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COM

l’on dit en raillant, voyez comme il travaille, cela tombe sur la personne, & fait entendre que celui qui doit travailler, ne travaille point, ou qu’il ne travaille point comme il faut. Chev.

Comment se dit souvent par forme de substantif. En toute matière, le comment est toujours le point de la difficulté. Le comment des mystères est aussi impénétrable que le mystère même. Il ne s’agit pas d’examiner le comment des mystères, mais la certitude de leur révélation. Fenelon.

Comment sert aussi d’exclamation. On l’emploie pour exprimer quelque mouvement de l’ame ; comme lorsque l’on est étonné ou indigné de quelque chose. Comment est-il possible qu’il y ait des hommes si scélérats ! Comment avez-vous la hardiesse de me parler de la sorte ?

Comment signifie quelquefois, comme. Tous les titres des Chapitres des anciens Romans & Historiens commencent ainsi, comment le Roi Périon, &c. Comment Amadis, &c. En ce sens il vieillit.

Comment signifie aussi quelquefois, pourquoi, par quelle raison. Quare, quianam. Je ne puis comprendre comment il a rompu avec moi. Si cela est, comment lui avez-vous demandé cette somme ? Comment vous adressez-vous à moi, plutôt qu’à un autre.

COMMENTAIRE. s. m. Interprétation, ou explication du texte d’un Auteur obscur, ou difficile, pour le rendre plus intelligible, plus clair, pour suppléer à ce qu’il n’a pas bien expliqué, ou qu’il supposoit être connu. ☞ Eclaircissement sur les endroits obscurs d’un Auteur. La glose diffère du commentaire en ce qu’elle est plus littéralle & se fait presque mot à mot. Le commentaire est plus libre & moins assujetti à la lettre. Commentarius, commentarium, scriptoris alicujus interpretatio, explanatio. Ces sortes d’eclaircissemens sont assez ordinairement diffus sur ce qui s’entend aisément, & gardent le silence sur les endroits difficiles. Savilius a fait un commentaire de 300 pages in-quarto, pour expliquer les huit premières propositions d’Euclide. C’est la paresse des hommes qui a engagé les Savans à faire des commentaires sur les Anciens Auteurs les plus obscurs. Le Père Jouvency, Jésuite, a fait de savans Commentaires pour la jeunesse sur Horace, Juvenal, Perse, Martial & Senéque.

Commentaire se dit aussi de quelques Histoires écrites par ceux qui ont eu la plus grande part aux faits qui y sont rapportés, comme les commentaires de César, de Montluc. Commentarii. On a quelquefois appelé commentaires, des Livres composés sur un sujet particulier. Kepler a écrit un excellent Livre de commentaires de Mars, qui contient les observations des mouvemens de cette Planète.

Commentaire se dit figurément de l’addition que fait à une Histoire, ou à un Conte, celui qui la récite ; des diverses réflexions & raisonnemens que chacun fait à sa fantaisie sur les actions d’autrui ; ☞ de l’interprétation, ordinairement maligne, qu’on donne aux discours ou aux actions d’autrui. Avouez-le, votre sonnet étoit bien mal sans commentaire. G. G. J’ai entendu réciter cette affaire autrement, ce que vous dites est un commentaire que vous y faites. Quand Charles-Quint fit son abdication, les peuples firent d’étranges commentaires sur sa retraite.

COMMENTARIENSIS, s. m. terme d’Histoire ancienne, purement latin. Celui qui tenoit un régître.

