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DEP

nent de deplicare, qui a le même sens, & qui se trouve dans la basse latinité. L’anonyme qui a écrit les miracles que Sainte Geneviève fit après sa mort, s’en sert, pour exprimer l’extension d’un membre qui étoit retiré. Voy. Bollandus, Act. SS. Jan. T. I. p. 150. & 151. On trouve aussi displicare, Ibid., Mart. T, I. p. 549. B.

Déployé, ée. part. pass. & adj.

☞ DÉPLUMER, v. a. Oter les plumes à un oiseau, ne se dit point. Déplumer est réciproque. Se déplumer, perdre ses plumes. Les oiseaux se déplument pendant la mue. Nudari plumis.

Déplumé, ée. part. & adj. Deplumis. A qui les plumes sont tombées.

☞ DE PLUS. adv. synonyme avec outre cela, & d’ailleurs. Ils signifient tous trois surcroît, augmentation. Præterea. Mais de plus s’emploie fort à propos lorsqu’il est seulement question d’ajouter encore une raison à celles qu’on a déjà dites. Il sert précisément à multiplier, & n’a rapport qu’au nombre. Voy. les autres mots. Pour qu’un état se soutienne, il faut que ceux qui gouvernent soient modérés, que ceux qui doivent obéir, soient dociles, & que de plus les loix y soient judicieuses.

DÉPOLIR. v. a. Oter le poli de quelque chose. Polituram tollere. Il faut dépolir les glaces de miroirs, Politam glaciem obscurare, quand on s’en veut servir dans des yeux artificiels pour en faire une rétine, afin qu’elle reçoive les espèces, & qu’elle ne les réfléchisse point.

DÉPOINTER. Une pièce d’étoffe. C’est couper les points qui tiennent en état les plis.

DÉPONENT. adj. m. Terme de la Grammaire Latine, qui se dit des verbes qui ont la terminaison & la conjugaison passives, & la signification active, & qui perdent un de leurs participes passifs. Verbum deponens. C’est le nom que les Grammairiens donnent à ces sortes de verbes, comme minor, qui a pour participes minans, minaturus & minatus, & qui n’a point minandus, qui est un participe passif. On les appelle déponens, parce qu’ils ont perdu & déposé la signification passive, du latin deponere.

DÉPONIBLE. adj. De tout genre. Qu’on peut déposer, à qui l’on peut ôter sa charge, qui peut être révoqué. Deux Prêtres muables & déponibles à la volonté des Gouverneurs de l’Hôpital. Régl. de l’Hôp. Sainte Croix de Joinville. C’est un terme de Palais. Amovible a la même signification, & est plus en usage.

DÉPOPULATION. s. f. C’est la même chose que dépeuplement. L’action de dépeupler une ville, un pays. Mais ce mot se prend plus souvent dans le sens passif, & désigne la diminution des habitans par quelque cause que ce soit. C’est l’opposé de population. Voy. ce mot. M. de Montesquieu, parlant du grand nombre d’Eunuques que les Orientaux sont obligés d’entretenir pour garder leurs femmes, s’écrie : Quelle dépopulation ne doit pas s’ensuivre de ce grand nombre d’hommes morts dès leur naissance. Je touche dans une Lettre au Père Parennin, Missionnaire, plusieurs articles du Gouvernement Chinois, que je crois en soi de véritables défauts, & ce qui est plus surprenant, des défauts qui vont à la dépopulation dans ce florissant Empire, celui du monde qui est le plus peuplé. M. de Mairan de l’Académie des Sciences, Lettre à M. l’Abbé Desfontaines, dans les Observations sur les Ecrits Mod.

DÉPORT. s. m. En matière bénéficiale. Droit que les Archidiacres ou les Evêques ont en plusieurs Diocèses, de jouir une année durant d’une Cure qui est vacante par mort, en la faisant desservir, & aussi d’en jouir pendant le litige si elle est contestée. Sacerdotia in causam caduci lapsa. Si la Cure vient à vaquer deux fois dans une seule année, il n’y a qu’un seul déport. Voy. Choppin & Ragueau.

