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CLE

ne fit aucun changement dans les observances. P. Helyot, Tom. V, p. 354.

☞ CLÉMENTINE. adj. L’Académie de peinture, sculpture & architecture érigée à Boulogne, sous le nom & la protection de Clément XI, porta le nom d’Académie Clémentine. Elle a été réunir au célèbre Institut de Boulogne.

CLÉMENTINES. s. f. pl. C’est la partie du Droit Canon composée des Constitutions du Pape Clément V, & des canons du Concile de Vienne, publiée par Jean XXII en 1317. Voyez le Texte. Pars Juris Canonici ex Constitutionibus Clementis Papæ constati, Clementinæ.

☞ On donne aussi le nom de Clémentines à un recueil de plusieurs pièces anciennes faussement attribuées à saint Clément Evêque de Rome. Il est rempli d’écrits apocryphes, de fables & d’erreurs.

☞ CLEMOUZI, ville de la Morée, à trois lieuses de Castel-Tomèse.

CLÉOBIEN, ENNE. s. m. & f. Nom de secte. Cleobianus, a. Un fragment d’Hégésippe rapporté par Eusèbe, Hist. Eccles. Liv. IV, c. 22, & par Nicéphore, Hist. Eccles. Liv. IV, c. 7. nous apprend qu’un certain homme du peuple, nommé Thébutès, fut le premier qui sema des hérésies dans l’Eglise de Jérusalem ; que de son école sortirent Simon, chef des Simoniens, & Cléobius, chef des Cléobiens, &c. c’est tout ce que nous en savons ; car pour leurs erreurs, on ne nous en apprend rien, sinon qu’ils divisèrent l’Eglise, semant des discours pernicieux contre Dieu & contre son Christ, comme parle Nicéphore.

CLÉOMÉDES. s. m. C’est le nom d’une des taches de la Lune, qui est la trente-sixième en nombre dans le Catalogue du P. Riccioli. On trouve dans ce Dictionnaire, Eratostène & Eudoxe, qui sont les noms de la quinzième & de la vingt-deuxième tache suivant le même catalogue.

CLÉOPHÉ. Marie Cléophé étoit mere de Saint Jacques le Mineur premier Evêque de Jérusalem. On prétend qu’elle fut mariée deux fois, d’abord à Alphée, dont elle eut S. Jacques, & puis à Cléophas, d’où le Vulgaire la nomme parmi nous Marie Cléophé. Au reste, tous nos interprêtes la nomment Marie femme de Cléophas, & non point Marie Cléophé : quoique ce soit l’usage ordinaire. Voyez la Traduction de Mons, le P. Bouhours & M. Simon en S. Jean XIX, 25.

☞ CLEPSIAMBE. s. m. Instrument de Musique des anciens dont on ne connoît que le nom.

CLEPSYDRE. s. f. Horloge qui mesure le temps par la chûte d’une certaine quantité d’eau. Clepsydra. Il s’en est fait aussi avec du mercure. Les Egyptiens mesuroient ainsi le cours du Soleil. Tycho-Brahé de nos jours s’en est servi pour observer le mouvement des astres, & Dudley faisoit aussi par ce moyen toutes ses observations maritimes. L’usage des clepsydres est fort ancien. Elles furent inventées sous les Ptolomées, Rois d’Egypte, aussi-bien que les cadrans solaires. Elles servoient principalement en hiver, comme les cadrans en été, mais elles avoient deux défauts, l’un que l’eau s’écouloit avec plus ou moins de facilité, selon que l’air étoit plus ou moins épais ; & l’autre, qu’au commencement elle s’écouloit plus promptement qu’à la fin. M. Amontons a inventé une clepsydre qui n’a point ces inconvéniens, & qui a trois utilités principales, 1o, de faire l’effet ordinaire des horloges, 2o, de servir à la navigation par la connoissance qu’elle peut donner des longitudes, 3o, de mesurer exactement le mouvement des artères. Voyez ses expériences Physiques sur cela, imprimées en 1695.

