bois avec une soupape. Brachiale lusorium, coriaceum.

☞ On se sert aussi dans les Verreries de brassards faits de vieux chapeaux, dont on se couvre le bras droit jusqu’au coude, afin de pouvoir soutenir le manche des pelles, quand il est trop chaud.

☞ BRASSAW, ou BRASSOW. Chez les Allemands Cronstadt. Patrovissa. Ville de Transilvanie, avec Evêché, sur la frontière de la Valachie, dans le Burchland.

BRASSE. s. f. Mesure qui contient la longueur des deux bras étendus, avec le travers du corps ; ce qui fait à-peu-près la longueur de six pieds de Roi. Senorum pedum mensura, orgya. En plusieurs lieux, comme à Florence, à Bergame, à Lucques, la brasse est une mesure de longueur, dont on se sert pour les étoffes. Il ne se dit guère sur terre que d’une brasse de corde. ☞ Elle est différente dans les différentes villes d’Italie où cette mesure est en usage.

☞ On se sert encore de la brasse pour mesurer la profondeur des mers & des rivières, quand on jette la sonde. La brasse des vaisseaux de guerre est de six pieds ; celle des vaisseaux marchands, de cinq pieds & demi ; celle des barques & bâtimens destinés à la pêche, de cinq pieds. Grande, moyenne & petite brasse. Il y avoit en ce port douze brasses d’eau. Ce vaisseau tire deux brasses d’eau. On dit aussi, du pain de brasse ; pour dire, un pain très-gros, pesant vingt ou trente livres.

On dit aussi au figuré. Il est cent brasses au-dessus de lui. Longo illum intervallo superat : c’est-à-dire, il est bien supérieur à lui, soit pour le savoir, soit pour le crédit, &c. Il est cent brasses au-dessous de lui ; pour dire, il est beaucoup inférieur. Cela n’est bon que dans le style familier.

BRASSÉE. s. f. Charge de quelque chose qu’on peut porter entre ses bras. Quantùm ferri potest ambabus uinis. Brassée de fagots, de foin, de paille, &c. Emporter à brassée.

BRASSELET. Voyez Bracelet.

☞ BRASSER. v. a. Remuer avec ses bras, à force de bras, plusieurs choses, afin qu’elles s’incorporent les unes avec les autres. Subigere subigendo, agitando permiscere. Brassez bien toutes ces matières.

Brasser la bière, c’ est la faire. Il faut pour cela remuer, agiter fortement la liqueur pour la mêler avec l’orge, le houblon & les autres ingrédiens dont elle est composée.

Brasser à la monnoie, c’est remuer le métal quand il est en fusion dans le creuset, quand il a acquis le degré de fluidité. L’or ne se brasse par de même que l’argent. Voyez Brassoir.

☞ On dit aussi brasser dans les Papeteries. Voyez Papier, Papeterie.

Brasser. Terme de Tanneur. C’est remuer les cuirs & les retourner dans une cuve remplie d’eau & de tan pour les rougir.

Ménage dérive ce mot de braxare, qu’on a dit pour brasiare, qui signifie proprement brasser de la bière, qu’il dit avoir été formé de brasium, signifiant bière. Du Cange dit que brace, brasium, & bracium, signifioient une espèce de blé dont on faisoit la bière, d’où sont venus les mots de brasse, brassin & brasserie, qu’il dit avoir été appelée bracina, brascina, brachinum, braxatorium & brasseria, dans la basse latinité. Mais il y a plus d’apprence que ce mot vient simplement de bras ; parce qu’encore en plusieurs lieux on nomme Brassier, un manœuvre, un homme qui vit du travail de ses bras. Le Pere Thomassin aime mieux remonter jus-