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COU

dure à la coupe, qu’elle résiste au ciseau. Les Sculpteurs disent aussi, la coupe du bois ; & les Graveurs, la coupe du cuivre ; & les Cordonniers, la coupe du cuir, en parlant de l’art de les tailler.

☞ La Coupe d’une pierre, en architecture, est la direction d’un lit ou d’un joint perpendiculaire à la surface droite ou courbe de la douelle ou de la tête d’un voussoir, mais oblique au plafond dans les plate-bandes.

Coupe signifie aussi quelquefois l’inclinaison des joints des voussoirs d’un arc & des claveaux d’une plate-bande. On dit dans ce sens donner plus ou moins de coupe.

Coupe des cheveux, terme de Perruquier, manière de les tailler & de les étager.

Coupe d’habits, terme de Tailleur, manière de tailler toutes les pièces qui entrent dans la composition d’un habit. Un tailleur doit avoir la coupe bonne.

Coupe, dans les manufactures de lainage, se dit de chaque tonture que les tondeurs donnent aux draps.

Coupe, dans un sens presque semblable, se dit en termes d’Architecture & de Charpenterie, de la représentation d’un édifice, d’un bâtiment de terre, ou de mer. Coupe perpendiculaire d’une Eglise, d’un corps de logis, d’un vaisseau, d’un moulin à vent, &c. Coupe horizontale.

Coupe signifie aussi la quantité de bois qui est destiné à être coupé, & le temps propre à la faire. Cæsura, sectura, cæsio, sectio. La coupe de bois ne se doit faire qu’en hiver & hors de la sève. Les coupes de taillis se font de neuf en neuf ans : selon la bonté des terres, on les partage en coupes réglées. Voilà des bois qui sont en coupe. Les Maîtres des Eaux & forêts ont jugé une telle coupe de bois

Coupe se dit aussi de cette division des cartes qui se fait en deux parties par celui qui est au côté gauche du joueur qui les a battues. Divisio. On voit des joueurs qui croient que certaines gens ont une coupe malheureuse, qui ne veulent point être sous leur coupe. Ils appellent une coupe foireuse, celle qui n’est pas nette, & dont on laisse échapper quelques cartes en coupant.

☞ Dans ce sens, on dit figurément & familièrement, être, se trouver sous la coupe de quelqu’un, être dans sa dépendance, être exposé aux effets de son ressentiment ; vous tomberez quelque jour sous ma coupe, je vous revaudrai cela.

☞ COUPE. s. f. Tasse, vase ordinairement plus large que profond, servant à boire. Patera, crater, poculum, cuppa, calix. Ce mot est noble, & réservé aux choses sacrées & au style sublime. Un calice doit avoir tout du moins sa coupe d’argent ; le pié peut être d’étain. Les Prêtres anciens prenoient la coupe pour faire leurs sacrifices, leurs libations. Socrate prit hardiment la coupe où étoit le poison qu’on lui avoit préparé. La coupe enchantée de l’Arioste, où l’on éprouvoit la fidélité d’une femme. La coupe des pécheurs répand sur ses bords une liqueur trompeuse. Abad.

Le nectar est versé dans la céleste coupe. Racine.

Ce mot vient du latin cuppa, ou cupa, qui signifie la même chose, & qui vient du verbe capio, propter capacitatem. Ce mot est très-ancien dans la langue. Dans la vie de sainte Geneviève, imprimée par Bollandus, & qui est peut-être celle que Papirius Masson dit avoir été écrite dix-huit ans après la mort de la Sainte, on appelle ce vase cuppa, ou cupa.

Coupe. (Fêtes des) Démophon, Roi d’Athènes, voyant Oreste chargé d’un parricide, ne voulut ni l’admettre à sa table, ni pourtant l’éconduire. Il s’avisa donc de le faire servir séparement, & pour justifier cette espèce d’affront, il voulut qu’on servît à chaque convive une coupe particulière, contre l’usage de ces temps-là, où tout le monde buvoit dans la même coupe. En mémoire de cet événement, les Athéniens établirent une tête, où l’on faisoit la même chose dans les repas.

Coupe se dit d’un Calice où l’on consacre le sang de Jesus-Christ. Le Concile d’Alexandrie, en justifiant S. Athanase sur le calice d’Ichyras dit, puisqu’il n’y avoit point là d’Eglise, ni de Prêtres pour sacrifier, & que le jour ne le demandoit pas, comment y auroit-on brisé une coupe mystique ? Il y a quantité de coupes dans les maisons, & dans le marché ; on les brise sans impiété ; mais c’en est une de briser volontairement la coupe mystique ; elle ne se trouve que chez les Prêtres légitimes : vous avez droit de la présenter aux peuples, &c. Fleury.

Coupe, en termes de Religion, sert quelquefois à exprimer la communion sous l’espèce du vin. L’Eglise a eu de bonnes raisons pour ôter la coupe aux Laïques. On accorde la coupe aux Rois, le jour de leur sacre. On appelle coupe de calice, la partie du calice où l’on verse le vin pour la communion.

Coupe, pris figurément le dans le langage de l’Ecriture, signifie, le commerce, la liaison, la ressemblance de mœurs avec quelqu’un ; parce que ceux qui boivent de la coupe, ou dans la coupe d’un autre, vivent avec lui, ont des liaisons, de la communication avec lui ; ainsi boire dans la coupe de l’impie, c’est être impie.

Il boit dans la coupe infernale ;
Et l’épais venin qu’elle exhale
Dérobe le jour à ses yeux. Nouv. choix de vers.

Coupe, terme d’astronomie. On donne le nom de coupe, ou de vase, ou de tasse, à l’une des Constellations méridionales.

Coupe, en Sculpture, est une espèce de vase moins haut que large, avec un pié, qui sert à couronner quelque décoration. Vasculum, Architectonici operis ornamentum.

Coupe est aussi un petit bassin de fontaine fait d’une pièce de marbre, ou de pierre, qui étant posé sur un pié, ou une tige dans le milieu d’un grand bassin, reçoit le jet ou la gerbe d’eau qui tombe pour former une nape. Crater.

Coupe ou Coupole, terme d’Architecture. C’est le haut du dôme d’une Eglise. Tholus. La coupe de cette Eglise se voit de loin. La coupole de cette Eglise est bien peinte.

COUPE, adj. vieux mot qui signifioit cocu.

Car puisque vous m’avez fait coupe,
Je vous ferai de tel pain soupe.

Gloss. du Rom. de la Rose.

L’Auteur du Supplément au Glossaire du Roman de la Rose, dit que coupe est un adjectif masculin & féminin, par apocope de coupeau, qui signifie cocu. Pasquier prétend que coupeau vient de coupe, c’est-i-dire, infidélité dérivée de coulpe faute : & l’on disoit la femme t’a fait coupe ; pour dire, cocu. Nos anciens disoient au féminin coupe & accoupie dans la même signification.

COUPEAU. s. m. Sommet d’une montagne. Montis cacumen, vertex, jugum. La première chose qu’on apperçoit en mer, ce sont les coupeaux des montagnes. On appelle le Parnasse la montagne au double coupeau. Il vieillit.

Coupeau, pris pour sommet, vient de coppa, qui signifie la même chose en langue de Galles. Huet.

Coupeau signifie encore un éclat de bois, ou même de pierre. Assula. Dans ce sens on dit copeau.

On appeloit aussi autrefois coupeaux, ou coupeaus, ceux qui souffrent l’infidélité de leurs femmes : ce qui vient, selon quelques-uns, quod suæ uxo-