COMMENTATEUR. s. m. Celui qui fait un commentaire. Voyez ce mot. Alicujus scriptoris interpres. Presque tous les Commentateurs expliquent les légères difficultés de leur texte, & passent par dessus les grandes. Il arrive d’ordinaire qu’un Commentateur se consume à supposer à son Auteur des beautés auxquelles il n’a point songé, & à l’enrichir de ses propres pensées.S. Evr. Les Commentateurs rebutent, parce qu’ils sont trop abondans, & d’ordinaire chargés d’une vaine & fastueuse érudirion. La Bruy. Les Commentateurs, peuple superstitieux, admirent toutes les expressions d’un Auteur qu’ils ont choisi pour l’objet de leur culte. Fonten. Bien souvent des Commentateurs entassent une littérarure mal choisie, qui ne sert qu’à fatiguer les Lecteurs, & s’amusent à prouver des choses qu’il vaudroit mieux ignorer éternellement, que d’avoir la peine de les lire. S. Evr.

COMMENTATRICE. s. f. Mot nouveau qui signifie celle qui a fait un commentaire. Au talent Poétique de M. de la Motte, M. Gourmont substitue le goût pour la Poësie dans Madame Dacier, & il prétend que la qualité d’imitateur est balancée par celle de commentatrice. Journ. des Sav. 1716.

COMMENTER, v. a. Faire un commentaire. Scriptorem aliquem commentari, interpretari. Pérérius a commenté la Genèse. Maldonat, a commenté les Evangiles. Cornélius à Lapide a commenté les Epitres de S. Paul.

Commenter est aussi neutre, & signifie tourner en mauvaise part, interpréter malignement. Dans cette acception il se met avec la préposition sur. Il ne faut point commenter sur les actions des autres.

☞ Etant pris absolument, il signifie ajouter malignement quelque chofe à la vérité. Il commente un peu, il en dit plus qu’il n’y en a. Comminisci, dicendo amplificare.

Commenté, ée. part.

Tous ces mots viennent du latin commentor, commentatus sum.

COMMER. v. n. Faire une comparaison, dire qu’une chose est comme une autre. Il ne se dit qu’en style familier. Comparare, comparationem instituere. Je vous prie, Monsieur, ne commons point ; ne faisons point de comparaison. Ce mot peut venir de comme. Quand on veut faire quelque comparaison on dit comme. J’ai trouvé dans une des dernières Editions de Montagne (liv. 1, chap. 20 un peu avant la fin) Si je ne conte bien, qu’un autre conte pour moi. Mais dans toutes les plus anciennes il y a, Si je ne comme bien, qu’un autre comme pour moi, c’est-à-dire, si je ne fais pas une application juste & raisonnable des exemples qui me tombent sous la main, qu’un autre les applique pour moi. Le verbe commer n’est pas encore tout-à-fait hors d’usage ; & il faudroit le conserver si l’on n’en a point d’autre à mettre à la place. Nos peres étoient plus sages que nous sur cet article. Ils faisoient des mots, quand ils en avoient besoin, pour exprimer leurs pensées d’une manière vive & courte ; & ils ne se dégoûtoient point de ceux dont ils avoient actuellement besoin. M. Coste, note 18 sur le chap. cité.

COMMERÇABLE. adj. Qui peut être commercé aisément. Rien n’est plus commerçable que les billets des bons Banquiers. ☞ On ne le dit guère que des billets & autres effets qui entrent dans le commerce.

COMMERÇANT, ANTE. s. Celui ou celle qui commerce en gros. Un bon commerçant, un riche commerçant.

☞ COMMERCE, s. m. signifie en général communication réciproque, & plus particulièrement communication que les hommes se font entr’eux de leurs marchandises, ordinairement par vente & par achat. Commercium. Un tel Banquier fait un grand commerce d’argent. Ce Marchand fait le commerce en gros ; celui ci ne le fait qu’en détail. Le commerce d’Orient est celui qui se fait par la Méditerranée à Alexandrie, à Smyrne, à Alep. Le commerce des Indes, celui qui se fait à Surate, à Batavia. Le commercedu Nord, celui qui se fait à Lubec, Dantzic, à Archangel, &c. Toute la richesse des Hollandois vient d’avoir bien fait le commerce. Le Consul du Caire est celui qui fait tout le commerce du