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COU

quelle la croix est attachée. C’est proprement ce gros diamant que l’on appelle coulant.

Coulant d’un tour, est la pièce qui fixe le support ; le coulant d’une machine à fendre fixe la fraise.

☞ Chez les Boutonniers, on appelle coulant un morceau de bois arrondi par les bords & percé en travers ; quand il est couvert, il sert de nœud aux cordons de canne, de montre, aux guides de chevaux, &c.

COULDRAI, vieux mot s. m. ou COULDRAIE, s. f. Voyez Coudraie.

COULDRETTE. Voyez Coudrette.

COULE, s. f. terme de Bernardin & de Bénédictin. Pallium. Il y a de deux sortes de coule, une blanche qui est un habit fort ample, & dont les Bernardins se servent dans les cérémonies, & lorsqu’ils assistent à l’office. L’autre coule est noire, & est aussi un habit fort ample dont les Bénédictins se servent seulement dans les villes, & lorsqu’ils vont par les rues. Voyez sur la forme de la coule le P. Mabillon, Acta Sanct. Bened. Sæc. IV, p. 2, Pref. n. 195. Il prétend que la coule est la même chose que le Scapulaire. L’Auteur de l’Apologie de l’Empereur Henri IV, distingue deux sortes de coule. L’une est une robe, ainsi appelée, parce qu’elle a un capuchon. Cucullus. C’est une robe qui descend jusqu’aux talons, qui a un capuchon & des manches, & qui, quand elle est étendue, a la figure d’une croix. L’autre coule, cuculla altera, qui sert pour le travail, est le scapulaire ainsi nommé, parce qu’il ne couvre que la tête & les épaules ; & il dit en avoir vû une qui ne descendoit que jusqu’aux reins, & qui n’alloit des deux côtés que jusqu’au bout des épaules ; & c’est-là proprement, dit-il, le scapulaire. Dom Mabillon traite encore plus particulièrement de la coule dans la Préface des Acta Sanct. Bened. Sæc. V, n. 59 & suiv.

Ce mot coule s’est formé du latin cuculla, en confondant les deux premières syllabes en une, parce qu’elles sont la même syllabe répétée deux fois.

Coule. Ce mot est aussi en usage parmi les Bernardines. C’est une sorte de grand habit de chœur, qui est blanc, & qui a de grandes manches.

☞ COULÉ, terme de Musique, le coulé se fait lorsque la voix ou les instrumens passent d’une note à une autre, en faisant une espèce de liaison entre ces notes ; lorsqu’au lieu de marquer chaque note, on en passe deux ou plusieurs sous la même articulation, en prolongeant l’expiration ou le mouvement de l’archet. La trop grande quantité de coulés dans la Musique effémine le goût. Montecl.

Ce substantif est formé de coulé, participe du verbe couler.

Coulé est aussi un pas de danse. Faire un coulé. Voyez Menuet et Couler.

☞ COULÉE. adj. f & s. terme de Maître à écrire. Il y a une sorte d’écriture qu’on nomme coulée, écriture coulée. C’est un caractère penché, tracé assez rapidement, avec des liaisons de pié en tête.

Coulée. s. f. terme de Marine. C’est un adoucissement qui se fait au bas d’un vaisseau entre les genoux & la quille, afin que le plat de la varangue paroisse moins, & que l’eau coupée par la proue coule, glisse & s’échappe plus doucement jusqu’à la pouppe. Declivitas.

Coulée se dit aussi dans les grosses forges de l’endroit par où s’écoule la fonte contenue dans le creuset. Effluvium.

☞ COULEMENT. s. m. mouvement des fluides suivant leur pente. Fluxus, fluxio. Ce mot n’est pas reçu. On ne dit point un coulement de sang, un coulement de pituite. C’est dommage. Il exprime très-bien le mouvement des corps fluides ; & il me semble qu’on diroit avec grâce, le vent consiste dans un coulement d’air vers un certain endroit.

