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COL

☞ On appelle Collecteur, tout homme chargé du recouvrement de quelque imposition. Ainsi il y a autant de Collecteurs, qu’il y a d’espèces d’impositions qui se lèvent par assiette.

☞ Chez les Romains, les impositions ordinaires s’appeloient Canonica, & ceux qui étoient chargés du recouvrement, Canonicarii.

COLLECTIF, IVE, adj. m. terme de Grammaire. Collectivus, Mot qui désigne une multitude, encore qu’il soit au singulier. Troupe, compagnie, armée, sont des noms collectifs.

☞ Le terme collectif est proprement celui qui présente l’idée singulière d’un tout formé par assemblage de plusieurs choses de même espèce. Armée est un nom collectif, parce que sous une expression singulière, il excite l’idée de plusieurs individus formant un tout. Il en est de même des autres noms qu’on appelle collectifs.

☞ COLLECTIF, terme de Logique, se dit, par opposition à distributif, de la totalité d’un genre ou d’une espèce, d’une multitude. Si je dis : les Pairs Ecclésiastiques sont six, cette proposition est vraie dans le sens collectif. Les Pairs Ecclésiastiques sont Ducs, Comtes. Cela n’est vrai que dans le sens distributif. Celui-ci est Duc, celui-là est Comte. Une conséquence du sens collectif au distributif est bonne, quand c’est en matière nécessaire, c’est-à-dire, quand il s’agit d’un attribut ou d’une qualité essentielle à la chose dont on parle. Elle n’est pas bonne en matière contingente, c’est-à-dire, quand il s’agit d’un attribut accidentel. Les hommes sont vivans, animaux, raisonnables ; donc Jean, Pierre, Louis, &c. donc Caius, Titius le sont. La conséquence n’est pas vraie, parce que l’antécédent ne l’est que dans le sens distributif, & non point dans le collectif, & la matière étant accidentelle & contingente.

COLLECTION, s. f. recueil de plusieurs passages sur une ou plusieurs matières tirées d’un ou de plusieurs Auteurs. Excerptio, excerpta, collectanea. Les jeunes gens doivent faire des collections. Il a fait une collection de tout ce qu’il y a de remarquable dans tel ouvrage.

Collection se dit aussi d’un recueil, d’une compilation de plusieurs choses qui ont quelque rapport ensemble. Ce Libraire a fait imprimer la Collection des Ouvrages d’Erasme, de Cardan, de Gassendi. Le spicilegium du Pere d’Achéry est une Collection de plusieurs pièces curieuses de l’antiquité. Les Collections Mathématiques de Pappus Alexandrinus. On attribue à Isidore la Collection des Décrétales, & des Epitres des Papes. La Collection des Conciles, des Canons.

Collection se dit, dans le même sens, d’un ramas de médailles, d’antiques, de tableaux, & en général de toutes les curiosités qui forment les cabinets des curieux. Un tel a fait une belle collection de médailles, d’antiques, de plantes, de coquillages, &c.

Collection, terme de Philosophie, & sur tout de Logique & de Métaphysique. C’est une multitude déterminée, le ramas, l’assemblage de toutes les parties d’un composé ; c’est toutes ces parties prises ensemble, & il est opposé à distribution, qui signifie toutes les mêmes parties prises en particulier. Collection signifie aussi universalité. Tout cela revient au même. La collection de tous les hommes, de tous les individus d’une nature, de toutes les espèces contenues sous un genre.

Collection de lumière, terme d’Astrologie. Collectio luminis. Ce terme se dit lorsque deux planètes ne sont en aucun aspect, & qu’une troisième les regarde toutes deux : alors il y a collection de lumière.

COLLECTIVEMENT. adv. D’une manière collective. Collectivè. L’homme en général se prend Collectivement, sans considérer les individus. L’homme, pris collectivement, signifie tous les hommes.

COLLÉGATAIRE, s. m. & f. terme de Jurisprudence. Celui, ou celle à qui un legs a été fait en commun, avec une, ou plusieurs personnes. Qui legatorum in partem vocatus est. Si la chose est léguée solidairement, la portion du collégataire mort, ou qui ne l’accepte point, accroît aux autres collégataires.