Le déport est une espèce d’annate, & est par conséquent odieux, parce qu’il a été plutôt établi pour l’utilité des Evêques & des Archidiacres que pour celle de l’Eglise. C’est pourquoi il fut entièrement abrogé par le Concile de Basle, dont le Décret a été inséré dans la Pragmatique-Sanction : mais le Concordat, qui est la règle de l’Eglise Gallicane, a rétabli les annates & les déports, qui ont enfin été confirmés dans les Etats de Blois. Il n’est pas uniforme dans tous les Diocèses.

L’usage des déports pour la première année des cures vacantes est principalement en Normandie. Les Evêques en ont les deux tiers, & les Archidiacres ont l’autre tiers, il en vient outre cela quelque chose aux Doyens Ruraux. Les Evêques & les Archidiacres de Normandie n’ont pas à la vérité joui toujours des déports, ils ne sauroient même produire de titres valables pour appuyer ce droit. Mais, comme ils en sont depuis très-long-temps en possession, il est devenu en quelque manière un droit commun à leur égard.

Toutes les Cures ne sont pas sujettes au déport. Celles qui dépendent d’Abbayes exemptes de la Jurisdiction des Evêques sont aussi exemptes du déport ; les Cures, par exemple, qui sont dans les exemptions de Fescamp & de Montivillier, ne paient point de déport aux Evêques de Normandie.

☞ En matière de fief, on appelle aussi déport le droit qu’un Seigneur féodal a de jouir du revenu d’un fief la première année après la mort du possesseur. Ce droit est différent dans les différentes coutumes. C’est ce qu’on appelle rachat, relief, Voy. ces mots.

Déport, se dit quelquefois au Palais, pour dire, délai. Sans déport, c’est-à-dire, sans délai, sur le champ. Sine morâ. On a condamné ce coquin de Frippier en dix écus d’amende payable sans déport, sans sortir de-là. Déport d’un Juge, d’un Arbitre. Voyez Déporter.

Déport, Terme de Coutumes. Dans les Coutumes d’Anjou & du Maine, déport signifie casuel ; c’est un certain droit que le Seigneur prend sur un fief servant lorsqu’il n’y a point d’homme pour le desservir. Le déport de fief est réglé pour le Seigneur à une année de revenu, à condition d’en donner le tiers, ou une portion sortable au mineur. Le déport de fief n’est plus en usage.

Déport, est aussi un vieux mot, qui veut dire, joie, plaisir. Gaudium, voluptas, lætitia. Celui jour passerent en joie & déport. Guy de Waroye. Ils revenoient de la chasse, où ils avoient eu moult gracieux déport. Id.

DÉPORTATION. s. m. Sorte de bannissement en usage chez les Romains, par lequel on assignoit à quelqu’un une Isle, ou autre lieu pour sa demeure, avec défense d’en sortir à peine de la vie. Deportatio. C’est le terme dont se servent les Jurisconsultes. Par la déportation on perdoit les droits de citoyen Romain. Ulpien met cette différence entre la relégation, & la déportation ; que la déportation obligeoit à une demeure fixe pour toujours, au lieu que la relégation se révoquoit, & donnoit un peu plus de liberté. La déportation étoit un bannissement perpétuel, avec interdiction du feu & de l’eau. Voyez Exil. En France on n’admet point cette différence, & on dit seulement relégation.

DÉPORTEMENT. s. m. Conduite & manière de vivre. On ne le dit qu’au pluriel, & il se prend ordinairement en mauvaise part. Vitæ, vivendi ratio. On donne des Gouverneurs à la jeunesse pour veiller sur ses déportemens. Il a été châtié pour ses mauvais déportemens. Ses déportemens me sont connus. Ablanc. Les mauvais déportemens des jeunes gens viennent le plus souvent de leur mauvaise éducation. Mol. Ses déportemens donnent prise à tout le monde. B. Rab.

DÉPORTER. Qui ne se dit qu’avec le pronom personnel, se désister, se départir. Quitter, abandonner une entreprise, un dessein. Discedere ab aliquâ re, rem aliquam abjicere. Cet homme étoit entré dans la Ferme Générale, mais il s’en est déporté en faveur de ses associés. Ce jeune homme briguoit cette charge, cet emploi, mais il s’en est déporté de lui-même. Se déporter de ses prétentions, de la recherche d’une fille.