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DAC — DAD

forme. Ces ulcères pleurent une matière en forme de larmes.

DACTE. s. f. Voyez DATTE ; c’est la même chose.

DACRUE. Ville d’Afrique dans la Nubie.

DACTYLE. s. m. Nom que portoient les premiers Prêtres de la Déesse Cibèle. On les appeloit Dactyles Idéens, Dactyli Idei, comme on appeloit Cybèle Idéenne, Idæa, parce qu’elle étoit principalement honorée sur le mont Ida en Phrygie. On leur donna le nom de Dactyles, parce que, pour empêcher que Saturne n’entendît les cris de Jupiter que Cybèle leur avoit confié, ils chantoient je ne sais quels vers de leur invention, & dont les mesures inégales imitoient les temps du pied appelé Dactyle. C’est au moins ce qu’en dit le Grammairien Diomède. Un Sophocle cité par Strabon. L. X. prétendoit qu’on les appela Dactyles du mot Grec δάκτυλος, signifiant doigt, parce qu’ils étoient d’abord autant que l’homme a de doigts aux mains ; c’est à dire dix, cinq garçons & cinq filles. Il ajoutoit qu’on leur devoit l’invention du fer, & l’art de le fabriquer, & de plusieurs autres choses utiles à la vie. D’autres en mettoient plus ou moins de dix, & varioient sur leurs noms, comme sur le nombre de ces premiers adorateurs de Cybèle. Les uns les faisoient originaires de Phrygie au pied du mont Ida, d’autres disoient qu’ils y étoient venus d’ailleurs.

Du reste tous les Auteurs que Strabon avoit vus convenoient 1o. Qu’ils avoient les premiers travaillé en fer près du mont Ida ; que c’étoient des imposteurs, qu’ils avoient été Ministres de la mere des Dieux, ou de Cybèle, qu’ils demeuroient au pied du mont Ida en Phrygie, en comprenant la Troade dans la Phrygie, ils conjecturoient aussi, non pas comme on le dit communément, que les Curètes & les Corybantes étoient les mêmes que les Dactyles Idéens, quoique cela puisse aussi avoir un bon sens ; mais que les Curètes & les Corybantes étoient leur postérité ; que d’abord cent hommes nés en Crète furent appelés Dactyles Idéens, que ceux-ci eurent neuf enfans qui furent les Curètes & que chacun des Curètes eut deux fils, qui furent aussi appelés Dactyles Idéens. Strabon ne rapporte les noms que de quatre, qui sont Salaminus, Dammance, Hercule, & Acmon. Je ne sais encore où l’on prend les autres. M. Beger fait les Dactyles inventeurs de l’art de lancer des flèches.

Dactyle. s. m. Terme de Prosodie Grecque & Latine. Pied ou mesure de vers, composée d’une syllabe longue suivie de deux brèves. Dactylus. Les vers hexamètres doivent finir par un Dactyle & un spondée. Le Dactyle étoit, dit-on, une invention de Denys, qui rendoit des oracles à Delphes avant Apollon, en vers de cette mesure.

Dactyle, étoit encore chez les Grecs une sorte de danse, que dansoient sur-tout les Athlètes, dit Hésychius.

Dactyle, est aussi le fruit du palmier. On l’appelle plus communément datte. Dactylus. Voyez Datte.

DACTYLE. s. f. Coquillage. Voyez Manche de couteau.

