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CON

dont la construction soit plus simple & plus facile que celle de la langue françoise. On n’y trouve point de ces inversions qui causent tant d’embarras & tant d’obscurité dans la langue latine. Elle épargne à l’esprit jusqu’aux moindres efforts ; le nominatif précède toujours le verbe ; & le verbe marche toujours devant les cas obliques qu’il régit. Elle expose les pensées dans le même ordre que l’imagination les a conçues ; & cette construction naturelle ne fatigue point le lecteur. Gill. La langue francoise est peut-être la seule qui suive l’ordre naturel dans la construction. Les Grecs & les Latins finissent le plus souvent leurs périodes par où le bon sens veut qu’on les commence. L’élégance de leur langue consiste en partie dans cet arrangement bizarre, ou plutôt dans ce désordre, & cette transposition étrange de mots. S. Evr. L’une des beautés de la langue françoise, c’est la construction directe, laquelle sans doute est préférable à la construction renversée & transposée des Latins. Charp. Les parties du discours se peuvent lier ensemble ou par une construction simple, lorsque tous les termes sont placés dans leur ordre naturel ; ou par une construction figurée, lorsque s’éloignant de cette simplicité, l’on use de certaines expressions plus courtes & plus élégantes. Or, ceux qui excellent dans l’art de la Grammaire rappellent aisément cette construction figurée aux loix de la simple, & remarquent bien, que ce qui paroît construit sans aucune règle, & par un usage arbitraire de la langue, se peut réduire aux loix générales de la construction ordinaire. Port-R.

CONSTRUIRE, v. a. Je construis, nous construisons, je construisis, j’ai construit, je construirai, qu’il construise, que je construisisse. Il signifie, bâtir, édifier, élever un bâtiment. Construere. Il en coûtera cent mille écus pour construire cette Eglise. Il a fait construire deux pavillons aux deux bouts de sa maison. Construire un Palais. On dit aussi, construire un vaisseau, un bâtiment de mer.

Construire se dit aussi en Géométrie & en Astrologie. Construire un thème céleste. Il faut construire un problême, avant que d’en faire la démonstration. Construire, dans cette acception, signifie tracer la figure, tirer des lignes, faire toutes les opérations relatives au but qu’on se propose.

Construire, en termes de Grammaire, signifie au figuré, arranger les mots suivant les règles & l’usage de la langue. Voyez Construction.

Cette période est bien construite, toutes les règles grammaticales y sont bien observées.

Construire se dit aussi figurément en parlant des ouvrages d’esprit. C’est en disposer, en arranger toutes les parties. Pour bien construire un poëme, il faut beaucoup d’imagination & de jugement. On a vu éclore différens ouvrages très-utiles sur l’état militaire, entr’autres celui de M. le Chevalier Follard, livre curieux & très-estimable, bien qu’assez mal construit. Observ. sur les Ecr. Mod. Pertharite, Tragédie de Corneille, est une pièce mal construite, mais pleine de beaux traits. Id.

Construit, ite. part.

