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COI

Nonobstant ces exemples & ces autorités, le mot de coi n’entre guère que dans ces façons de parler, se tenir coi, demeurer coi. Acad.

☞ Dans le remontage des rivières, on dit que les chevaux qui tirent les batteaux font coi, quand ils s’arrêtent à cause de la difficulté du chemin.

COIAND, s. m. poids, & tout ensemble mesure de Cambaye, dans les Indes orientales. Cinq coinangs font quatre lasts.

☞ COIAU. Voyez Coyau.

☞ COIEMENT. adv. Vieux mot synonyme de tranquillement.

☞ COIFFE. L’Académie suit cette orthographe, qui paroît assez usitée. Voyez Coeffe.

COIGNASSE. s. f. Coin sauvage, plus petit & moins jaune que l’ordinaire. Cydonea silvestris. L’Académie écrit cognasse.

COIGNASSIER ou COGNASSIER ou COGNIER. s. m. Cydonia, malus cydonia ou cydonea. Arbre d’une moyenne grandeur, & dont le bois est dur, blanchâtre, couvert d’une écorce lisse & brune, ou un peu cendrée. Ses feuilles ressemblent à celles du pommier, mais elles sont blanches & chargées d’un duvet fin en dessous. Ses fleurs sont plus grandes que celles du poirier, de couleur de chair, & naissent alternativement le long des branches. Elles sont à cinq pétales, & leur odeur est douce. Son fruit s’appelle Coin. Voyez Coin.

Quelques Jardiniers disent que le coignier est le mâle, & le coignassier la femelle : ☞ Distinction chimérique. Les Jardiniers appellent coignier une certaine espèce de coignassiers rabougris, chétifs, ayant des branches confuses & menues, la feuille petite, le fruit rond, petit & pierreux, pour le distinguer du coignassier à fruit long, de la forme d’une poire de bon chrétien, moins pierreux, plus gros, & moins âpre. Cette espèce, qui est une des meilleures, & dont on fait le plus d’usage pour la greffe du poirier, a le pié vigoureux, l’écorce unie, noirâtre, & pousse de beaux jets.

☞ Parmi les Botanistes, les coignassiers se distinguent par les fruits plus ou moins gros, plus ou moins âpres. Il y en a plusieurs espèces qui n’ont ni agrément, ni utilité.

☞ Le Coignassier de Portugal est la plus belle espèce & la plus propre à faire réussir la greffe du poirier. On le reconnoît à ses feuilles, qui sont beaucoup plus larges que celles des autres espèces ; ses rameaux sont moins confus & plus droits, ses fruits plus beaux & plus précoces.

☞ Les Coignassiers viennent de bouture, & c’est le meilleur expédient pour se procurer des sujets propres à être greffés. Comme le Coignassier donne peu de bois, les poiriers qu’on greffent dessus, s’élèvent moins, se mettent plus promptement à fruit, & le donnent ordinairement plus beau que s’ils étoient greffés sur des sauvageons.

☞ Le Coignassier demande une terre mêlée de sable, plus grasse que maigre.

Le coignassier a été appelé cidonia malus en latin, de Cydon, ville de Candie, d’où ce fruit fut porté en Grèce. Les meilleurs espèces viennent de Nevers & d’Orléans.

Sur coignassier, terme de Jardinier, c’est-à-dire, enté sur coignassier. Toutes sortes de poires réussissent aussi-bien sur franc que sur coignassier. La Quint. Les poires de bon chrétien d’hiver sur coignassiers acquièrent plus aisément la couleur jaune & incarnate qu’on y souhaite. Id. Les virgoulés & les robines fructifient plutôt sur coignassiers. Id. On sous-entend entés, entées.

COIMBRE. Voyez CONIMBRE.

COIMENT. Voyez COIEMENT. adv.

COIN. s. m. Endroit où se fait la rencontre des deux côtés de quelque chose ; angle formé de deux surfaces inclinées l’une vers l’autre. Angulus. Il se dit, tant de l’angle extérieur, comme le coin de rue, ou de la muraille, que de l’intérieur, comme le coin d’une chambre, le coin de la cheminée.

