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CON

avec soi-même, dire ou écrire des choses contraires à celles qu’on avoit dites ou écrites. Dissentire à se ipso, secum pugnare, pugnantia loqui. Prenez donc garde à ce que vous dites ; vous vous contredisez à tout moment. Un témoin qui se contredit n’est pas recevable.

Contredire, en termes de Palais, c’est faire des écritures pour combattre les pièces de la partie adverse, & les introductions qu’elle en tire, & généralement pour réfuter & détruire les raisons & les moyens dont elle se sert. Confutare. Voyez Contredits.

CONTREDISANT, ANTE, adj. qui se plaît à contredire. Repugnax. Esprit contredisant, humeur contredisante. Je connois un homme si contredisant, qu’il dispute toujours, qu’il cesse de vouloir ce qu’il veut, dès qu’un autre le veut comme lui ; qu’il quitte ses propres sentimens, dès qu’il est venu à bout de les persuader à quelqu’un, de peur d’être de l’avis d’un autre ; & qui chasse enfin la paix de toutes les conversations. M. Scud. Cette description d’un contredisant en fait la définition. Les contredisant qui ne s’emportent point jusqu’à troubler la paix, sont encore moins ennuyeux que ces complaisans qui demeurent d’accord de tout. Bell.

On le dit au Palais de ceux qui fournissent des contredits. Adversarius. Les premiers contredisans ont l’avantage. Il n’y a dans les criées que trois contredisans, le poursuivant, le saisi, les plus ancien des opposans.

CONTREDIT, ITE, part. c’est le caractère des œuvres de Dieu d’être ainsi contredites, & nous n’en devons jamais attendre un plus heureux succès, que lorsqu’il y a moins lieu, selon les vues humaines, de l’espérer. . Exh. T. I, p. 319.

CONTREDIT, s. m. allégation contraire, réponse contre ce qui a été dit. Controversia. Ce que vous dites ne peut recevoir aucun contredit. Cela est sans contredit. Les circonstances les plus décisives, & les moins sujettes à contredit. Norm. On dit que tout a lieu jusqu’à contredit.

Contredit, (Sans) façon de parler adverbiale, qui équivaut à certainement, sans difficulté, sans opposition. Sine controversia. C’étoit sans contredit le premier homme de son siècle.

Contredit est aussi une réponse qu’on fait à quelque pièce que produit une partie dans un procès, ou à l’induction qu’elle en tire. Confutatio. C’est un bon contredit contre une donation, qu’un défaut d’insinuation.

Contredits, au pl. se dit d’une pièce d’écritures qu’on fournit dans les procès pour combattre les pièces de la partie adverse, & contredire toutes les inductions qu’elle a tirées dans son inventaire de production. On a appointé les parties à écrire, produire, bailler contredits & salvations.

CONTRÉE. s. f. ☞ Ce mot se prend dans une acceptation générale pour une étendue de pays indéterminée. Regio. On dit en ce sens qu’un homme a parcouru plusieurs contrées, qu’il a voyagé dans toutes les contrées de l’Europe. Chaque contrée a ses mœurs & façons de faire particulières. La Zone Torride est inhabitable, à cause des ardeurs du soleil qui brûlent & qui dessèchent ces vastes contrées. S. Ev.

Fils du puissant Atrée,
Vous possédez des Grecs la plus riche contrée.

Racine.

☞ Le mot contrée se prend plus souvent pour un petit pays faisant partie d’un plus grand, & qui a ses bornes & ses limites. C’est ainsi que l’on dit que le pays de Caux, le Vexin, &c. sont des contrées de Normandie. Tractus.

☞ On dit à peu près, dans le même sens, ce gentilhomme a le plus beau château de la contrée,c’est-à-dire, du voisinage, des environs. Vicinia, circimjecta locta.

