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☞ On peut encore appeler complication, la jonction, le concours de plusieurs symptomes d’une maladie. Rien n’embarrasse plus les Médecins que la complication des maux dont le remède de l’un est contraire à la guérison de l’autre.

Complication, terme de Jurisprudence, se dit en matière criminelle, lorsque l’accusé est prévenu de plusieurs crimes, & lorsque le civil se trouve mêlé au criminel. On le dit en général de toutes les affaires où il y a un grand nombre d’objets & de demandes respectives.

COMPLICE. adj. souvent employé substantivement. Qui a part, qui participe au crime d’un autre. Sceleris socius, particeps, conscius. On applique à la question les condamnés à mort, pour avoir révélation de leurs complices. On le croit complice de ce crime. ☞ Comme celui qui a été complice d’un crime, est souvent aussi coupable que celui qui l’a commis, ils doivent aussi être également punis, en cas de conviction. Les complices ne font point foi l’un contre l’autre, mais indices seulement, pour parvenir à tirer preuve par le moyen de la question.

☞ La déposition d’un seul complice sans autre adminicule, n’est point indice suffisant pour faire appliquer son complice à la question, il en faut deux ou trois.

☞ Les complices font pleine foi contre un autre, quand il s’agit de certains crimes, comme de Leze-Majesté, sacrilège, conjuration, fausse monnoie, hérésie & assassinat.

Vous me fuyez, Madame ? ah ciel quelle injustice !
Quoi ! de tous mes malheurs vous rendez-vous complice ? Capistron.

Ménage dérive ce mot de complice, ablatif de complex, qui signifie la même chose.

COMPLICITÉ. s. f. participation au crime d’un autre. Criminis communio, societas. Ce criminel n’est pas le principal assassin ; mais il est accusé de complicité.

COMPLIE, vieux adj. f. accomplie, remplie, parfaite.

COMPLIES. s. f. pl. Prière du soir, qui est la dernière partie de l’Ordre du Bréviaire, & qui se dit après Vêpres. Ecclesiasticarum precum ultima, completorium, completa. Les complies s’appellent ainsi, parce que c’est la fin & l’accomplissement de l’Office divin. C’est ainsi que l’on appelle completæ, les dernières oraisons de la Messe, que nous appelons Postcommunion, ainsi que l’ont remarqué les Bollandistes, & le P. Mabillon dans leurs Acta Sanctorum. S. Benoît est le premier Auteur Ecclésiastique qui ait parlé des complies. Il a établi dans sa règle que sur le soir les Moines s’assemblassent, qu’ils fissent en commun une lecture spirituelle, & ensuite quelques prières pour terminer la journée. C’est de cette pratique des Moines que la coutume de réciter complies est venue : on les commence, dans l’Office Romain seulement, par une courte leçon tirée de la sainte Ecriture : elle répond à la lecture spirituelle que faisoient les Moines ; on dit ensuite le Confiteor, ce qui convient très-bien à la dernière partie de l’Office divin. Dans la plûpart des Diocèses de France, qui ne suivent pas le Rit Romain, les complies commencent différemment, par exemple, à Paris, par Converte nos, &c. Les prières qu’on fait avant & après les Pseaumes, l’Hymne & les Pseaumes que l’on récite, tendent à exciter en nous les sentimens que nous devons avoir pour bien finir la journée, ou sont des moyens pour obtenir les graces nécessaires pour passer saintement la nuit. Voyez la règle de S. Benoît, Gavantus, Durand, le Cardinal Bona, &c.

Ce mot est dérivé de completa. Ménage.

☞ COMPLIMENT. s. m. discours obligeant, par lequel on témoigne à quelqu’un l’estime, la considération, les égards qu’on a pour lui. Verba officiosa. Il y a, peut-être, plus de rusticité que de politesse, à faire ce grand nombre de complimens, dont on est si peu avare dans le monde. Les complimens doivent être simples, & dégagés de ces ornemens vulgaires, qui sont si fréquens parmi la populace. Le commerce de la civilité consiste en complimens peu sincères, & à se rendre mille petits devoirs que la coutume a établis.

☞ Plaute, dans sa Comédie des Captifs, appelle plaisamment toutes ces vaines honnêtetés, verba sine pane, pecuniâ, paroles qui ne donnent pas de pain, ni de quoi en avoir.

☞ C’est, sur-tout, le premier jour de l’année que la convulsion des complimens agite le monde entier.

Là Martin dans un lit, entouré de flatteurs,
De cent sots complimens savouroit les douceurs. Vill.

Je veux que le cœur parle, & que vos sentiment
Ne se masquent jamais sous de vains complimens. Mol.

Dans le style familier, on dit qu’un compliment est bien troussé ; pour dire, qu’il est court & bien tourné.

On dit familièrement, rengainer son compliment, pour dire, s’abstenir de le faire, parce qu’il est inutile, ou hors de propos.

Sans compliment se dit pour franchement, ouvertement, sans détour.

Compliment est quelquefois opposé à l’intention réelle, aux promesses effectives. Les offres de service qu’il vous fait, c’est par compliment. Acad. Fr.

Compliment est aussi un témoignage de joie, ou de douleur, qu’on rend à ses amis, quand il leur est arrivé quelque bonne ou mauvaise fortune. ☞ Discours obligeant, par lequel on témoigne à quelqu’un, de vive voix ou par écrit, la part que l’on prend à ce qui lui arrive d’intéressant. Gratulatio, vel significatio lætitiæ ex aliena læetitia perceptæ. Pour la douleur, significatio dolorls ex alieno dolore suscepti. Compliment de condoléance.

Compliment est aussi une petite harangue qu’on fait à des personnes de marque, quand elles partent dans quelque ville, ou en quelques occasions notables. Ce Prince n’a point voulu de harangue, il s’est contenté d’un simple compliment. Salutatio.

Compliment signifie quelquefois par antiphrase, querelle. Rixa, alicujus denunciatio, significatio. Ce Capitaine reçut un appel, & il fut fort surpris de ce compliment. Je crois que vous ne trouverez pas mauvais le petit compliment que je viens vous faire ; c’est qu’il faut, s’il vous plaît, que nous nous coupions la gorge. Mol.

☞ On le dit quelquefois dans un sens approchant de celui-là, pour discours dur & fâcheux ; mais alors ce sens est toujours déterminé par l’épithète qui y est jointe. C’est un mauvais compliment à vous faire. C’est un compliment bien dur. Durus est hic sermo.

☞ On dit proverbialement compliment de la Place Maubert, invectives grossières, familières aux harangères.

COMPLIMENTAIRE, terme de Commerce. s. m. Les complimentaires sont ceux à qui l’on donne procuration générale pour faire la même fonction que les Maîtres, tant au fait des changes que des marchandises. Ils signent les lettres, comptes & promesses du nom du Maître ; ce qui a même force & vigueur que si le Maître même avoit signé. M. Le Prestre, cent. 26 chap. m. 77 & 82 de l’édition de 1695.

On appelle quelquefois le complimentaire d’une société, celui des associés, sous le nom duquel se fait tout le commerce de la société. Dict. de Comm.

COMPLIMENTER, v. a. faire compliment. Voyez Compliment. Le Roi a envoyé un Ambassadeur à un tel Prince, pour le complimenter sur la mort de sa femme, sur son mariage. Le Magistrat de la ville a été complimenter son nouvel Evêque. On l’emploie