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trois derniers jours de la Semaine-Sainte on fait l’office selon l’usage de la Cour de Rome, secundum Romanum Curiam. Voyez la règle de S. Benoît, les déclarations de la Congrégation de Sainte Justine, ou du Mont-Cassin, le Cardinal Bona, qui marque quels sont les pseaumes que l’on dit à chaque partie du bréviaire Bénédiction. On trouve des explications allégoriques de la disposition du bréviaire de l’Ordre de S. Benoît dans Honorius, Jean Beleth, Ruper & Pierre Damien.

Le bréviaire de Cîteaux ou des Bernardins, est différents de celui des Bénédictins ; mais les Bernardins prétendent, en ce qu’ils différent dans le bréviaire, observer à la lettre la règle de S. Benoît, comme le montre le Cardinal Bona. Voici à peu près en quoi consistent ces différences. Avant les leçons on ne dit point le Pater, ni l’absolution, ni le Confiteor à Prime & à Complies, ni le verset Gloria Patri aux répons qui suivent les leçons. En été il n’y a qu’une leçon aux Matines des féries. A Tierce & à Complies les hymnes se changent suivant les fêtes & les temps de l’année. Les pseaumes des Vêpres des féries sont toujours les mêmes. A chaque heure du bréviaire il a une oraison différente de celles des autres heures. Jamais on ne double les antiennes, & il n’y en a qu’une à Laudes. Toutes les heures finissent par une commémoration de la sainte Vierge ; enfin, tous les jours on chante le Salve, Regina après Complies. Voyez le bréviaire de Cîteaux, & la Cardinal Bona.

Le bréviaire des Chartreux approche fort de celui des Bénédictins, & de celui des Bernardins, il en diffère dans les choses suivantes. Au commencement de Matines on dit trois fois le Pater & l’Ave, après la dernière antienne d’un nocturne on dit un Pater & un Ave, puis on donne l’absolution : après le cantique Benedictus, on dit neuf fois Kyrie, eleison, Christe, eleison, & beaucoup de prières, auxquelles on ajoute un Miserere les jours moins solennels ; & ces prières se disent à toutes les heures. A la fin des leçons qui sont tirées des Prophètes, on ajoute ces paroles, Hæc dicit Dominus : Convertimini ad me & salvi eritis ; le Seigneur a dit ceci : Retournez à moi, & vous serez sauvés. Les pseaumes des Vêpres changent selon que les fêtes sont différentes. Tous les jours à Prime l’on dit le Symbole de S. Athanase. Après l’oraison, qui se dit à la fin des heures, on dit Benedicamus Domino, &c. sans rien ajouter. Voyez le bréviaire des Chartreux, & le Cardinal Bona.

Le bréviaire des Prémontrés est fort semblable au bréviaire Romain, & les Prémontrés croient qu’ils ont conservé l’ancien bréviaire Romain. Voici ce qu’il y a de particulier dans ce bréviaire. Avant Matines ils récitent trois pseaumes, & quelques prières avec quelques oraisons. Avant les leçons de Matines ils disent un verset, & un Pater, mais il n’y a point d’absolution. Après le neuvième répons ils chantent le Te Deum. Avant Laudes ils récitent un verset, qu’ils appellent sacerdotal, versus sacerdotalis. Aux premières Vêpres des Fêtes solennelles ils chantent un grand répons après le chapitre. Les hymnes changent à toutes les heures du bréviaire, suivant les fêtes & les temps de l’année. Ils ne disent l’antienne de la sainte Vierge qu’après Complies ; depuis la Septuagésime jusqu’à Pâque ils récitent le pseaume 117, Confitemini, les Dimanches, non pas à Prime, mais à Laudes, à la place du pseaume Dominus regnavit, decorem, &c. qu’ils récitent dans ce même temps-là à Prime. Enfin, depuis Pâque jusqu’à l’Ascension ils ne disent les Dimanches à Matines que trois pseaumes & trois leçons. Voyez le bréviaire des Prémontrés & le Cardinal Bona.

