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CHI — CHL

Epiphane, S. Jérôme, Eustathius d’Anthioche, le Prêtre Victor, ont suivi Josephe. L’Interprète arabe est de même sentiment. D’autres prétendent que les Chittims sont les Siotes, ou habitans de l’Ile de Sio, Chios. Olympiodore, & S. Jean Chrysostome les prennent pour une nation des Indes ; d’autres pour les peuples de Cilicie, dont une grande partie est appelée Cetis par Ptolomée, & par Basile de Séleucie, dans la vie de sainte Thecle, Liv. I. Les deux Paraphrases chaldéennes traduisent Chittim par Aczaja ou Aczia, qui ne signifie rien ; mais Bochart croit qu’il faut lire אכייא, c’est-à-dire, l’Achaïe. Plusieurs croient que les Chittims de l’Ecriture sont les Macédoniens, parce que 10. l’Auteur du premier Livre des Macchabées est de ce sentiment, C. I, v. 1. C. VIII, v. 5. 2°. Isaïe XXIII, 1. prédisant la destruction de Tyr, attribue ce malheur aux Chittims, ce que l’on interprète du siége de Tyr, par Alexandre. 3°. La Macédoine s’est appelée autrefois Macetia, comme Hesichius & Aulugelle nous l’apprennent. 4°. Il paroît par Homere, Odyss. Liv. II, que les Chittéens étoient des peuples voisins de Macédoine. Bochart préfere le sentiment de ceux qui prennent les Chittims pour les peuples d’Italie. Ses raisons sont, 1°. Que Daniel appelle Alexandre, Roi de Javan ; si les Chittims sont aussi les Macédoniens, on confondra Javan & Chittim. 2°. Que le même Prophète appelle les Romains Chittims, C. XI, v. 29 & 30. aussi-bien qu’Ezéchiel, XXVII, 6. 3°. Qu’en Italie il y avoit une ville appelée Κετία, Caïte, dont parle Denis d’Halicarnasse, Liv. VI, 6. 8. 10. Une autre nommé Ἐχετια, Echetia, & proche de Cimes un fleuve nommé Κετός, Cetus. Cocinthus est encore חק כתים, Choq Chittim, c’est-à-dire, le terme des Chittims ; 4°. Que Num. XXIV, 24. les Romains sont appelée Chittims. Enfin d’autres prétendent que ce nom se donne également dans l’Ecriture & aux Macédoniens, & aux peuples de l'Italie. Car, outre les raisons qu’on vient d’apporter pour ces deux différens peuples, ils disent que les peuples d’Italie tiroient leur origine des Macédoniens ou Citiens ; que Chittim signifie la même chose que Latium ou Latini, c’est-à-dire, Cache. Ce sentiment paroît le plus vrai. Ce que dit Bochart pour l’infirmer est foible. 1°. Javan & Chittim ne font pas plus de confusion que les Hébreux & Israëlites. 2°. Il y a plus de confusion à prendre les Chittims d’Isaïe, XXIII, 1, pour les Chutéens de Babylonie. Voyez cet Auteur, Phaleg. L. III, C. 5.

CHIVEF. s. m. Espèce de figuier qui croît dans l’Île de Zipangu, dont parle André Thévet. Ses feuilles sont rondes, de la grandeur d’un écu d’or, & d’une couleur fort verte. Son fruit est gros comme un gros melon, de couleur safranée, d’un goût très-agréable, fondant dans la bouche. Il est humectant, rafraîchissant, cordial & pectoral. Il contient des semences semblables à celles de notre concombre. Le mot de chivef, en langue syriaque, signifie un figuier.

