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d’autant plus contre un ennemi que j’aime, que je sens bien que mon cœur me veut trahir, & ne combat qu’à regret. M. Scud. Qu’il est dut d’avoir à combattre son devoir contre son inclination !

Il est des momens de foiblesse,
Ou la nature peut tomber ;
On court risque de succomber,
Quand on est obligé de combattre sans cesse.

Nouv. choix de vers.

Il est ridicule de combattre sérieusement les rafinemens & les illusions d’une dévotion mélancolique. Boss. Elle avoit assez de vertu pour combattre sa passion ; mais elle n’en avoit pas assez pour en triompher. Vill.

Ce n’est qu’en ces assauts qu’éclate la vertu,
Et l’on doute d’un cœur qui n’a point combattu.

Corn.

Haï de tous les Grecs, pressé de tous côtés,
Me faudra-il combattre encor vos cruautés ? Rac.

Combattre avec quelqu’un de civilité, de politesse, & disputer à qui sera plus civil, plus poli, &c.

On dit encore, combattre contre la mer, les vents, l’orage. Pugnare cum mari, ventis, tempestate, &c. Combattre contre la faim, le froid, &c. Et dans un style plus soûtenu combattre la faim, la soif, &c. On dit, qu’un homme se forge des chimères pour les combattre ; pour dire, qu’il se forge de vaines difficultés dans l’esprit. Les gens de Collège s’agitent jusqu’à la fureur, & combattent à outrance pour des syllabes & pour des virgules. Bel.

On dit proverbialement : en combattant le secours vient ; pour dire, qu’il ne faut pas abandonner certaines affaires, & que le temps apporte quelquefois du changement aux choses les plus désespérées.

COMBATTU, UE. part. & adj. Il a l’esprit combattu ; pour dire, agité de diverses pensées. Agitatus, fluctuans.

Les hommes destinés à gouverner la terre,
Loin de porter un cœur de remords combattu,
Au poids de leur grandeur mesurent leur vertu.

Capistr.

COMBE. s. f. Vieux mot François, qui signifioit, vallée enfermée entre deux montagnes. Convallis. Ménage tient qu’il signifioit grotte & qu’il vient du Latin gumba.

COMBIEN, adverbe de quantité, & interrogeant. Quand il ne signifie autre chose que le nombre, on l’exprime par quot. Combien y a-t-il de gens en cette armée ? Combien y a-t-il de lieues de Paris à Versailles ? Combien y a-t-il eu de morts & de blessés dans cette bataille ? On dit aussi, combien de fois. Quoties.

Combien, combien de fois, de douleurs accablé ?
Par tes soins généreux me vis-je consolé ? Vill.

Combien signifie la quantité du prix d’une chose qui a été achetée ou vendue. Quanti. Combien vaut le blé ? Combien vaut le vin ? A combien a-t-il été taxé ? Combien cette marchandise ?

Combien signifie aussi, à quel point. Il s’exprime par quàm avec un adjectif & un adverbe, & par quantum avec un verbe. Vous ne sauriez croire combien ce Docteur est utile à son Eglise, combien ce pere aime ses enfans.

Je sai combien est pur le zèle qui t’enflamme.

Racine.

Ce mot vient du Latin quàm benè.

Combien est aussi conjonction & signifie, encore que, Etsi, quamvis, quamquam, licet. Combien que vous l’aiez désobligé, il ne laissera pas de vous servir. Il est hors d’usage en ce sens.

Il s’emploie quelquefois substantivement dans le discours familier, pour signifier le prix ou la valeur. Il consent de me vendre sa maison, & nous n’en sommes plus que sur le combien.

COMBINAISON. s. f. Assemblage de plusieurs choses disposées deux à deux. Conjunctio, copulatio, complexio.

Combinaison, en Mathématiques, de dit par extension de la variation des nombres, des lettres, des sons en toutes les façons possibles ; ☞ c’est-à-dire, de toutes les manières possibles de prendre un nombre de quantités données. Variatio litterarum, numerorum, varia literarum, numerorum disposition. Pour déchiffrer les lettres, il faut faire une infinité de combinaisons de lettres & de syllabes. La combinaison de ce vers se peut faire en mille vingt-deux façons.

Tot tibi sunt dotes, virgo, quot sidera cælo.

La combinaison des 24 lettres de l’Alphabet se peut faire de 1 391 721 658 311 264 960 263 919 398 102 100 façons, comme a montré Monsieur Prester dans son Algèbre. Le Pere Mersenne, en son Harmonie Universelle, a fait la combinaison des sons & notes de Musique jusqu’à 64, qui est contenue en 90 chiffres.

☞ COMBINAISON, en Chimie, est l’union intime par laquelle deux ou plusieurs principes de nature différente se pénétrent & se joignent pour former un nouveau corps. Quand un acide est joint à un alcali, il résulte de la combinaison de ces deux substances, un sel neutre, composé d’acide & d’alcali : il n’est pas nécessaire d’avertir que combinaison & mêlange expriment deux idées absolument différentes.

COMBINÉ. s. m. Le mêlange de l’esprit de vin consiste, selon M. Geoffroi, en un combimé d’eau, d’huile & de sels que la seule fermentation a unis entr’eux, avec l’huile de vitriol, c’est-à-dire, avec l’acide minéral le plus concentré ou le plus intimement uni aux autres parties du mixte qu’on connoisse. Hist. de l’Acad. des Sc. 1742 p. 44.

COMBINER. v. a. Mettre deux à deux. Combinare, binos jungere, copulare. ☞ Assembler plusieurs choses en les mettant deux à deux. Et, par extension, assembler les choses autant de fois qu’elles peuvent être variées ; les arranger de toutes les manières qu’elles peuvent être arrangées ensemble. Le P. Mersenne a combiné tous les sons de la musique, au nombre de 63. Variare, mutare ; litteras, numeros variè disponere. Il faut que les faiseurs d’Anagrammes combinent plusieurs fois les lettres d’un nom pour y trouver un autre mot.

☞ COMBINER, en chimie, exprime l’action d’unir intimement deux substances d’une nature différente, de maniére que leurs parties se pénétrent, & qu’il résulte de-là un nouveau composé. Voyez Combinaison, terme de Chimie.

COMBINÉ, ÉE. part. & adj. Il a les significations de son verbe. Combinatus, copulatus.

Les armées combinées de France & d’Espagne. Les troupes combinées de Baviere & de Prusse.

COMBLAN. s. m. Voyez Combleau.

COMBLE. s. m. Le haut, le faîte d’une maison. Culmen, fastigium. Il a fait rebâtir cette maison de fond en comble. Les fondemens en sont bons, mais le comble ne vaut rien.

Comble se dit particulièrement de la charpente & de la couverture d’une maison. En Orient les maisons n’ont point de comble, elles sont couvertes en platte forme : en France ils sont pointus, ou en combles droits ; & maintenant on en fait de brisés, ou à la mansarde, qu’on appelle combles coupés. On appelle comble pointu, celui dont la plus belle proportion est un triangle équilatéral par son profil, & qu’on nomme aussi à deux égoûts. Comble à pignon, celui qui est soûtenu d’un mir de pignon en face. Comble à croupe, celui qui est à deux arrêtiers & avec un ou deux poinçons. Comble de pavillon, celui qui est à deux croupes, & à un, ou deux, ou quatre poinçons. Comble coupé, ou brisé, celui qui est composé du vrai comble, qui est roide, & du faux comble, qui est couché, & qui en fait la partie supé-