DACTYLIOMANCE ou DACTYLIOMANTIE. s. f. Sorte de Divination qui se fait par les anneaux fondus durant le temps de certaines constellations, ou auxquels quelques pactes, ou quelques charmes sont attachés. Dactyliamantia. La Dactyliomantie consistoit essentiellement à tenir un anneau suspendu par un fil délié au-dessus d’une table ronde, sur laquelle il y avoit différentes marques & les 24. lettres de l’alphabet peintes sur le bord de la table. On faisoit sauter l’anneau, qui venoit enfin s’arrêter sur quelqu’une des lettres, & ces lettres assemblées composoient la réponse que l’on demandoit. Cela étoit précédé & accompagné de plusieurs cérémonies superstitieuses. L’anneau étoit consacré auparavant avec bien des mystères & beaucoup d’art ; celui qui le tenoit, n’étoit vêtu que d’habits de linge ; sa chaussure étoit de toile ; il avoit la tête rasée tout-autour, il portoit en main des verveines. Il appaisoit le Dieu par des formules de prières faites exprès. Ammien Marcellin décrit ces superstitions dans son XXIXe. Livre, en parlant du successeur de Valens, & il en parle encore dans son XXXIe. Livre.

☞ On rapporte à la Dactyliomantie tout ce que l’on dit du fameux anneau de Gygès, par le moyen duquel il se rendoit invisible, en tournant le chaton.

☞ DACTYLIOMANCIEN, ou DACTYLIOMANTIEN. adj. Celui qui se vante de deviner par le moyen des anneaux.

Ce mot Grec, est composé de δακτύλιος, anneau, qui vient de δάκτυλος, doigt, & de μαντεία, divination, dérivé de μάντις, devin.

DACTYLIQUE. adj. Qui appartient au dactyle, qui a rapport au dactyle, qui est composé de dactyles. Dactylicus. Il y avoit autrefois des flûtes dactyliques, comme il y en avoit de spondaïques. Les flûtes dactyliques avoient des intervalles inégaux, comme le pied nommé dactyle a des temps inégaux ; & c’étoit là ce qui leur avoit fait donner le nom de Tibiæ dactylicæ, flûtes dactyliques. Voyez Scaliger, Poëtic. L. I. c. 20. On pourroit appeler dactyliques les vers hexamêtres qui finissent par un dactyle au lieu d’un spondée, comme on appelle spondaïques ceux qui ont un spondée au cinquième pied, au lieu d’un dactyle qu’ils devroient avoir, Enéïde VI. 33.

Bis patriæ cecidere manus : quin protinus omnia
Perlegerent oculis.


Est un vers dactylique.

DACTYLOMANCE. Voyez DACTYLIOMANCE.

DACTYLONOMIE. s. f. Science de compter par les doigts. Dactylonomia. On donne 1, au pouce de la main gauche ; 2, à l’index, & ainsi de suite jusqu’au pouce de la main droite qui est le dixième, & qui a par conséquent le zéro 0. Manière de compter fort incommode. Ce mot est formé de deux mots Grecs δάκτυλος, doigt, & νομός, loi.

DAD.

DADA. s. m. Terme enfantin, qui signifie un cheval, & le plus souvent un cheval de carte. Equus. On a mis cet enfant à dada, pour dire, à cheval. Voiture l’a employé quand il a dit :

..... son dada
Demeura court à Lérida,

☞ Ducerceau a aussi employé ce mot dans le style badin.

Voilà déjà mon volontaire,
Suivi de son papa mignon,
A dada sur un grand bâton.

DADAIS. s. m. On appelle ainsi un niais, un nigaud, un homme décontenancé. C’est un dadais, ce n’est qu’un grand dadais. Il est du style familier. Laissons-là le pauvre Jupiter, c’est bien le plus sot dadais de tous les Dieux qu’on introduit dans la Comédie de Momus Fabuliste. Merc. de Janv. 1720.

DADES. s. pl. ou Dædis. Δαῖδις . Fête célébrée tous les ans durant trois jours avec des torches allumées appelées en Grec δᾳδίς, d’où elle a pris son nom. (Lucian. in Pseudomante.) Le premier jour étoit consacré à faire mémoire des douleurs de Latone dans son enfantement, & de la naissance d’Apollon & de Diane. Le second on célébroit la naissance de Glycon & des Dieux ; le troisième étoit destiné à honorer le mariage d’Odalire, fils d’Esculape, & d’Olympias, mere d’Alexandre. Potterus, Archælog. Græc. L. 2. c. 20.