Ce mot vient de cuneus. Nicod. Ce qui a donné le nom au coin des monnoies, à cudendis monetis. Coin, cuneus : & κῶνος (kônos), sont pris du Celtique Cuen, ou Cyn. Pezron.

Coin se dit aussi des extrémités de quelque chose. Extrema, partes extremæ. Ce voyageur a vu les quatre coins du Monde. J’ai fait les quatre coins de Paris, pour vous chercher. Les Hérétiques ont allumé la guerre aux quatre coins de la France.

☞ On dit les quatre coins & le milieu d’une contrée, d’un pays, &c. pour dire, tout l’espace que renferme ce pays, cette contrée. J’ai couru les quatre coins, & le milieu du bois, pour vous chercher.

☞ On dit, regarder du coin de l’œil, regarder à la dérobée, sans faire semblant de rien, ou de travers. Limis oculis aspectare, aspicere, intueri. Faire signe du coin de l’œil.

Coin se dit aussi de quelque lieu écarté & solitaire. Secessus, recessius, solitudo, extrema pars. Le Prince de Condé fut assassiné au coin d’une haie, après la bataille de Jarnac. Ce Savant est allé fouiller dans tous les coins & recoins de l’Antiquité. Vetera Antiquitatis monumenta. S. Evr. Je vois ces effroyables espaces de l’Univers qui m’enferment, & je me trouve attaché à un coin de cette vaste étendue, sans avoir pourquoi je suis plutôt placé en ce lieu, qu’en un autre. Pasc. Elle mourut de misère au coin d’un buisson. Mlle  l’Héritier.

Qu’heureux est le mortel, qui du monde ignoré,
Vit content de soi-même en un coin retiré. Boil.

Coin signifie encore ☞ un petit espace dans une maison, un endroit qui n’est pas exposé à la vue. Angulus, locus abditus. Il est logé dans un coin. Je n’ai besoin que d’un petit coin. Cachez-vous dans un coin. Jetez cela dans un coin.

☞ En termes de jeu de Paume, tenir son coin, se dit, lorsque deux hommes, jouant partie contre deux autres, chacun d’eux défend son côté, sans qu’ils aient la permission de s’aider réciproquement.

☞ Au figuré, tenir son coin dans une Assemblée, c’est parler à son tour, de manière à se faire distinguer : expression familière.

Coin, terme de Trictrac. C’est la onzième case, en comptant depuis celle qui est voisine du tas des dames, & qui est effectivement à l’un des coins du trictrac. On dit, faire son coin ; pour dire, faire la onzième case, y mettre deux dames. Prendre son coin, c’est la même chose que faire son coin. Pour faire son coin, il faut du coup de dé y pouvoir mettre deux dames à la fois ; & pour le prendre plutôt & plus facilement, il faut avoir toujours, s’il est possible, des dames sur les cases de quine & de sanne, sur-tout quand celui contre qui on joue, a le sien. On l’appelle aussi coin de repos. Quand on dit simplement coin de trictrac, on entend toujours parler du coin de repos, qui est, comme on l’a dit, la onzième case. Traité du Trictrac. Battre le coin de son adversaire, c’est comme battre une dame, c’est, du nombre du dé que l’on a amené, tomber sur le coin de son adversaire, quand il n’est pas fait, qu’il est encore vide, qu’il n’y a point de dames.

On dit, les coins de sanne & de quinne, c’est la sixième & la cinquième case, qu’on appelle aussi coin bourgeois. Traité du Trictrac. Sortir son coin, c’est en tirer les dames. Ibid. Il seroit plus régulier de dire sortir de son coin.

Coins Bourgeois, autres termes de Trictrac. Ce sont les deux coins qui sont les plus près de la charnière, par rapport à chaque joueur, ou bien, c’est pour chaque joueur la cinquième & la sixième flèche. Quelle que soit la signification de ces termes, il est certain que dans un commencement de partie, on doit chercher à garnir ces coins bourgeois le plutôt qu’on peut.