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BRO

On dit proverbialement, qu’il n’y a si bon cheval qui ne bronche, ni si bon Charretier qui ne verse ; pour dire, qu’il n’y a personne qui ne soit sujet à faire des fautes. On le dit aussi d’un Orateur, quand la mémoire lui manque.

BRONCHIAL, ALE. adj. Terme d’Anatomie. ☞ qui a rapport au poumon. Artère bronchiale. Veine bronchiale. Glandes bronchiales. L’artère bronchiale vient du tronc descendant de l’aorte, & se distribue sur toutes les divisions de la trachée-artère. Il y a aussi une veine bronchiale qui accompagne l’artère, & qui se divise en autant de rameaux qu’elle. L’artère porte le sang aux bronches, & la veine le rapporte à la veine cave, où elle va se rendre immédiatement.

BRONCHIES, ou BRONCHES. s. m. C’est le nom que les Anatomistres ont donné aux tuyaux de la trachée-artère, qui sont répandus dans tout le poumon, & dans lesquels l’air entre par la respiration.

☞ Les glandes bronchiales qu’on trouve à chaque division des bronches, sont destinées, à ce qu’on croit, à humecter & lubrefier les bronches, afin que l’air dessèche moins les poumons.

BRONCHIQUE. adj. Terme d’anatomie, qui se dit de la première paire des muscles communs du larinx, qu’on appelle autrement sternothyroïdiens : ils montent le long des cartilages de la trachée-artère, & tirent le larynx en bas.

BRONCHOCÈLE. s. m. On prononce broncocèle. Terme de médecine. C’est une tumeur du cou, grande & ronde, & attachée à la trachée-artère. On l’appelle aussi gouetre ou goitre, & en latin Hernia gutturis. Le bronchocèle est fort commun dans les Alpes. Il y en a quatre sortes. Le premier est appelé en latin botium ou natta. C’est une tumeur charnue qui a pris son nom de nates, fesses. Le second est une espèce d’athérome ; le troisième, une espèce de méliceris ; le quatrième, une espèce de stéatome. Bronchocèle est un mot grec, βρογκοκήλη, composé de βρόγκος, gorge, trachée-artère, bronches ; & de κήλη, ramex, hernie : mais c’est une fausse hernie. Col de Villars.

BRONCHOTOMIE, ou LARINGOTOMIE. s. f. On prononce broncotomie. Terme de chirurgie. C’est une ouverture qu’on fait à la trachée-artère, lorsque l’inflammation qui arrive au larynx empêche la respiration, afin de donner à l’air la liberté d’entrer dans les poumons & d’en sortir ; & quelquefois afin de tirer les corps étrangers qui se seroient insinués dans le larynx ou dans la trachée-artère.

Ce mot est dérivé, de βρόγκος, bronches, gozier, & de τέμνω, je coupe, je tranche.

BRONTÉE. s. m. Tonnant, qui tonne, qui lance la foudre. Brontæus. C’est un des surnoms que les Anciens donnoient à Jupiter. Blondius Flavius, Rom. Triump. L. I, prétend qu’on a aussi donné à Bacchus le nom de Brontin, à cause des troubles & des désordres semblables au tonnerre qu’excite l’ivrognerie.

☞ Les anciens se servoient dans leurs jeux publics d’une machine qu’ils nommoient brontée, parce qu’elle imitoit le bruit du tonnerre, par le moyen d’un grand vaisseau d’airain, que l’on cachoit sous le théâtre, & dans lequel on faisoit rouler des pierres. Festus appelle cette machine le Tonnerre Claudius, du nom de Claudius Pulcher, qui en fut l’inventeur.

BRONTÈS. s. m. Un des cyclopes qui forgerent la foudre dont fur armé Jupiter. Il étoit fils du ciel & de la terre, selon Hésiode. Ce mot vient du grec, Βροντὴ, Tonnerre.

