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sieurs de tués, que les Donatistes honorèrent depuis comme martyrs. Il y en eut aussi qui se précipitèrent ou se tuèrent eux-mêmes de quelqu’autre manière par une fureur que les Sectaires traitoient de zèle pour la Religion ; & les Donatistes les révéroient aussi comme des saints. Optat de Milève décrit ces excès dans son IIIe Liv. Voyez aussi S. Augustin, her. 69. Baronius, à l’an 398. Forbes, Instructiones Historico Theol. L. XIV, c. 4, & Du Cange dans son Glossaire.

CIRCONCIRE. v. a. Je circoncis, au sing. & au plur. nous circoncisons, vous circoncisez, ils circoncisent. Circumcidere. Retrancher le prépuce : ce qui se fait particulièrement chez les Juifs & les Mahométans, pour marquer qu’un homme est de leur Religion. Amurat I fut le premier des Sultans qui se fit solennellement circoncire.

Ce mot vient de Circumcidere. Voyez CIRCONCISION.

☞ CIRCONCIS, ISE. part. Qui a le prépuce coupé. Curtus. Apella.

CIRCONCISEUR. s. m. Celui qui circoncit, soit Juif, soit Mahométan, &c. Qui circumcidit : ce terme n’est pas usité.

CIRCONCISION. s. f. Cérémonie de la Religion Judaïque & Mahométane, par laquelle on coupe, on retranche le prépuce aux mâles qui doivent professer l’une ou l’autre Loi. Circumcisio. La circoncision a commencé du temps d’Abraham, & ce dut comme le sceau de l’alliance que Dieu contracta avec lui. Ce fut l’an du Monde 2138 qu’Abraham, suivant l’ordre qu’il en avoit reçu de Dieu, se circoncit lui-même, & toues les mâles qui étoient dans sa maison. Les Egyptiens & les Ethiopiens avoient aussi une espèce de circoncision, comme on voit dans Hérodote & dans Philon Juif. Car Hérodote, L. II, c. 35, &c. 104, assûre que la circoncision des enfans étoit en usage chez les Egyptiens & les Ethiopiens ; mais il ne sait, dit-il, lesquels l’avoient prise des autres, parce que cette coutume étoit très-ancienne dans ces deux Nations. Les habitans de la Colchide l’avoient aussi, & cet Historien en conclut qu’ils étoient Egyptiens. Il dit que les Phéniciens & les Syriens étoient aussi circoncis, mais qu’ils avoient pris cet usage des Egyptiens ; qu’enfin, peu avant le temps qu’il écrivoit, la circoncision avoit passé de la Colchide aux peuples qui habitoient proche du Thermodoon & du Parthénius. Quoique Dieu en fit une loi à Abraham, & ensuite à Moïse, il n’est pas sûr que nul autre peuple ne la pratiquât pas déjà.