CHIUN ou CHION. Selden écrit CIUN & CION. s. m. Nom de Divinité. Chiun étoit une Divinité des Arabes. Amos en parle, V, 26. La Vulgate l’a traduit par imago ; les Septante, & les Versions syriaques & arabes Ρεμφὰν (Remphan), & Saint Etienne de même dans les Actes des Apôtres, VII, 43. La Paraphrase chaldaïque, Aquila & Symmachus, retiennent le nom Hébreu Ciun, כיון. Vossius, De Idol. L. II, c. 23, croit que la différence vient de ce que dans l’exemplaire des Septante, le bas du כ étant effacé, le reste paroissoit comme un resch ר, ainsi ils ont lû ריון, dont ils ont fait Ρεφὰν (Rephan) & Ρεμφὰν (Remphan). Abenezra & les Rabbins disent que Ciun est Saturne, que les Perses & les Arabes appellent כואן. Vossius ne les en croit pas, parce qu’au même endroit Moloch, qui est Saturne, est distingué de Chiun. Il se persuade donc que c’est la Lune ; & si l’on veut que ce soit un Dieu, plutôt qu’une Déesse, c’est Hesperus ; sa raison est que Theodotion, & Théophilacte interprètent Cium par ἀμανροσις σϰοτισμος τύφλωσις, c’est-à-dire, obscurité ; nom qui lui paroît convenir à ces astres ; non pas qu’ils soient proprement obscurité, mais parce que ce sont les astres de l’obscurité, des ténébres, de la nuit. 2°. C’est qu’au rapport d’Herodote, les Arabes ne reconnoissoient que deux Divinités, le Soleil & Uranie, c’est-à-dire, la Lune. Selden traite de ce Dieu, De Diis Syriis. Synt. II, C 14. Le P. Kirker Jésuite croit que Chiun est une idole que quelques Hébreux impies & idolâtres adoroient ; ils donnoient, à ce qu’il croit, ce nom indifféremment à Saturne & à Hercule ; que ce mot signifie proprement image, figure, & qu’ils l’appliquoient par excellence ou par préférence à ces deux Dieux. Voyer Kirker, Œdip. Ægypt. T. I, p. 387.

Un Protestant d’Allemagne, nommé Maius, dans les Thèses qu’il a fait soutenir, & qu’il appelle Selediores, croit que כיון, Chiun n’est point un nom propre, mais un appellatif, qui vient de כין Chin, verbe hébreu, qui, aux conjugaisons Pihel & Hiphil signifie arranger, disposer, préparer. Ainsi le verbal כיון, Chiun signifie arrangement, disposition, suite de plusieurs choses rangées par ordre. Et Amos, V. 26. reproche aux Israëlites qu’ils avoient porté une suite d’idoles rangées par ordre pour représenter la milice du ciel, c’est-à-dire, les astres ou plutôt les Planètes. Mais Saint Etienne, aux Actes, après les Septante, se contente de nommer Remphan, c’est-à-dire, la première & la principale de ces idoles, & la plus élevée entre les planètes, ce sentiment est bien plausible.

CHIURE. s. f. Excrément de mouches, qu’elles jettent particulierement sur la viande, d’où se forment les vers. Muscarum excrementum. ☞ Viande couverte de chiures de mouches : on ne le dit que de l’excrément de ces animaux.

☞ CHIUSA. Petite ville de l’Etat de Venise, dans le Frioul, sur la Fella.

☞ CHIUSI. Petite ville épiscopale d’Italie en Toscane, à vingt milles de Pérouse.

☞ CHITAYE. Ville de la Natolie, à la source d’une rivière à laquelle elle donne son nom.

CHL

CHLAMYDE. s. f. Espèce de manteau des Anciens, retroussé sur l’épaule droite. La chlamyde étoit l’habit militaire des Patriciens : la toge étoit l’habit qu’ils portoient dans Rome.

☞ Il y avoit des chlamydes pour les enfans, pour les femmes, & pour les hommes. C’étoit une espèce de manteau ou casaque attachés sur la poitrine avec une boucle.

☞ CHLANIDION. Voyez HYMATION.

☞ CHLANIS, CHLANIDION ou CHLANE. Ancien habillement qui servoit à garantir du froid : les Grecs & les Romains s’en servoient.

CHLOIES. s. f. pl.Terme de Mythologie. Fêtes célébrées à Athènes en l’honneur de Cérès, à qui on immoloit un bélier. Ce nom qui a rapport à la verdure des champs, convient à cette Déesse ; de χλοὰ (chloa), herbe verte.

CHLORIS. s. f. Terme de Mythologie. C’est le nom grec de la Déesse des fleurs, & dont le nom latin, Flora, s’est formé, si l’on en croit Ovide, Liv. V des Fastes, vers. 195. Chloris. On ne dit point quels furent les pere & mere de Chloris ; mais elle fut mariée à Zéphyre, de qui elle obtint l’intendance sur toutes les fleurs.

On trouve dans la Fable deux personnes de ce nom. La première étoit fille d’Amphion & de Niobé ; elle fut femme de Nélée, & mere de Nestor. Elle fut tuée à coups de flèches, par Apollon & Diane, par ordre de Latone leur mere, à cause que Niobé avoit eu la témérité de préférer ses enfans à ceux que cette Déesse avoit eus de Jupiter. L’autre est la Déesse des fleurs, dont nous