CONSUALES. adj. & s. f. pl. terme de Mythologie. Consualia, Consuales ludi. Fêtes à l’honneur du Dieu Conse ou Consus, c’est-à-dire, Neptune. On y faisoit une cavalcade magnifique, parce que Neptune passoit pour avoir donné le cheval aux hommes. De là lui venoit son surnom d’Equestre, ἵππειος. On dit que c’est Evandre qui institua cette Fête. Romulus la rétablit ensuite sous le nom de Consus, parce que ce Dieu lui avoit suggéré le dessein d’enlever les Sabines. Car Romulus ayant institué les jeux Consuales, y invita ses voisins, & se servit de la solennité des sacrifices & des jeux pour enlever les Sabines, qui étoient venues à la cérémonie. Pour y attirer plus de monde, il avoit répandu de tous côtés qu’il avoit trouvé un autel caché sous terre, qu’il vouloit consacrer en faisant des sacrifices au Dieu à qui cet autel avoit été érigé. Ceux qui prétendent expliquer les mystères de la Théologie payenne disent, l’autel caché sous terre est un symbole du dessein que Romulus avoit d’enlever les femmes de ses voisins. Il est parlé des Consuales en plusieurs endroits du Calendrier Romain. Les Consuales étoient du nombre des jeux que les Romains appeloient sacrés, parce qu’ils étoient consacrés à une Divinité. Voyez Varron, Festus, Tite-Live, Plutarque, Rosinus, le Calendrier Romain, &c. Dans les commencemens ces fêtes & ces jeux ne différoient point de ceux du Cirque ; de là vient que Valere Maxime, L. II, c. 4, dit que l’enlèvement des Sabines se fit aux jeux du Cirque ; & Servius, Enéïd. L. VIII, v. 636, aux Consuales. On couronnoit & on laissoit reposer les chevaux & les ânes ces jours-là, parce que c’étoit la fête de Neptune l’Equestre, dit Plutarque, Rom. quæst. 48. Festus écrit que ces jeux se célébroient avec des mulets, parce qu’on croyoit que c’étoit le premier animal qui eût servi à traîner le char. Servius dit que les Consuales tomboient au 13e d’Août ; mais Plutarque & Denis d’Halicarnasse les mettent au mois de Mars. Ces fêtes diffèrent de celles qu’on appeloit Neptunales, Neptunalia. Voyez Vossius, de Idolol. Lib. I, c. 15. Vigenère sur Tite-Live.

CONSUBSTANTIALITÉ. s. f. terme de Théologie, unité, égalité, identité de substance. Consubstantialitas. C’est le mot dont on se sert dans l’Ecole. Le nœud de la dispute entre les Orthodoxes & les Ariens, consistoit dans la consubstantialité du Fils avec le Père.

CONSUBSTANTIATEUR, TRICE. s. m. & f. Celui ou celle, qui croit le Verbe, le Fils de Dieu consubstantiel à son Père. Qui Filium Dei ὁμοούσιος consubstantialem Patri esse credit, docet. Après que le Concile de Nicée eut trouvé le mot de consubstantiel, qui fermoit la porte aux équivoques des Ariens, ils n’appelèrent plus les Orthodoxes que Homousiens, c’est-à-dire, consubstantiels ou Consubstantiateurs. Hélas ! comme nos freres nous appellent quelquefois Transubstantiateurs dans leurs Ecrits. Peliss.

☞ Cet Auteur veut faire voit que les Reformés donnent aux Catholiques des noms odieux, à l’exemple des Ariens. Mais le mot homousiens est-il exactement rendu par celui de Consunstantiateurs.

☞ CONSUBSTANTIATION. s. f. terme dont se servent les Luthériens pour exprimer leur croyance sur la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie. Voyez Impanation. C’est la même chose.

☞ CONSUBSTANTIEL, ELLE. adj. terme de Théologie, dont on se sert en parlant des personnes de la Trinité, pour faire entendre qu’elles n’ont qu’une seule & même nature. Ejusdem cum altero substantiæ, consubstantialis. C’est le mot qui est en usage dans l’Ecole. Le Fils de Dieu est consubstantiel au Père. Ce terme fut choisi & adopté par les Pères du Concile de Nicée, pour exprimer la Doctrine de l’Eglise avec plus de précision, & pour servir de barrière & de précaution contre les erreurs & contre les surprises des Ariens. Le terme de consubstantiel étoit en usage parmi les Pères de l’Eglise pour exprimer ce que nous croyons de la Divinité éternelle du Fils de Dieu, avant que Plotin & Jamblique fussent au monde ; & s’il se trouve dans les Ouvrages de ces Philosophes quelque chose de semblable à ce que les Chrétiens ont dit, c’est de la doctrine des mêmes Chrétiens qu’ils l’ont pris. P. Baltus. s. Denis d’Alexandrie, dans sa lettre contre Paul de Samosate, nous apprend que les SS. Pères qui l’avoient précédé, avoient appelé le Fils de Dieu consubstantiel à son Père. Id.

Le même Père s’en étoit encore servi, en parlant du Verbe, dans l’Apologie qu’il envoya au Pape. Le Concile de Nicée l’employa pour couper pié à toutes les vaines subtilités des Ariens qui avouoient tout, excepté ce que signifie le mot ὁμοούσιος, consubstantiel ; car ils alloient jusqu’à re-