Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, III.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
DAN

l’ont bâtie ou habitée. Danneberg est située sur la rivière de Tetza à une lieue de son embouchure dans l’Elbe.

Le Comté de Danneberg est un petit pays du Cercle de la Basse-Saxe. Dannebergensis Comitatus. Il est borné au couchant par le Duché de Lunebourg, & au nord par ceux de Lavembourg & de Meckelbourg. Les Etats de Brandebourg le confinent des autres côtés. Ce Comté a eu autrefois ses Comtes particuliers ; le dernier, nommé Nicolas, le donna à Othon le Belliqueux, Duc de Brunswick, moyennant une pension usagère de douze marcs d’argent, Maty.

DANNEBROCK. L’Ordre de Dannebrock. Ordo Dannebrogicus. Ordre de Chevalerie en Danemarck. Quelques écrivains, amateurs des fables, font remonter l’origine de cet Ordre jusqu’au tems de Dan, fils du Patriarche Jacob, qui, selon eux, fut le premier Roi de Danemarck, & donna son nom à ce Royaume. Ils disent que ce Roi prétendu étant sur le point de livrer une bataille l’an du monde 2898. vit descendre en l’air une grande croix blanche, qui fut le signe de la victoire qu’il remporta, ce qui fut cause qu’il institua un Ordre, auquel il donna son nom, & celui de broge, qui en Danois signifie peinture.

D’autres plus raisonnables, comme Bartholin, dans sa dissertation sur l’origine de cet Ordre, croient que Waldemar II. en a été l’instituteur vers l’An 1219. Cet Ordre, si cela est, s’abolit dans la suite. Christierne V. le rétablit en 1672. & il y a même plus d’apparence qu’il en fut l’Instituteur plutôt que le restaurateur. Ce fut à l’occasion de la naissance de son fils Christierne-Guillaume qu’il l’établit. Voyez le P. Héliot, T. VIII. C. 61.

DANNEMARC. Voyez Danemarck.

DANOIS, OISE. s. m. & f. Nom d’un peuple d’Europe qui habite le Danemarck. Danus. Les anciens habitans de ce que nous appelons aujourd’hui Danemarck, étoient les Cimbres. C’est pour cela que la Jutlande étoit appelée par les anciens Chersonèse Cimbrique ; mais depuis plusieurs siècles les Danois ne sont qu’un peuple mêlé de plusieurs autres qui s’y sont jetés : car on dit que le Christianisme ayant chassé l’Idolâtrie des bords du Rhin & de toute l’Allemagne, ce qu’il y a eu de Payens opiniâtres parmi les Saxons & les autres peuples de Germanie s’étoient jetés dans ces pays septentrionaux, où ces nouveaux hôtes trouvèrent des hommes aussi féroces qu’eux, & aussi entêtés du culte de leurs Idoles. Quoi qu’il soit, ces peuples se trouvant trop resserrés dans leurs Îles & leur presqu’île, sortirent souvent de leur pays dans la suite, & inonderent les pays voisins. Cependant les Danois conquérans de l’Angleterre au commencement du IXe siècle, n’étoient pas seulement des Danois, mais des Corsaires qui venoient de la Norwege, de la Scandinavie & de la Vindélicie, ou Vandalie, aussi bien que du Danemarck. Il y a de l’apparence, dit un Historien moderne, qu’ils prirent eux-mêmes le nom de Danois, comme le plus fameux, & leurs flottes n’arboroient point d’autre pavillon que celui de Danemarck. Ils parurent dès l’an 787. & firent descente dans le Royaume de Westsex ; mais ils furent chassés. Ils revinrent en 794. & débarquèrent dans la Northumbrie, d’où ils furent encore repoussés. En 834 leur flotte composée de vingt-cinq vaisseaux aborda les côtes d’Angleterre, & y débarqua des troupes. Ils combattirent Egbert & le vainquirent. L’année suivante ils firent encore descente dans l’ouest du pays de Galles. Les habitans se joignirent à eux, mais ils furent battus. En 838. une flotte de trente voiles fit descente à Southampton, & un autre à Portsmouth. L’année suivante ils firent encore deux descentes, & en 840. une autre à l’embouchure de la Tamise. On combattit l’an 843. Ethelulphe, successeur d’Egbert, commandoit la flotte en personne : il fut vaincu. En 845. ou selon d’autres, en 848. les Anglois eurent leur revanche. En 854. il reparurent, non plus en pirates, mais en conquérans. Leur flotte forte de cent cinquante voiles fit descente à l’embouchure de la Tamise ; ils s’emparerent de Cantorbery & de Londres, les pillerent, & y mirent garnison ; battirent Bertulphe, Roi de Mercie, & malgré trois batailles qu’ils perdirent sur terre ou sur mer, se logerent dans la petite Île du Thanet, que forme la rivière de Stour, vers l’embouchure de la Tamise, & qui étoit alors un havre considérable, où leur flotte hiverna. Ils battirent les Anglois, qui les en voulurent chasser & s’y maintinrent malgré eux. Enfin, après différentes descentes, en 867. ou 869. profitant du soulevement des petits Rois de Mercie & de Northumbrie, ils commencerent à s’établir, donnèrent un Roi aux Northumbriens, tuerent l’année suivante S. Edmond, donnèrent neuf batailles en 871. ou 872. & combattirent toujours ainsi jusqu’environ 912. que le Roi Edouard soumit à la Monarchie Angloise tous ceux qui s’étoient établis en Angleterre. Mais en 1002. Ethelrede, par le conseil de son Général d’armée nommé Hueux, ayant fait massacrer en un même jour les Danois dans toute l’Angleterre, Swenon, Roi de Danemarck, vint en 1004. pour venger ce massacre, & après une guerre de neuf ans, en 1013. conquit toute l’Angleterre, après avoir vaincu Ethelrede, qui fut abandonné de son armée, & obligé de se retirer en Normandie. Le règne des Danois en Angleterre finit en 1042, & dura plus de deux cens ans, à compter depuis la première irruption l’an 835. Voyez Cambden p. 101. & suiv.