COLLÈGE, s. m. nom qu’on donne à un Corps ou Compagnie de personnes qui ont la même dignité ou qui sont occupés des mêmes fonctions. Collegium. Les Romains appeloient Collège tout assemblage de plusieurs personnes occupées aux mêmes fonctions, & comme liées, c’est-à-dire, unies ensemble pour y travailler de concert : & ils disoient ce mot non seulement des personnes qui travaillent aux fonctions de la Religion, du Gouvernement, ou des Arts libéraux ; mais encore de celles qui s’occupoient aux Arts méchaniques. Ainsi ce nom signifioit ce que nous nommons un Corps, une Compagnie, un Corps de métier, un métier. Il y avoit dans l’empire Romain non seulement le Collège des Augures, le Collège des Capitolains, c’est-à-dire, ceux qui avoient l’intendance des Jeux Capitolins ; mais aussi le Collège des Artisans, Collegium Artificum ; le Collège des Charpentiers, Collegium Fabrorum, ou Fabrorum Tignariorum ; le Collège des Potiers, Collegium Figulorum ; le Collège des Fondeurs, Collegium Fabrorum ærariorum ; le Collège des Serruriers, Collegium Fabrorum Serrariorum. Le Collège des Ingénieurs, ou des gens qui travailloient aux machines de guerre, c’est-à-dire des Charpentiers de l’armée, Tignariorum ; des Dendrophores, Dendrophororum ; des Centenaires, Centenariorum ; des faiseurs de casaques militaires, Sagariorum ; des faiseurs de tentes, Tabernaculariorum ; des Entrepreneurs des fourages, Fœnariorum ; le Collège des Boulangers, Collegium Pistorum ; des Joueurs d’Instruments, Tibicinum, &c. Plutarque dit que ce fut Numa qui divisa le peuple Romain en différens Corps ; qu’il appela Collèges ; il le fit afin que les particuliers songeant aux intérêts de leur Collège, qui les divisoit des citoyens qui étoient des autres Collèges, ils ne s’unissent point tous ensemble pour troubler le repos public. Les Collèges étoient distingués des autres Sociétés qui n’étoient pas établies en forme de Collège par l’autorité publique, en ce que ceux qui composoient un Collège pouvoient traiter des affaires communes de leur Collège, qu’ils faisoient un Corps dans l’Etat, en ce qu’ils avoient une bourse commune, un Agent pour faire leurs affaires, comme aujourd’hui les Syndics de nos Communautés ; qu’ils envoyoient des Députés aux Magistrats quand ils avoient à traiter avec eux, & qu’ils pouvoient faire des réglemens & des statuts pour leur Collège, pourvu qu’ils ne fussent point contraires aux loix de l’Etat. Voyez Plutarque dans la Vie de Numa, Valere Max. au chap. des établissemens. De Institutis, Pline, l. 34, c. 1, & l. 35. Ciceron, épi. 5, à son F. Quintus, l. 2. Tite-Live, l. 2. Aulu-Gelle, l. 12, C. 3, les Pandectes, le Code, les Jurisconsultes. Caïus, Paulus, Scævola, &c. & ci-dessus au mot Boulanger.

A Rome, il y a le Collège des Cardinaux, qu’on nomme autrement le Sacré Collège. Les Allemans ont le Collège des Electeurs. Il y a trois Collèges dans l’Empire, le Collège Electoral, le Collège des Princes, & le Collège des Ville Impériales. Voyez ci-après.

La Chancellerie à le Collège des Secrétaires du Roy. Il y a le grand & le petit Collège.

Dans le Clergé de la Cathédrale de Roue, il y a cinq ou six Collèges différens de Chapelains ; & ces Chapelains sont appelés Collégiaux, à la différence des non-Collégiaux, qui ne forment point de Collège entre-eux. Voyez la Description Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. tom. 2, pag. 732 & suiv.

Collège des Cardinaux, ou Sacré Collège. Sacrum Collegium. C’est le Corps des Cardinaux. Ce Collège est composé de trois ordres de Cardinaux, de l’ordre des Cardinaux Evêques, de l’ordre des Cardi-