Coulement, terme de Maître d’Armes. Il consiste à glisser & à avancer au même temps. Faire un coulement d’épée. Liancourt.

COULER. v. n. Qui exprime le mouvement de tous les fluides suivant une pente naturelle. Il se dit premièrement du cours ordinaire des eaux. Fluere, manare. Les rivières coulent ordinairement vers le Nord ou vers le Midi. Il y en a quelques-unes, comme le Danube, & le fleuve de S. Laurent, qui coulent d’Occident en Orient. Les gelées empêchent que les rivières ne coulent. Le Pénée coule à l’ombre entre les forêts délicieuses qui bordent ses rivages. Vaug.

Ce mot vient du mot latin colare, qui signifie, faire passer une liqueur par quelque linge.

On le dit aussi des humeurs, & des sucs enfermés dans les vaisseaux des corps animés, lorsqu’ils montent, qu’ils descendent & qu’ils circulent. Le sang coule des artères dans les veines, & des veines dans les ventricules du cœur. Néron fit couler des torrens de sang. S. Evr. Si Dieu remue son bras par le cours des esprits animaux, c’est Dieu qui fait couler & agir ces petits corps. Maleb. Les rhumes, les fluxions coulent du cerveau, selon le sentiment des Anciens. Les larmes coulent par les yeux, la sueur par les pores. Le suc qui nourrit les végétaux coule & monte le long de leurs fibres.

Couler se dit aussi avec le pronom des autres fluides. Penetrare, pervadere, permeare. L’air se coule à travers de fort petites ouvertures. La matière subtile se coule dans tous les corps. La lumière se coule & traverse le verre.

☞ On dit aussi figurément que le temps coule, pour dire, qu’il passe promptement. Abire, efflere. Les jours, les années coulent insensiblement. Celui qui est comblé de joie trouve que le temps lui échappe, & qu’il coule avec trop de précipitation. Maleb.

Couler, terme de Chandelier. On dit que la chandelle coule, quand on y a mêlé du suif de pourceau, qui n’a pas assez de consistance pour soûtenir celui qui est fondu, & qui sert d’aliment au feu de la mèche, ou bien quand quelque bout de la mèche est tombé sur les bords, & les a fondus. Defluere, liquefieri.

☞ On dit aussi des choses solides qu’elles coulent ; pour dire qu’elles s’échappent & qu’elles tombent, quand elles trouvent de la pente. Labi, effluere. Il a coulé de dessus cette grange trois chevrons qui n’étoient pas bien chevillés. L’échelle a coulé sous lui. Une tuile coula d’un toit, & lui tomba sur la tête.

☞ On le dit particulièrement des corps solides réduits en poudre, du sable, des grains, &c. Le blé coule par un trou du sac. Le temps humide fait que le sable de cette horloge ne coule pas.

Couler, v. a. signifie filtrer, faire passer une chose liquide à travers un linge, du sable, &c. gluant, plus fluide. Colare, percolare. On coule l’hippocras par la chausse, le blanc d’œuf par le papier gris, le mercure par le chamois, pour les épurer. Quand l’encre est trop épaisse, on y met de l’eau pour la faire couler.

Couler, en Chymie, signifie aussi verser de l’eau sur des cendres, ou des terres, pour en tirer les sels, soit des minéraux, soit des végétaux. Infundere. Le salpêtre se fait à force de couler de l’eau sur les terres nitreuses, qu’on fait ensuite évaporer, quand elles sont imprégnées de leurs sels. La lessive ordinaire se fait en coulant de l’eau chaude sur des cendres de bois neuf ou des cendrés gravelées, qui en détache les sels qui blanchissent le linge.

Couler à fond un vaisseau, terme de Marine, c’est le percer à coups de canon dans les œuvres vives, ou l’ouvrir en quelque autre manière que ce soit, pour y faire entrer l’eau & le submerger. Deprimere, demergere. Les Capitaines font quelquefois couler à fond leurs chalouppes, pour ôter aux Ma-