Les Anciens ayant connu les peuples de la Chersonese Cimbrique sous le nom de Godanes, ou Codanes, celui de Danois en est venu, & est resté après eux aux peuples des Îles autrefois habitées. Chorier. Hist. de Dauph. T. I. p. 157. Selon Cluvier. Germ. Ant. L. III. C. 34. p. 140. le mot de Danois vient de Dan, qui est, comme nous l’avons dit au mot Dan, le nom du Dieu Theuth. Bien plus, Dan & Theuth, selon lui, sont un même nom, ils ont une même signification, même origine. Ce sont seulement deux différens dialectes. De Theuth, Θεῦθ, on a fait Ζεῦθ, Ζεύς, puis de Ζεύς, Ζδεύς, Δεύς, Δίς, Ζής, Ζάς, Ζήν, Ζάν, Δήν, Δάν. Dan & Theuth étant donc le même mot, Danus ou Danois, & Thuto, Theuton, sont le même nom ; & les Danois & les Teutons, le même peuple.

DANS. Préposition de tems & de lieu. In. avec l’acc, quand il est joint à des verbes qui signifient du mouvement ; avec l’ablatif quand les verbes ne signifient point de mouvement : il faut excepter les occasions où la préposition dans se trouve avec un nom de ville, car alors on la supprime en Latin, selon les règles de la Grammaire Latine. Ces deux propositions dans & en ont tant de rapport & de ressemblance, qu’il est assez difficile de dire précisément quand il faut mettre l’une plutôt que l’autre.

☞ On met, par exemple, toujours en devant les noms de Royaumes & de Provinces ; jamais devant les noms propres des villes, & il n’est jamais suivi des articles le, la ; & dans ne se met jamais devant un mot d’où l’article est retranché. Ainsi l’on dit, en Espagne, dans l’Espagne ; dans Paris, dans la ville. Je suis en peine, je suis dans la peine.

Ce mot vient de de & intus, selon Nicod & Ménage.

Dans, se dit en plusieurs occasions, quand il est question de marquer la disposition du corps, de l’esprit ou des mœurs, l’état de la fortune. Il est dans le dessein de se marier. Il languit dans une grande misère Je ne donne pas dans votre sens. Il est dans la joie de son cœur. Vous n’avez jamais rencontré dans mes yeux que de l’amour. On dit aussi qu’un homme a une affaire dans la main, dans sa poche, dans sa manche, pour dire qu’il en est assuré, qu’il en est le maître. Dans Plutarque, pour dire,