BRONTON. s. m. Surnom de Jupiter, qui se trouve dans cette ancienne inscription. Jovi sancto Brontonti. ecataeque aur. poplius. Grut. XVII. 12. On trouve encore dans une autre un Prêtre du Dieu Brontontes. Sacerdos dei Brontontis. Grut. p. 5. XXXIV. Quelques-uns disent Brontontes, au lieu de Bronton ; mais ils se trompent. Brontontes feroit en grec βροντόντις, qui auroit au génitif βροντόντου, & au datif βροντόντη, & par conséquent en latin Brontontæ, à l’un & à l’autre cas, & non pas Brontontes, Brontonti, comme il y a dans les deux inscriptions que l’on vient de rapporter. Il vient donc de βροντάω, βροντῶ, je tonne, & par contraction βροντῶν, Tonnant, duquel il faut dire βροντάοντος, βροντῶντος, βροντάοντε, βροντῶντε.

Ce mot signifie la même chose que le précédent, & ils viennent l’un & l’autre du grec βροντὴ, tonnerre.

☞ BRONZE. s. m. Autrefois on faisoit ce mot féminin. Voiture disoit encore comparer la bronze à l’or. Aujourd’hui, l’usage général le fait masculin. Le bronze est un alliage de métaux, dont le principal est le cuivre fondu avec quelque partie d’étain ou de laiton. Quelques-uns, par épargne, y mettent du plomb, parce qu’on ne sauroit fondre du cuivre fin dans un fourneau de réverbère, qu’on ne le trouve percé & plein de trous comme une éponge. Il y a encore un autre cuivre composé qu’on appelle métal, qui n’est pourtant en effet que du bronze ; & on lui donne ce nom selon la plus grande ou plus petite quantité qu’on y mêle d’étain, qui est de 12 jusqu’à 25 pour cent. La lie ou le marc de bronze s’appelle diphrygies, & est en usage en médecine. La fleur de bronze se fait quand on jette de l’eau pure sur du bronze fondu, lorsqu’il s’écoule par les canaux. On met une platine de fer au-dessus de la fumée, & il s’y forme de petits grains en forme de millet, qui sont luisans & rougeâtres ; c’est ce qu’on appelle fleur de bronze. Ecaille de bronze, est ce qui tombe de l’airain, lorsqu’on le bat, & qu’on le met en œuvre. On dit, jeter des figures en bronze, animer le bronze, graver sur le bronze, &c. Le cheval de bronze qu’on voit dans la place Royale à Paris est u ouvrage de Daniel Volterre, fameux sculpteur.

Bronze, s. m. se dit en général des ouvrages, des figures en bronze, soit que ces pièces soient des antiques, des copies de l’antique, ou des sujets nouvellement inventés. Voilà un beau bronze.

Les Médaillistes distinguent le grand, le moyen, & le petit bronze, pour dire les grandes, les moyennes & les petites médailles de bronze. Tout le cuivre, dans la distinction des suites de médaille, a l’honneur de porter le nom de bronze. Le P. Job.

Quelques-uns dérivent ce mot à Brontibus, quasi brontium à Vulcani famulis fabrefactum. D’autres croient qu’il vient de l’italien abbronzare, qui signifie enduire d’une couleur brune. Le mot bronze vient de l’italien bronzo, qui signifie la même chose, & bronzo vient d’abbronzare. Le P. Thomassin remonte plus haut, & il fait venir le nom de bronze du mot saxon bræsens, æneus, qui est de cuivre ou d’airain. Icquez le dérive de brunt, mot saxon, & de la langue des Francs.

Bronze. C’est aussi une couleur préparée par les marchands épiciers, vendeurs de couleurs, pour imitier le bronze.

☞ On se sert de ce mot au figuré, en l’appliquant au cœur, à l’ame, pour désigner un cœur insensible, extrêmement dur. Cet homme a le cœur de bronze. Horace donne un cœur de bronze à cet homme audacieux qui s’abandonna le premier à la merci des flots. Bouh. Le cœur de l’homme, qui est de cire pour toutes les choses qui vont à le pervertir & à le corrompre, est de bronze pour celles qui peuvent contribuer à son salut. Ab. de la Tr. Il faut l’avouer, on trouve par-tout, mais spécialement dans les conditions riches & opulentes du siécle, de ces ames de bronze que rien n’amollit. Bourdal. Exh. T. I, p. 49.

On appelle proverbialement, les courtisans du cheval de bronze, plusieurs fainéans, filous & gens de mauvaise vie, qui sont ordinairement sur le Pont-neuf à Paris.

Quand on dit absolument le cheval de bronze, on entend celui du Pont-neuf à Paris, c’est-à-dire, la statue équestre d’Henri IV, placée au milieu du