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de l’Italie ligués ensemble. Ils y tracèrent une grande Place & un Palais pour le Sénat à l’instar de celui de Rome. Ils eurent soin aussi de la fortifier, & d’y amasser toutes sortes de provisions, argent, vivre & munition de guerre. On croit que c’est le village appelé aujourd’hui San-Pelano. D’autres disent que c’est le village Pentina.

CORFOU, nom d’une Île nommée Corcyre par les Anciens ; Corcyra. L’Ile de Corfou n’est séparée de l’Epire que par un canal d’une à deux lieues de largeur. Maty. L’air y est bon, le terroir fertile en vin, huile, citrons, oranges, &c. Les habitans de l’Ile de Corfou s’appellent Corfiotti. Id. Voyez Corcyre & Corfiote.

L’Ile de Corfou pourroit disputer de Forteresse avec celle de Malte, si elle étoit aussi régulière, & on peut dire que ce sont les deux portes de la Chrétienté. De plus la beauté de son territoire est autant agréable & fertile, que celui de Malte est stérile & ennuyeux. Du Loir, L. X, p. 356. Il y a bien des choses à apprendre sur cette fameuse Île dans le bel ouvrage de M. le Cardinal Querini, imprimé à Bresse en 1738, sous ce titre : Primordia Corcyræ. Il suffira de voir les Mémoires de Trévoux, année 1739.

Corfou est aussi le nom de la capitale de la même Île. C’est la seule ville qu’il y ait, mais on y trouve quantité de bourgs & de villages.

CORGE ou COURGE. s. f. termes dont on se sert aux Indes Orientales dans le commerce des toiles de coton, pour signifier une certaine quantité de pièces de toile. La corge est de vingt pièces.

CORGIE. s. f. vieux mot. Verge ou sangle de cuir. On disoit aussi courgie. C’est de la qu’on a dit une escourgée.

CORIACE. adj. m. & f. qui est dur, & qui tient du cuir. Caro dura, dentibus non cedens. Il ne se dit que des viandes cuites qu’on mange avec peine, qui se divisent avec peine. La vache est fort coriace.

On dit figurément, dans le style familier, d’un homme avare, dur, difficile, & dont on a de la peine à tirer quelque chose, que c’est un homme coriace.

Ce mot vient du latin coriaceus. Nicod.

CORIAMBE. s. m. C’est un terme de prosodie grecque & latine, qui signifie le pié d’un vers composé de deux brèves entre deux longues, comme historiæ. Il s’appelle Coriambe à cause qu’il est composé d’un Corée & d’un ïambe.

CORIANDRE. s. f. se prend le plus souvent pour la semence d’une plante ombellifère, dont nous allons parler.

Coriandre. Coriandrum. Plante annuelle, qui a pris son nom de son odeur, qui est aussi désagréable que celle de la punaise, lorsque cette plante est verte. On seme des champs entiers de coriandre dans plusieurs endroits du Royaume. Sa racine est menue, fibreuse, blanchâtre. Sa tige est haute de deux piés environ, quelquefois moins, lisse, glabre, arrondie, moëlleuse, branchue, & garnie dans le bas de feuilles larges, découpées en quelques segmens, dentelées sur leurs bords, & pareilles à une portion de segmens de la feuille de persil, mais un peu arrondies, d’un vert gai, & d’une odeur très-désagréable. Celles du haut sont finement découpées, & imitent celles de la camomille ; l’extrémité des branches & des tiges est terminée par des dentelles de fleurs blanchâtres ; à cinq pétales inégales & fleurdelisées. Le calice qui soûtient ces fleurs devient un fruit composé de deux graines rondes ; & il arrive souvent qu’une des deux avorte. Cette graine pour lors est plus ronde, fétide lorsqu’elle est fraîche, mais agréable étant desséchée. On ne se sert que de la coriandre sèche, elle est stomacale, cordiale & carminative. On forme des dragées avec la coriandre, dont on se sert pour exciter l’appétit & chasser les vens. Les Anciens ont cru que le jus de coriandre étoit dangereux, & faisoit perdre le sens, & même la vie : mais les Modernes en usent en plusieurs remèdes. La manne qui nourrit les Hébreux dans le désert ressembloit à la graine de coriandre.