Ce mot vient de la préposition contra. S. Odéric, qui mourut en 1331, dit contrata, une contrée. C. 2, de son Voyage des Indes, imprimé par Bollandus, Jan. T. I, p. 986, & Mart. T. II, p. 241, C. Les Bollandistes disent que ce mot s’est formé de conterrata, & qu’il signifie un territoire, un district où il y a plusieurs bourgs & villages que l’on appelle terres, terræ ; de même que commarca, s’est dit de l’assemblage de plusieurs bourgs & villes qui sont dans les mêmes marches, {{lang|la|marcas} c’est-à-dire, dans les mêmes limites. Ils disent encore à l’endroit cité, & au IIIe T. de Mars, p. 209, E, que contrata se prend dans un sens plus étroit pour une rue, ou un quartier, dans une ville.

CONTR’ÉCAILLE, s. f. ☞ contre la disposition naturelle des écailles. Quand on écaille une carpe, il faut la prendre à contr’écaille, à rebours de l’écaille. Adversis squamis. Pendant que j’étois aux Indes, dans la côte de Malabar, on vint un jour m’avertir qu’un crocodile s’étant un peu trop éloigné de l’eau, se trouvoit égaré dans un chemin entre deux haies. J’y allai aussi-tôt avec un François & quelques-uns de nos domestiques, qui s’armèrent de mousquets & de lances. Ils lui tirèrent d’abord quelques coups qui ne firent aucun effet, parce que les balles glissoient sur les écailles, & ne les perçoient pas. Dans la suite, on réussit mieux, & en tirant en contr’écaille, on le blessa, & nous vîmes paroître du sang. Cet animal qui nous avoit d’abord regardé attentivement sans bouger de sa place, parut étonné par le bruit que l’on fit, & par les premiers coups qu’on lui tira : mais quand il se sentit blessé, il courut l’espace de quarante ou cinquante pas avec précipitation, & fit un grand bruit avec ses dents, haussant sa mâchoire supérieure, & frappant sur l’inférieure, qu’il a immobile. Enfin il s’arrêta dans la plaine, où on acheva de le tuer à coups de lances. M. Dellon, tome i de ses Voyages, p. 72, 73, ch. 10.

CONTRE-ÉCHANGE. Voyez Contr’échange.

CONTRE-ENQUÊTE ou CONTR’ENQUÊTE, s. f. Enquête opposée à celle de la partie adverse. La règle veut que dans le civil, en permettant à une partie de faire son Enquête, on permette à l’autre partie de faire sa Contre-enquête. Causes célèbres, tome i, p. 324.

CONTRE-ÉPREUVE ou CONTR’ÉPREUVE, s. f. est une image qu’on tire sur une autre fraîchement imprimée & qui marque les mêmes traits, mais à rebours, le côté droit paroissant à gauche. ☞ Le noir de l’estampe qui n’est point encore sec, se détache de l’épreuve, s’attache à la feuille du papier blanc, & donne le même dessin, mais plus pâle, & en un sens contraire, le côté droit paroissant à gauche. Imago super recentem è typo imaginem alteram expressa.

CONTRE-ÉPREUVER, ou CONTR’ÉPREUVER, v. a. tirer une épreuve sur une autre épreuve, lorsque cette autre est encore toute fraiche. Super recentem è typo imaginem, alteram imaginem exprimere.

CONTRE-ESPALIER, ou mieux, CONTR’ESPALIER, s. m. terme de Jardinier, c’est la platebande opposée à l’espalier. C’est une rangée ou file d’arbres fruitiers, ou de seps de vigne, attachée contre une petit treillage à hauteur d’appui, à quelque distance de l’espalier, avec lequel il forme une allée. Ordo arborum exactæ brevitatus applicitus muro arboribus ex adverso positus. On le dit aussi des arbres que l’on met sur le bord d’un carré, qui est le long d’une allée, & auxquels on donne la même figure qu’aux espaliers, en les palissant, & les attachant à un treillage fait exprès. Consertæ rami arbores. P. Rapin.

☞ On donne le nom de contr’espalier aux arbres ainsi disposés, parce qu’ils sont ordinairement opposés aux espaliers appliqués contre les murs. Les