Les Juifs faisoient leur circoncision avec un couteau de pierre. Marsham, savant Anglois, a prétendu que les Hébreux avoient emprunté la circoncision des Egyptiens, & que Dieu n’en étoit pas le premier instituteur. Il cite en témoignage Hérodote & Diodore de Sicile. Plusieurs Savans au contraire ont prouvé que les Hébreux n’avoient reçu la circoncision d’aucun autre peuple. Il y a sur cela un petit Traité de Gotlieb, intitulé, Nonnulla de Circumcisione Fragmenta. Mais, soit que cette cérémonie vienne de Dieu immédiatement, soit que Dieu l’ait sanctifiée, en l’ordonnant pour un signe spécial de son alliance, pour être un type de la Circoncision spirituelle, il est certain qu’elle se pratiquoit fort différemment chez les Hébreux & chez les Egyptiens. Chez les Hébreux c’étoit une cérémonie de Religion, & elle se faisoit le huitième jour après la naissance. Chez les Egyptiens, c’étoit une propreté, & selon quelques-uns, une nécessité physique. On la faisoit seulement à la treizième année, & on l’exerçoit sur les filles, aussi-bien que sur les garçons. Le P. Alexandre. Les Israëlites ne pratiquèrent point la cérémonie de la Circoncision durant les quarante années qu’ils passèrent dans le Désert, parce que la Circoncision étant la marque qui distinguoit le peuple de Dieu des Gentils, il étoit inutile de prendre cette marque dans des lieux où il n’y avoit personne qui pût se mêler aux Israëlites, ou plutôt afin d’être toujours prêts à marcher quand Dieu l’ordonneroit. La Circoncision, si contraire à l’affection paternelles par les douleurs qui l’accompagnent, n’est-elle pas un témoignage certain de l’alliance de Dieu avec les Patriarches, puisqu’on ne peut les soupçonner d’avoir inventé une cérémonie qui les pouvoit rendre ridicules aux yeux des autres nations ? Abad. Au sujet de la conversion d’Izates, Roi de l’Adiabène, & parce qu’Ananias, Marchand Juif, qui l’avoit converti, craignant qu’il ne se rendît odieux à son peuple, s’il se faisoit circoncire, lui dit, dans Josèphe, Lic. XX des Antiq. ch. 2, qu’il peut servir Dieu sans être circoncis, pourvû qu’il imite les mœurs des Juifs, & que c’est-là l’essentiel, plutôt que la Circoncision ; & qu’au contraire Eléazar, autre Juif, lui dit, que c’est une impiété de n’être point circoncis ; M. Fleury conclut qu’on voit par-là que les Juifs n’étoient pas bien d’accord entr’eux sur la nécessité de la Circoncision. Mais 1°. la circoncision n’étoit ordonnée qu’aux Hébreux, & pour ceux qui voudroient embrasser la Loi Mosaïque. Pour ces deux sortes de personnes Dieu s’exprime sur cela nettement, Gen. XVII, 14. Aussi Ananias n’en doutoit-il point. Izates n’étoit pas Juif. On put le convertir & le détromper de l’idolâtrie, sans lui faire embrasser la Loi Mosaïque. 2°. Pour les autres Nations, il est certain qu’il n’y avoit point d’obligation, & qu’ils pouvoient se sauver sans cela. Ananias avoit encore raison en cela, & Eléazar se trompoit, s’il prétendoit le contraire. Mais non ; ce que dit Josèphe ne marque point de différens sentimens sur la nécessité de la Circoncision. Ananias vouloit qu’Isates servît Dieu, sans se faire Juif, il le pouvoit. Eléazar vouloit qu’il se fît Juif.

Les Turcs mortifient la peau des enfans avec de petites tenailles. Ils la coupent avec un rasoir, puis ils mettent certaine poudre dessus qui guérit la plaie, & qui ôte la douleur. Ils ne circoncisent leurs enfans qu’à la sept ou huitième année, parce qu’ils ne croient pas la Circoncision nécessaire au salut. Les Persans circoncisent leurs enfans à treize ans, & les femmes depuis neuf jusqu’à quinze. Ceux de Madagascar coupent la chair à trois diverses reprises, & font beaucoup souffrir les enfans ; & le plus diligent des parens qui se trouve présent, se saisit du prépuce, & l’avale. Herréra témoigne qu’il y avoit une espèce de Circoncision chez les Mexicains, quoiqu’il n’y eît chez eux aucune connoissance du Judaïsme, ni du Mahométisme. Cas ils incisoient aux enfans le membre viril & les oreilles avec plusieurs cérémonies, & sur-tout aux enfans des Grand-Seigneurs, dès qu’ils étoient nés. Les Brasiliens usent aussi de la Circoncision.

La Circoncision se fait aussi sur les femmes, en leur coupant un morceau de l’hyménée, ou des parties que l’on appelle nymphes. Strabon dit que les femmes d’Egypte étoient circoncises. Belon le dit des Cophtes. Paul Jove & Munster le disent des sujets du Prêtre-Jean. Les Ethiopiens ont la Circoncision ; non pas qu’ils croient que c’est un Sacrement, mais que par-là ils disent qu’ils sont fils d’Abraham, & que cela contribue à la propreté, ou plutôt en mémoire de la Circoncision de Jesus-Christ, & parce qu’il a été circoncis. Voyez le P. Tellès Ludolf. Par la même raison ils circoncisent aussi les femmes, comme en Egypte.

Le pere est obligé, chez les Juifs, de faire circoncire son fils au huitième jour : on ne le peut faire avant ce temps-là ; mais si l’enfant est foible ou infirme, on peut différer jusqu’à ce qu’il se porte bien. Il y a un parrain pour tenir l’enfant pendant qu’on le circoncit, & une marraine, qui le porte de la maison à la Synagogue, & qui le rapporte. Celui

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