Le bréviaire des Dominicains a conservé beaucoup de choses de sa première origine ; car S. Dominique, qui avoit été Chanoine régulier de S. Augustin, porta dans l’Ordre qu’il institua la forme du bréviaire qu’il avoit trouvée établie chez les Chanoines réguliers de S. Augustin. Cependant les Dominicains y ont fait quelques changemens. A Prime ils récitent trois pseaumes, mais les Dimanches depuis la Septuagésime jusqu’à Pâque, ils en récitent neuf, & à Laudes dans ce même temps-là ils récitent le pseaume 117, Confitemini, à la place du pseaume Jubilate ; le reste de l’année ils ne disent point à Prime les pseaumes propres de chaque férie, qui sont marqués dans le bréviaire Romain. Ils lisent le martyrologe après Laudes, & quand ils disent les Matines le soir, ils ne le lisent qu’après Prime. L’hymne de Complies change selon les temps. A la fin des heures du bréviaire, ils disent toujours l’antienne de la sainte Vierge Salve, Regina, & une autre de S. Dominique avec quelques prières. Hors le temps de l’Avent & du Carême ils n’ont presque point d’office de férie, car chaque semaine ils disent l’office de saint Dominique, du S. Sacrement, de la sainte Vierge & du S. titulaire de la Province. Depuis Pâque jusqu’à la Trinité ils ne récitent à Matines que trois pseaumes & trois leçons. Voyez le bréviaire des Dominicains, & le Cardinal Bona.

Le bréviaire des Carmes, que quelques Auteurs prétendent être conforme au rit ancien de l’Eglise de Jérusalem, est peu différent de celui des Dominicains. Les Carmes disent à Prime le Dimanche durant l’année le pseaume 117, Confitemini, &c. & les Dimanches de l’Avent, avant les pseaumes ordinaires de Prime, ils en disent cinq autres. Les Dimanches depuis la Septuagésime jusqu’à Pâque ils récitent à Laudes & à Prime les mêmes pseaumes que les Dominicains. Ils ne disent que trois pseaumes durant les octaves de Pâque & de la Pentecôte, comme ceux qui disent le bréviaire Romain ; mais ils récitent des prières plus longues après certains offices. A la fin de chaque heure du bréviaire ils disent toujours l’antienne Salva, Regina au lieu de laquelle ils disent dans le temps Pascal l’antienne Regina cœli. A Pâque, au commencement de Vêpres, au lieu de dire le verset Deus, in adjutorim, ils chantent neuf fois Kyrie, eleison, comme à la Messe, ce qui est conforme à l’ancien usage de l’Eglise Romaine. Voyez le bréviaire des Carmes, & le Cardinal Bona.

Le bréviaire des Franciscains & celui des Jésuites n’est pas différent du Romain, hors quelques fêtes particulières de ces deux Ordres, dont ils font l’office suivant le rit Romain. Voyez le bréviaire Romain, & le propre du bréviaire de ces deux Ordres.

Le bréviaire de Cluni, tel qu’il est aujourd’hui, a été réformé par ordre de deux Chapitres Généraux de l’Ordre. Jacques d’Arbouze, Abbé de Cluni, & le Cardinal de Richelieu avoient travaillé à cette réformation, mais elle fut souvent interrompue, & ne put être achevée qu’environ l’an 1680, par les soins de Dom Paul Rabusson Sous-Camérier, & de Dom Claude de Vert Trésorier de Cluni. Alors Monsieur le Cardinal de Bouillon, Abbé de Cluni, donna un décret daté de Cluni du 18 Novembre (jour auquel on fait la fête de saint Odon Abbé de Cluni) l’an 1685, par lequel il ordonne à tous les Religieux & à toutes les Religieuses de la Congrégation de réciter le nouveau bréviaire réformé. Ceux qui ont travaillé à la réformation de ce bréviaire ont tâché de lui rendre la forme que S. Benoît lui avoit donnée. Quand les choses ont été douteuses, ils ont suivi le bréviaire Romain, ou l’esprit du bréviaire Romain, les coutumes de l’Eglise Romaine, & les anciens usages de Cluni. En général il y a peu d’offices de douze leçons, pour laisser plus de temps pour le travail des mains, il n’y a point de fêtes avec octave durant le Carême ; tous les samedis, ou l’on dit l’office, ou l’on fait commémoration de la sainte Vierge. Voyez le bréviaire de Cluni.