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COG — COH

aux Charpentiers à le tailler dans le chantier. Esope a fait une belle fable de Mercure, & du Paysan qui avoit perdu sa cognée. Il y a de grandes cognées à deux biseaux pour équarrir le bois. Les Charpentiers appellent leurs grandes cognées, épaules de mouton, & les petite hachereaux.

Cognée se dit proverbialement en ces phrases. Il est allé au bois sans cognée ; pour dire, il est allé faire une affaire, & il n’a pas porté les choses nécessaires pour la faire réussir. On dit aussi, jeter le manche après la cognée, abandonner tout dans un malheur au lieu d’y chercher du remède. On dit aussi proverbialement, mettre la cognée à l’arbre ; pour dire, commencer une entreprise.

Cognée, outil de Rubanier fait en forme de couteau, sans tranchant, avec un dos épais, dont il se sert pour frapper les usages forts, chaque fois qu’il a passé la trame.

COGNE-FÉTU. s. m. C’est un nom qu’on donne à celui qui se donne beaucoup de peine inutile. Multa agendo, nihil agens. Il ressemble à cogne-fetu, il se tue, & n’avance rien. Il faut dire de toi, comme l’on faisoit de cogne-fetu, qui se tuoit à ne rien faire. Mascur. Expression populaire.

COGNER. v. a. Frapper fortement avec un marteau, ou autre instrument. Tundere clavum, trudere. A force de cogner, on enfonce des clous dans du bois, un pieu dans la terre. Cogner un clou, une chéville.

Cogner signifie aussi, heurter, faire du bruit. Fores pulsare. Cognez à la porte, on vous ouvrira. Les enfans prennent plaisir à cogner, à faire du bruit.

Cogner signifie aussi, battre ou blesser. Impingere, illidere, caput allidere in aliquid. Il s’est blessé en se cognant contre un volet, contre un mur, il s’est fait une bosse.

On dit, il faudroit se cogner la tête contre un mur ; pour dire, que quelque soin que l’on prenne, on ne réussira point en quelque affaire.

Cogner un chapeau sur le billot. C’est en frapper le dessus de la tête, pour en faire mieux la forme.

Cogner les coins d’un livre, terme d’un Relieur. C’est frapper sur chaque coin du carton d’un livre, pour redresser ces coins, s’ils sont rebroussés.

☞ Ce mot cogner ne peut avoir lieu que dans le discours familier, ou dans les boutiques parmi les ouvriers.

Cogné, ée. part.

Tous ces mots viennent du latin cuneus, un coin. Cogner se dit comme cuneum adigere, faire entrer un coin dans du bois.

Cogner. Voyez Coignassier.

COGNET, s. m. terme de fabrique de marchandises de tabac. On appelle cognets en Guienne, des espèces de rolles de tabac, faites en cônes, dont on se sert pour unir & serrer les rolles quand on en a rempli les futailles, de peur qu’ils ne s’éventent & ne se brisent dans le transport.

☞ COGNEUX, s. m. terme de Fondeurs en sable. Espèce de petit bâton dont ils se servent pour frapper le sable dont ils forment leurs moules.

☞ COGNI. Ville de la Turquie en Asie, capitale de la Caramanie avec un Archevêché sous le Patriarche de Constantinople.

☞ COGNIOL, s. m. sorte de poisson semblable au maquereau, excepté qu’il n’est pas si gros.

COGNOIR. s. m. Instrument de buis, qui sert au Compositeur d’Imprimerie, lorsqu’il veut chasser les coins avec lesquels il serre & arrête la forme dans son chassis.

COGNON, s. m. vieux mot qui paroît signifier ce que nous entendons par cognomen.

Pire es que le cruel Néron,
Néronissime est ton Cognon.

COH.

☞ COHABITATION, s. f. dans le sens propre signifie habitation de plusieurs personnes ensemble ; demeure commune. Contubernium. La cohabitation entre plusieurs personnes fait présumer une société tacite.

☞ Quelquefois il se dit de l’état du mari & de la femme qui ont une demeure commune, qui vivent ensemble ; une cohabitation publique assure la validité du mariage & l’état des enfans.

☞ Quelquefois par cohabitation entre conjoints ; on entend la consommation du mariage. Copulatio.

☞ Entre autres personnes que mari & femme, cohabitation signifie un commerce criminel. Flagitiosum commercium. Commerce charnel entre deux personnes qui vivent ensemble sans être unies par les liens du mariage.

☞ COHABITER. v. n. Il a les mêmes significations que cohabitation.

COHARD. Voyez Guichard.

☞ COHEN. Les Juifs se servent encore aujourd’hui de ce mot qui signifie Sacrificateur, quoiqu’ils n’aient plus de temple ni de sacrifices ; de sorte que c’est plutôt un titre d’honneur & une qualité dont ils se flattent, qu’une dignité effective : outre que dans la misère à laquelle ils sont réduits depuis tant de siècles, ils ne peuvent plus distinguer les tribus, pour se dire Lévites & race de Sacrificateurs.

COHÉRENCE, s. m. terme didactique. ☞ Dans le sens propre, il est synonyme à Cohésion. Voyez ce mot. Dan le sens figuré, il se dit de la liaison, de la convenance que les parties d’un discours ont les unes avec les autres. Cohœrentia in sermone. Tout ce livre n’est composé que de sentences, ou de fragmens qui n’ont aucune cohérence, ni liaison les uns avec les autres. La fin de son discours en contredit le commencement, ils n’ont aucune cohérence, ni conformité.

☞ COHÉRITIER, IÈRE. s. m. & f. Héritier qui partage avec un ou plusieurs autres héritiers la succession d’un défunt. Coheres. Les procès naissent ordinairement entre cohéritiers.

COHÉSION, s. f. adhésion, fonction de deux choses ensemble. Cohæsio. ☞ Ou plutôt c’est la force par laquelle les particules primitives des corps sont attachées les unes aux autres pour former les parties sensibles de ces corps, & par laquelle ces parties sensibles sont unies & composent le corps entier. La cohésion des corps, selon quelques Physiciens, dépend de la quantité du contact de leurs parties élémentaires, & celles-ci sont plus ou moins cohérentes, selon leur figure. La cohérsion n’est jamais plus forte, tout le reste étant égal, que lorsque les parties se touchent par des surfaces planes. Plus la cohésion des parties est grande, plus le corps approche de la dureté. Il y a une loi particulière de la cohésion, que toutes les parcelles ont une force attractive, c’est-à-dire, que si elles sont voisines, elles tendent d’elles-mêmes les unes vers les autres : la cause de ce mouvement nous est inconnue. Elémens Matématiques de Physique de S. Gravesande.

COHI. s. m. Grande mesure de continence ; dont on se sert dans le Royaume de Siam pour mesurer les grains, graines & légumes secs. Le cohi doit peser 5000 livres juste.

COHIER ; s. m. espèce de chêne. Ses feuilles sont plus longues & plus larges ; & son gland est plus court que celui du chêne ordinaire. Les Bucherons disent que c’est la femelle du chêne.

COHOBATION, s. f. terme de Chimie. Distillation plusieurs fois réitérée d’une même matière, avec le suc qui en a été extrait. C’est une espèce de circulation.

La cohobation consiste à verser la matière distillée sur la matière d’où elle est sortie, & à la faire distiller de nouveau : ce qui se pratique pour ouvrir & pour ramollir davantage les corps, & pour rendre plus subtils & plus pénétrans les esprits qu’on en veut tirer. Liquorem denuò percolare, distillare.