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CON

Pour le divorce qu’amenent
Ces contrastes douloureux,
Où les éléments reprennent
Tout ce qu’on a reçu d’eux,
Réservez ce front tranquille.

M. Des-Houl.

Comment le C. de V. fera-t-il pour concilier des contrastes aussi bizarres & aussi diamétralement opposés ? Norm. Des contrastes diamétralement opposés ! Concilier des contrastes ! Quand on veut faire des métaphores, il faut les faire selon la nature des choses. Les contrastes ne sont point faits pour être conciliés, ce ne sont point choses à être conciliées, ce sont choses au contraire à rester toujours contrastes, toujours opposées, pour produire leur effet, qui est de se donner du relief par leur opposition. Gardons-nous de tout ce néotérisme mal entendu. On concilie des contradictions, on ne concilie point des contrastes.

Contraste, en termes de Peinture & d’Architecture, se dit de la différente position des figures, qui donnent de la variété dans un tableau par les différentes attitudes : comme lorsque dans un grouppe de trois figures, l’une se fait voir par devant, l’autre par derrière, & la troisième par le côté, on dit qu’il y a du contraste. C’est l’opposition soit entre le caractère des figures, soit entre les parties d’une même figure, soit entre les couleurs. Status, habitus, situs, gestus, varietas. Le contraste est la plus grande beauté d’un tableau. M. de Piles, dans son Cours de Peinture, définit le contraste, une opposition des lignes qui forment les objets par laquelle ils se font valoir l’un l’autre. Ce Peintre entend bien le contraste. Il faut observer le contraste dans les figures : c’est ce qui donne de l’ame, de l’énergie au sujet, de l’ame & du mouvement à toutes les parties d’une composition.

☞ En Littérature, on dit contraste de passions ; pour dire, combat de passions, passions opposées. Il y a dans cette Tragédie un contraste de passions, qui fait un très-bel effet. Acad. Fr. Voyez Passion.

☞ On dit de même contraste de caractères, de sentimens ; opposition de caractères, de sentiment.

☞ En Musique, on dit qu’il y a contraste dans une pièce, quand le mouvement passe du lent au vîte, du vîte au lent ; lorsque le diapason de la mélodie passe du grave à l’aigu, de l’aigu au grave ; lorsque le chant passe du doux au fort, du fort au doux, &c.

Ce mot vient d’Italie, & il est tiré du latin contrastatio : c’est le sentiment de M. Huet.

☞ CONTRASTER, v. a. terme de Peinture & de Sculpture, faire un contraste, varier les couleurs, la disposition des objets, le caractère, les attitudes des figures. Variare situm, statum, habitum, gestum. Il n’y a qu’un habile Peintre qui sache contraster ses figures, contraster ses têtes, & leur conserver un air naturel.

Contraster se dit aussi d’une figure, lorsque dans son attitude les membres sont opposés les uns aux autres, qu’ils se croisent, ou qu’ils se portent de différens côtés. Cette figure est bien contrastée. De Piles.

Contraster est aussi neutre. Ces figures contrastent bien ensemble. Cette figure ne contraste pas bien avec celle-là. Cette tête contraste bien avec l’autre.

On dit figurément, en parlant d’un Poëme, que le Poëte a bien contrasté ses personnages, que tels & tels caractères contrastent bien ensemble. Acad. Fr. 1740.

Contraster, en Architecture, signifie éviter la répétition de la même chose, pour plaire par la variété, comme on a fait à la grande galerie du Louvre, où les frontons sont alternativement cintrés & angulaires.

Contraster se trouve aussi dans Pomey pour débattre, quereller. Altercari, contendere, rixari. Mais dans ce sens il n’est point usité.

Contrasté, ée. part.

☞ CONTRAT. s. m. Dans le Droit françois, c’est toute convention faite entre deux ou plusieurs personnes, par laquelle toute s’obligent réciproquement l’une envers l’autre, ou en seule d’entr’elles s’oblige envers les autres, à donner ou à faire quelque chose qui n’est point contraire aux loix ni aux bonnes mœurs. Pactum, pactio, conventum, conventio. Les Jurisconsultes se servent aussi de contractus. Les ventes, échanges, donations, baux & transactions, sont diverses espèces de contrats. Dans le mariage, il y a le contrat civil, qui est le consentement des parties ; & le Sacrement qui est la bénédiction du Prêtre. Dans le Droit, on distingue les contrats de bonne foi, d’avec ceux qui sont de Droit étroit & de rigueur. C’est une maxime de Droit, que d’un contrat nul on ne doit aucuns droits Seigneuriaux. Tout contrat qui peut être cassé, n’est pas pour cela nul de droit. Les contrats nuls de droit, sont ceux que la loi défend de faire, & qu’elle déclare nuls en cas qu’ils soient faits ; tels sont les contrats faits avec des mineurs sans décret, ni autorité de Justice, les aliénations des biens d’Eglise sans les formalités requises, la vente qu’une femme mariée fait de ses biens sans autorité de son mari. Le contrats gracieux n’est point sujet à vente durant la grace. On dit que les contrats au commencement sont volontaires, mais quand ils sont passés, ils sont nécessaires ; pour dire, qu’on est libre de les faire, & qu’on est obligé de les garder quand ils sont faits.

Contrat signifie aussi l’instrument par écrit qui sert de preuve du consentement donné, & de l’obligation passée par les parties. Les contrats ne portent hypothèque que du jour qu’ils sont passés ou reconnus par devant Notaires. On a fait grossoyer ce contrat, & on l’a fait sceller. Il faut faire insinuer les contrats de donations, faire ratifier en majorité les contrats par les mineurs. Toute la bonne opinion qu’on peut avoir du plus honnête-homme du monde, n’est point blessée par les précautions d’un contrat. S. Evr.

Les contrats sont la porte
Par où la noise entra dans l’Univers.

La Font.

Contrats, (Les) & tous les actes volontaires chez les Romains, étoient écrits par les parties mêmes ou par quelqu’un des témoins ou par un Secrétaire Ecrivain domestique de l’une des parties, que l’on nommoit Notaire, mais qui n’étoit point homme public, comme aujourd’hui chez nous. Cet usage passa dans les Gaules avec la domination romaine, & continua sous nos premiers Rois. Les anciennes Formules de Marculphe, & celles qui ont depuis été recueillies par d’autres Auteurs, nous en rendent un témoignage qui ne peut être suspect. Le Magistrat auquel ces Ecritures étoient ensuite apportées, & qui leur donnoit l’autorité publique en les recevant au nombre des actes de sa Juridiction, apud acta, en faisoit ensuite délivrer aux parties des expéditions écrites & scellées de son sceau, par ses Clercs ou Greffiers domestiques. Nos Rois appliquèrent à leur domaine ce qui étoit payé pour ces expéditions ; le Magistrat étoit chargé d’en rendre compte. Saint Louis, voulant débarrasser le Prevôt de Paris de tout ce qui pourroit avoir quelque rapports à la finance, créa soixante Notaires en titre d’Office, pour recevoir tous les actes volontaires de sa Juridiction.

Contrat de direction, est un contrat qui, sur l’abandonnement des biens, qui a été fait par un débiteur à ses créanciers, se passe entr’eux, par lequel, pour empêcher que les biens ne soient con-