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COT

divisé pour en distribuer à chacun sa part, soit pour le gain, soit pour la perte. Pars. On a fait l’assiette de la taille, on vous en a donné tant pour votre cote-part. Capiti cuilibet indicta tributi pars. On a partage le profit de notre société, il m’en revient tant pour ma cote-part.

Cote-morte est la dépouille, la succession d’un Moine qui vivoit hors la Mense commune, qui avoit quelque Bénéfice, ou quelque pécule, dont l’Abbé & le Couvent héritent. Monachi extra monasterium morientis hereditas.

La Cote-morte des Religieux de Cîteaux n’appartient point aux Abbés Commendataires, mais au Monastère.

Cote mal taillée. On dit dans le langage commun & ordinaire, Faire une cote mal taillée ; pour dire, arrêter un compte, en rabatant quelque chose de part & d’autre, & sans l’examiner exactement. Pactio arbitraria vel cum aliquo sub damno.

☞ Cette expression vient de l’usage où l’on étoit autrefois, & où l’on est encore aujourd’hui dans quelques endroits, de marquer la quantité des fournitures que l’on acheté à crédit sur des tailles, c’est-à-dire, un morceau de bois fendu en deux, dont chacun garde une moitié. Quand les entailles faites avec le couteau sur ces deux parties que l’on rapproche l’une de l’autre, ne se rapportent pas, on dit que c’est une cote mal taillée.

On le dit quelquefois absolument. Chacun a payé volontairement la cote. C’est en ce sens qu’on dit, faire une cote mal taillée ; pour dire, régler une chose incertaine & embrouillée à une somme liquide, sans entrer dans la discussion des particularités pour la partager. Pactio arbitraria, non excussâ re. Dans ce procès il y avoit bien des demandes de part & d’autre, les Juges en ont fait une cote mal taillée, & n’ont adjugé que telle somme à un tel.

Cote, en termes de Palais, est une lettre ou un chiffre qu’on met au dos d’une pièce mentionnée en un inventaire ou en une production, pour la marquer & la distinguer des autres, & la trouver plus facilement. Superscriptus alicui codici numerus, vel superscripta littera. Cette pièce est la troisième produite sous la cote B.

Cote signifie aussi la part que chacun doit porter & payer d’une imposition, ou dépense commune. Impositum capitibus singulis tributum, exactio capitum. Ce sont les Asséeurs des tailles qui règlent la cote de chacun des contribuables. Ce paysan a payé sa cote. Cet autre est appelant de sa cote. De cette contribution chacun doit payer sa cote-part. En ce sens, & en celui de l’article précédent, ce mot vient de quotus ou quot ; qui veut dire quantième ou combien ; & c’est par corruption qu’on l’écrit par un c, puisqu’on devoit écrire quote. Voyez Quote.

CÔTE. s. f. terme d’Anatomie. Os long & fait en arc qui sert à former les parties latérales du thorax. Costa. Les côtes ont leur articulation du côté du dos avec les vertèbres. Elles finissent antérieurement par des cartilages qui leur servent d’épiphises. Il y a vingt-quatre côtes, douze de chaque côté. Tous les hommes n’ont pas le même nombre de côtes, il y en a qui en ont plus que les autres, & d’autres qui en ont moins. Voyez l’Anatomie de Bartholin, L. IV, C. 17. Les côtes se divisent en vraies & en fausses. Les vraies sont les sept supérieures, que l’on appelle ainsi, parce qu’elles achèvent le cercle plus parfaitement que les autres, & qu’elles touchent au sternum, avec lequel elles ont une ferme articulation. Les cinq dernières s’appellent fausses côtes, parce qu’elles sont plus petites & plus courtes que les autres, & qu’elles ne vont pas jusqu’au sternum, ce qui fait qu’elles n’ont qu’une articulation fort lâche. Elles se terminent en des cartilages longs & mous, qui se recourbent en haut, & s’unissent aux côtes supérieures, comme s’ils y étoient collés ; excepté la dernière, qui étant la plus petite de toutes n’est point adhérente par devant à aucune autre. Les côtes les plus hautes sont plus larges que les plus basses.

On le dit aussi des animaux. Des côtes de bœuf, de mouton, de baleine.

☞ Eve fut formée d’une côte d’Adam. C’est pour cela que Boileau a dit en badinant.

Ce Marquis imbécile ;
Croit que Dieu tout exprès, d’une côte nouvelle
A tiré pour lui seul une femme fidelle.

☞ Dans quelques phrases le mot côte se dit figurément & familièrement pour extraction, descendans. Nous sommes tous venus de la côte d’Adam. Il se croit de la côte de S. Louis, en parlant d’un homme qui se pique mal-à-propos d’une haute noblesse.

Côte à côte adv. à côté l’un de l’autre. Marcher côte à côte. On le dit quelquefois pour marquer l’égalité des conditions. Commissis lateribus viam inire, ex æquo incedere. Deux Conseillers doivent marcher côte à côte.

Qui désormais à la maltôte
Osera disputer le rang,
Depuis qu’elle va côte à côte,
Avec tous les Princes du sang ? P. Le Jay.

Cette Epigramme fut faite à l’occasion de la capitation qui fut la même pour les Princes du sang, & pour les Fermiers Généraux.

On dit d’un homme, ou d’un animal très-maigre, qu’on lui voit les côtes, qu’on lui compte les côtes.

On dit proverbialement & populairement mesurer les côtes ; pour dire, battre à coups de bâton, de plat d’épée, de nerf de bœuf, ou de quelque chose qui plie en frappant.

On dit prov. & fig. serrer les côtes à un homme, pour signifier qu’on le presse vivement, qu’on le poursuit avec chaleur, pour l’obliger à faire quelque chose. Acad. Fr.

Côte se dit aussi, par ressemblance, de plusieurs choses étendues en longueur, & qui sont arrondies pour enfermer quelque chose. Costa. En ce sens on dit les côtes d’un luth, les côtes d’un melon, les côtes d’une carcasse, qui est une espèce de bombe.

Côte, en termes de Botanique, signifie les arêtes relevées qui sont sur le dos des feuilles. Stamina. Côte est aussi le brin qui soutient les feuilles de l’accacia, par exemple, & des autres feuilles composées. On appelle côte branchue celle qui est divisée en branches.

On appelle en Guienne, tabac sans côtes, celui dont on ôte la nervure avant que de le filer, on y destine les meilleures feuilles, c’est-à-dire, celles qui sont au milieu de la tige.

Côte de soie. Soie de médiocre qualité. C’est ce qu’on nomme communément du capiton, ou du fleuret,

Côte, en Architecture, sont les listels qui séparent les cannelures sur le fût d’une colonne cannelée.

Côtes de Dôme, ce sont les saillies, qui excèdent le nu de la convexité du dôme, & la partagent seulement, en répondant à plomb aux jambes de la tour, & terminant à la lanterne : elles sont ou simples en manière de platebandes, ou ornées de moulures, comme la plupart des dômes de Rome. Stria media inter geminas striges.

Côtes de Coupe, sont des saillies qui séparent la douelle d’une voûte sphérique en parties égales. Costa. Elles sont quelquefois enrichies de compartimens. On appelle côtes de pierres, ou de marbre, les plus longs morceaux qui servent à incruster ; ils sont étroits, & plus épais que les simples tranches.

En termes de Marine, on appelle côtes, ou membres de navire, les pièces qui sont jointes à la quille, & qui montent jusqu’au platbord pour composer le corps du vaisseau. Elles sont de plu-