Pline, L. VII, c. 60, attribue à Scipion Nasica l’invention des Clepsydres, c’est-à-dire, des clepsydres Romaines ; car Vitruve, au Liv. IX, ch. 9 de son Architecture, les fait remonter à Cresibius qui fut un des génies les plus inventifs de toute l’Antiquité. Or les clepsydres de Cresibius, au rapport du même Auteur, animoient de petites figures, & produisoient mille petits jeux par le moyen de certaines roues dentées.

Les clepsydres des Anciens étoient fort éloignées de la perfection où le P. Charles de Vailly, Religieux Bénédictin, de la Congrégation de S. Maur, les a portées dans le dernier siècle.

On trouve dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, 1699, p. 51, une manière géométrique & générale de faire des clepsydres avec toutes sortes de vases donnés, percés où l’on voudra, d’une petite ouverture quelconque, par où l’eau s’écoule suivant quelqu’hypothèse de vîtesses que ce soit, & réciproquement de trouver ces vases pour toutes sortes d’hypothèses de telles vîtesses & des temps, suivant lesquels se doivent régler les abaissemens de la surface de l’eau qui s’écoule. Cette méthode est de M. Varignon.

Ce mot vient de κλέπτω, abscondo, & ὕδωρ, aqua.

On appelle aussi clepsydre, un vaisseau de terre, dans lequel il se fait un jet d’eau par un artifice semblable à celui de la fameuse fontaine inventée par Hiéron. On en voit la figure dans le Journal des Sçavans. Elle est de l’invention du sieur Comiers.

On appelle aussi clepsydre, une horloge de sable, qui sur la mer s’appelle le poudrier, clepsammidium.

CLER, ÈRE. adj. Qui se trouve ainsi écrit souvent dans Marot, au lieu de Clair, claire. Clarus, a, um.

CLER, s. m. nom d’homme. Clerus, Licerius, Lecerus, Luceres. C’est un saint Diacre, Martyr d’Antioche, qui a différens noms en différens Martyrologes. Voyez M. Chastelain, au 7 Janvier, pag. 115.

CLÉRAC ou CLAIRAC. Ville de France dans l’Agénois, sur le Lot, qui passe au milieu. Clariacum. Le vin de Clérac est estimé. L’Abbaye de Clérac, Ordre de S. Benoît, fut donnée par Henri IV au Chanoines de S. Jean de Latran.

Clérac, par Antonomase, se dit d’un tabac qui croissoit dans le territoire de la ville de Clérac, & qui s’y fabriquoit. Cleracense tabacum. ☞ C’est dommage qu’on en ait défendu les plantations & la fabrique.

CLÉRAGRE, s. f. terme de Fauconnerie, est une maladie qui vient aux aîles & pennages des oiseaux de proie. Morbus accipitrum alis increscens. C’est une espèce de goutte.

CLERC. s. m. (Le c final ne se prononce point.) Vieux mot qui signifioit autrefois sçavant, Doctus, peritus, litteratus, aussi-bien que Clergie, Doctrine. Ainsi Pasquier dit que les Officiers des Comptes ont été créés sous le titre de Clercs des Comptes ; & que les Secrétaires d’Etat s’appeloient Clercs du Segré, ou Secret. Les Secrétaires du Roi s’appeloient aussi Clercs & Notaires du Roi. On donnoit ce nom en général à tous ceux qui faisoient profession de science, ou qui sçavoient manier la plume. Les Secrétaires des Princes ou grands Seigneurs, s’appeloient Clercs. Ce nom appartenoit originairement aux Ecclésiastiques. Comme la Noblesse s’appliquoit entièrement à l’exercice des armes, il n’y avoit que le Clergé qui s’attachât à cultiver les Sciences : en sorte qu’Alain Chartier se mocque des Courtisans qui prétendoient que Noble homme ne doit point sçavoir les Lettres, & qui tenoient à reproche de gentillesse de bien lire, & bien écrire. Ainsi, comme ceux du Clergé étoient les seuls qui fîssent profession des Lettres, on appela un homme sçavant, un grand Clerc, & Mauclerc, un homme stupide & malhabile. Illitteratus, imperitus, Litterarum rudis.

C’est en ce sens qu’on dit encore, c’est un homme