Quelques-uns font venir ce mot de κόρις, qui signifie une punaise, parce que ses feuilles sentent la punaise. D’autres le font venir du mot Grec κόρη, qui signifie la prunelle des yeux, & de ἀνδρών, hominum, parce que la coriandre affoiblit la vue.

☞ CORIARIA, petit arbrisseau qui croît aux environs de Montpellier, & qui sert à tanner les cuirs.

☞ CORICÉE. Coriceum, pièce des Palestres anciens. Les Grammairiens ne conviennent pas de la signification de ce mot. Ceux qui le sont venir du mot grec κόρη, jeune fille, prétendent que Coriceum étoit le lieu où les jeunes filles s’exerçoient à la lutte & à la course. Quelques-uns le font venir de κουρά, cheveux, & disent que c’étoit un lieu destiné à faire le poil. Mercurial, sans s’embarrasser de l’étymologie, dit que c’étoit un lieu où l’on serroit les habits de ceux qui s’exerçoient dans les Palestres, ou qui se baignoient. Baldus dérive le mot coriceum du mot grec κώρυκας, qui signifie bale ou éteu ; & dit que c’est un jeu de longue paume & de balon, pièce nécessaire dans un Palestre. Cette explication paroît préférable. Ant. Grec. et Romain.

CORIE. s. f. terme de Mythologie. Les Arcadiens, dit Cicéron, appeloient de ce nom la Minerve, fille de Jupiter & de Coriphe, une des Océanides, & la regardoient comme inventrice des Quadriges.

CORINTHE, Corinthus, ville de Grèce, dans le Péloponnèse, ou la Morée, près de l’Isthme, ou de la langue de terre qui joint le Péloponnèse à la Grèce, entre le Golfe de Lépante & celui d’Enghia. Corinthe fut fondée par Sisyphe fils d’Éole, ou selon Paterculus, L. I, c. 3, environ cent ans après le Sac de Troye, par Halètes, fils d’Hippotes, & le sixième des Héraclides depuis Hercule leur chef. Homère en parle, Iliad. L. II, v. 570. Elle s’appela d’abord Ephyre, dit Paterculus. On croit qu’elle prit le nom Corinthe, de Corinthe fils de Marathon, ou, selon d’autres, de Pélops, qui la rétablit. Ç’a été une des plus importantes villes de la Grèce. Elle eut d’abord des Rois : ensuite elle se fit république. Lucius Mummius la prit pour les Romains, & la pilla l’année même que Scipion détruisit Carthage, c’est-à-dire, l’an de Rome 607 ; & par conséquent 147 ans avant Jesus-Christ. Elle subsista, selon Paterculus, 852 ans. Le feu que le Consul Mummius y fit mettre en la réduisant en cendre, fondit toutes les statues, & les ouvrages de différens métaux, qu’il y avoit en très-grande quantité ; & ce mélange de tous ces différens métaux fondus ensemble produisit l’airain de corinthe, si estimé chez les Anciens. Jules César la rétablit, & du temps de S. Paul elle étoit encore florissante. Etienne dit qu’elle s’est appelée Epope, Pagos Ephyta, Heliopolis, & Acrocorinthus. Ce dernier nom ne se donnoit proprement qu’à la citadelle ; elle étoit si élevée, & d’un accès si difficile, qu’il avoit passé en proverbe de dire des choses difficiles. Il n’est pas permis à tout le monde d’aller à Corinthe. Non omnibus licet adire Corinthum. C’étoit proche de Corinthe que se faisoient les jeux Isthmiques. Voyez Vigenere sur César. Quand cette ville fut Chrétienne, elle devint le Siège d’un Archevêque soumis au Patriarchat de Constantinople. Dans la suite elle fut soumise aux Vénitiens, par la concession que leur en firent les Despotes. Elle obéit au Turc depuis 1458, que Mahomet II la prit aux Vénitiens.

Après Mummius, Corinthe fut 100 ans sans être habitée. Elle a été deux fois le théâtre des cruautés d’Amurat II, & de Méhémet son fils. Ces Ottomans l’ont tellement ruinée, qu’elle ne contient pas vingt maisons, encore ne sont-ce que des mazures. Je n’y ai rien vu de plus entier que 12 colonnes, qui n’ont assûrément subsiste, que parce qu’elles n’ont pas de beauté. Elles ne sont que de grosses pierres ; & je pense qu’elles ont été faites avant que les ordres de l’Architecture fussent inventés. Elles ont pour le